1
Anatomie de la fiche Anatomie interactive
Ajouter au bac de lecture
Nous vous invitons à cliquer sur les puces numérotées pour avoir plus d’informations sur les différentes sections de la fiche pédagogique et en apprendre davantage sur la manière de l’utiliser.

2Le Récif du Prince

Vassilie, surnommée « Vapeur », est une adolescente de dix-sept ans. Elle a obtenu un emploi d’été dans une tour de contrôle sur le fleuve Saint-Laurent, au Récif du Prince. Mais avant de pouvoir partir, elle doit obtenir l’autorisation de son père, Tonton Francœur. Le jour même, celui-ci est hospitalisé d’urgence à la suite d’un accident d’automobile. Vassilie se retrouve alors seule et entame une remise en question des valeurs entretenues par sa famille.

(Tiré de la quatrième de couverture du livre.)

3 À propos du livre

Contenu

  • Roman psychologique où réalisme et symbolisme se côtoient sur fond de solitude.

    « – Écoute, je ne veux pas avoir l’air d’insister, mais je voudrais bien que tu m’expliques pourquoi tu tiens tellement à te faire embaucher sur ton Récif du Prince.
    – Je ne vois pas pourquoi tu te mets dans un état pareil. J’ai trouvé un emploi d’été. Je pars pour six semaines. C’est pas la fin du monde. » (p. 12)

    « Je suis entre les draps froids et blancs de mon lit. Je tourne le dos à l’Amérique et à la Broadcasting Life qui brouille toujours tout. […] En fait, je t’écris pour dire que si on pouvait passer trois heures ensemble sans parler de la Broadcasting, ce serait comme être à Paris. Je sais que je peux tout te dire, Francœur. […]
    Alors, il n’y a pas que moi qui suffoque ici, il n’y a pas que moi qui cherche le Récif du Prince. Elle a bien raison Tania. Mais elle ferait mieux de venir chercher de ce côté-ci. » (p. 54-55) 

    « Je tourne en rond dans la tour de l’horloge. Je devrais aller m’occuper de Francœur, lui raconter une histoire peut-être, lui montrer où j’en suis. Mais je reste encore un moment, pour être bien sûre qu’on s’ennuie quand on est seule trop longtemps. » (p. 99)

    « C’est contre la solitude que j’en ai, rien de moins. À force de m’intéresser aux petits bobos de ce monde, je me suis éloignée de toi, de Yéléna et de Vapeur… » (p. 104)
     

  • Narratrice participante jouant le rôle principal de l’adolescente typique à la recherche de soi : mordante mais aimante, rancunière mais contrite, irritable mais romantique.

    « – Écoute, Vassilie, tu as dix-sept ans. Il y a un type sur ton phare qui est là depuis vingt ans au moins. […]
    – J’ai fait le concours. Il y avait trente candidats. J’étais la meilleure. Et puis qu’est-ce que tu veux que ça me fasse, qu’il ne dise pas un mot, ce type? Ça me changera de toujours entendre parler de la Broadcasting Life. » (p. 13)

    « Je pose ma tête contre celle de mon père. […] Je déteste être en brouille avec lui. Alors je lui fais des câlins. » (p. 15)

    « …et j’en veux à Tatiana qui court les nouvelles, quelque part dans les rues de Paris. J’en veux à Yéléna qui est en route pour le Massachusetts avec son Coffre-fort. J’en veux au monde entier et les yeux de Francœur s’accrochent aux miens comme si mon regard seul pouvait le sauver. J’ai une boule dans le ventre, un nœud d’ulcère. » (p. 39)

    « Yéléna sourit, je broie du noir. Quand il s’agit de parler théâtre, il n’y a pas assez d’espace dans l’air du temps pour tous les mots qu’ils ont à se dire. Mais si je m’intéresse à la vraie vie, il hausse le ton. » (p. 117-118)

    « Mais au fond, je suis du côté de Driss, moi. Je suis une romantique. D’ailleurs, c’est lui que j’irai voir pour me faire l’amour. Si je l’aime, s’il m’aime, la douleur sera ailleurs, chez ceux qui la cherchent à tout prix. » (p. 121)
     

  • Personnages secondaires nombreux dont les plus importants aux yeux de Vassilie sont Arthur Francœur (son père, avec qui se forme le nœud de l’intrigue), Tania Braun (sa mère), Yéléna (sa sœur), Jeanne-Mance (l’infirmière) et Rousseau (le collègue de travail de Francœur).

    « – Vous exagérez, toi et ta sœur. Tu m’en diras ce que tu veux, de ton Récif du Prince, je suis quand même contre. […] Et puis tu diras à Yéléna que si elle ne met pas un terme à ses pariades, je vais m’en occuper moi-même… » (p. 19)

    « Très éclectique, Yéléna. Elle est un peu comme Tania Braun. Impossible de savoir d’où elle vient et où elle va. Seul détail connu : sa passion pour le théâtre. » (p. 23)

    « – …Vous comprenez, votre mère est à Paris depuis hier. Elle nous a envoyé un reportage, enfin, comment dire? Ce n’est pas du Tania Braun. Je veux dire… elle couvrait une conférence de presse à la S.O.I.F. Le reportage qu’elle nous a envoyé est un véritable torchon. » (p. 41) 

    « Jeanne-Mance fait partie de la conspiration. […]
    – Votre père va beaucoup mieux. Les médecins lui ont donné son congé. […]
    – On l’aurait laissé sortir aujourd’hui, nous. Mais les gens de la Broadcasting Life ont insisté. Ils préfèrent que ce soit demain… parce que votre mère sera là.
    Qui ça, les gens de la Broadcasting? Vous parlez de Rousseau, le Sénateur de la météo? » (p. 114)
     

  • Nombreux retours en arrière marqués parfois de la nostalgie, parfois du ressentiment qu’éprouve la narratrice.

    « Quand j’avais trois ans, j’étais toute frêle et toujours malade. Francœur passait ses journées à me raconter des histoires. Presque toujours la même, d’ailleurs : un voyage qu’il avait fait en Yougoslavie lorsqu’il était plus jeune. » (p. 18)

    « Tu es retourné dans l’autobus chercher ton sac à dos. Elle t’attendait toujours. Vous avez traversé Rudine à l’heure de la sieste, sans rencontrer personne. Elle t’a dit qu’elle s’appelait Vassilie. Le nom s’est gravé dans ta tête. Tu me l’as même donné, ce nom. M’entends-tu, Francœur? » (p. 36)

    « Avec Yéléna, on venait ici pour se cacher du reste du monde. Personne ne nous cherchait, d’ailleurs. » (p. 98) 
     

  • Discours direct abondant, répliques plutôt courtes et détails de mise en scène donnant des airs de pièce de théâtre au roman.

    « – On dit tant de choses, vous savez, mais ça suffit maintenant. Est-ce que Rock Million va venir? Gladys s’arrête devant les trois lits et me regarde d’un air triste. […]
    – Une autre qui veut faire du théâtre, c’est ça? Et tu t’appelles comment, toi?
    Yéléna bondit devant la vieille femme et répond à ma place.
    – Elle s’appelle Vapeur. Ce n’est pas une comédienne. Elle a peur, c’est tout… » (p. 88-89)

Langue

  • Registres de langue courant dans les séquences narratives, et familier dans les séquences dialoguées où s’affrontent le père et la fille.

    « Pauvre Francœur, il se fait du souci à mon sujet. Surtout quand je le surprends à boire ainsi, le matin. Il dit que c’est quand tout le monde le sait qu’on devient alcoolique. Alors, je lui fais un peu de charme et on parle des escargots.
    – Avec la carapace qu’ils ont, ils ne pourraient pas baiser autrement que par la tête, tu comprends? » (p. 11)

    « – T’es complètement à côté de tes pompes, ma cocotte. Tu veux vraiment aller te percher dans un phare pendant six semaines… entre les bélugas et les paquebots? Ça va pas la tête? » (p. 23)
     

  • Phrases courtes, souvent elliptiques; descriptions à la fois sobres et imagées, évoquant la simplicité que recherche la narratrice dans sa vie.

    « Il y a une lettre. Courrier prioritaire, livraison spéciale. C’est Tania Braun, ça. Il n’y a rien d’ordinaire avec elle. Je glisse l’enveloppe dans ma poche et je jette un coup d’œil autour. Elle est toujours aussi absente, Tania. Toujours aussi professionnelle. Mais ça ne m’angoisse pas du tout, on s’y fait avec le temps. » (p. 46)

    « On frappe à la porte de derrière. C’est Rousseau qui arrive, toute poignée de main devant. Vraiment le contraire du temps, celui-là. Il ne varie jamais avec son sourire un peu faux, son nez baromètre et ses yeux qui ne regardent jamais nulle part. » (p. 47)

    « Quelqu’un s’est arrêté, là-bas. Deux ombres se faufilent dans la ruelle. Une sortie de scène magnifique. Puis ça continue. Une autre comédienne a déjà pris la place laissée vacante sous le réverbère. Quelqu’un bouge un peu plus loin. Une voiture démarre. Les yeux des loups hésitent, la valse n’arrête jamais. » (p. 77)
     

  • Figures de style se limitant surtout à l’hyperbole, à la comparaison et à la métaphore, toutes trois typiques de la sensibilité émotive et sensorielle des adolescents, et de leur tendance à l’exagération. 

    « Le téléphone se met à hurler dans la pièce voisine. Un grand coup urgent comme seule la Broadcasting Life sait le faire. Francœur a un geste d’impatience. Je traverse le boudoir en trois pas, me précipite sur le récepteur avant le deuxième coup… » (p. 15)

    « – …Vous cultiviez le désir en scrutant la montagne. Vous regardiez venir le temps de loin, parce que, là-haut, il faut se pencher pour ne pas se cogner la tête contre le ciel. Quand les gros cumulus s’écrasaient sur la falaise, le Monténégro tout entier disparaissait. » (p. 37-38)

    « L’alcool a laissé des traces sur sa peau. On dirait du papier imbibé qui va se déchirer si on y touche. La vieille comédienne me déshabille, me vole mon corps tellement il y a d’envie dans son regard. »  (p. 88)

Référent(s) culturel(s)

  • Allusion à Eugène Ionesco (auteur d’origine roumaine ayant écrit ses pièces surtout en français) et à ses pièces de théâtre (Le nouveau locataire, symbole du théâtre de l’absurde dont certaines tirades sont récitées dans le roman), ainsi qu’à des toponymes de la région montréalaise (p. ex., le fleuve Saint-Laurent, la rue de la Gauchetière, le vieux port, le centre hospitalier Sacré-Cœur).

Pistes d'exploitation

  • Inviter les élèves à esquisser un portrait physique et moral de Vassilie.
  • Inciter les élèves à faire une recherche sur Eugène Ionesco et son œuvre; leur demander ensuite pourquoi certains personnages du livre de Jacques Savoie cadreraient bien dans le théâtre de Ionesco.
  • Inviter les élèves à noter les changements qu’il faudrait apporter pour adapter ce roman au théâtre.

Conseils d'utilisation

  • Avant la lecture, aborder les sujets délicats de la prostitution et de la drogue dans les grandes villes.
  • Sur une carte de la ville de Montréal, situer les endroits dont on parle dans le roman (p. ex., le fleuve Saint-Laurent, le vieux port, le centre hospitalier Sacré-Cœur, la rue de l’Université, la rue Madeleine, la rue de la Gauchetière).
  • Pendant la lecture, faire remarquer l’utilisation inhabituelle du présent de l’indicatif dans la plupart des séquences narratives; démontrer l’utilité d’un tel procédé dans Le Récif du Prince.

Ressource(s) additionnelle(s)

  • IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 11e et 12e année, Série : L’Art d’être parent, La monoparentalité.