Contenu
- Conte mettant en scène deux personnages principaux, Jean-Sébastien, garçon curieux et imaginatif, qui est persuadé que c’est la Gougou qui a détruit les trappes à homards de son grand-père, et Théophile, le grand-père, qui prend plaisir à nourrir l’imaginaire de son petit-fils en lui racontant la légende de l’étrange créature; trois personnages secondaires, dont Zabeth, mère de Sébastien et fille de Théophile, qui s’inquiète des histoires que son père raconte à son fils au sujet de la Gougou, Euzèbe, vieil ami de Théophile, qui contribue à alimenter la légende de la Gougou dans l’esprit de Jean-Sébastien en ajoutant des détails à son sujet, et la Gougou, monstre marin légendaire du peuple mi’kmaq, qui pourchassait, disait-on, les petits Amérindiens pour les dévorer.
« Jean-Sébastien était très curieux. Comme tous les petits garçons de dix ans, d’ailleurs. Il se tourna vers la mer puis fronça les sourcils. Au loin, le ciel prenait lentement des allures de tempête.
– Crois-tu que la Gougou va venir cette nuit? demanda-t-il à son grand-père.
Théophile s’arrêta et examina à son tour l’horizon. Un léger vent du sud-est soufflait l’air salin vers la côte. Les vagues commençaient déjà à écumer. Avant qu’il n’ait le temps de répondre à Jean-Sébastien, ce dernier lui posa une autre question :
– La Gougou, est-ce durant les tempêtes qu’elle s’approche de la côte, pépère?
Théophile se tut et réfléchit quelques instants. Après tout, un vieux loup de mer ne pouvait pas répondre n’importe quoi.
– Selon la légende, c’est durant ce temps que la Gougou vient nous visiter, avança Théophile. Qui sait? Elle viendra peut-être cette nuit pendant que tu dormiras profondément. » (p. 8-9)
« Zabeth réfléchit à cette demande inusitée de son fils. Toute cette histoire de Gougou la rendait perplexe. Elle se tourna vers son père.
– Tu crois que c’est une bonne idée d’aller voir Euzèbe avec Jean-Sébastien pour parler de ce monstre marin?
– Quel mal pourrait-il y avoir? rétorqua Théophile en reprenant sa pipe.
– J’imagine deux vieillards qui vont prendre un plaisir fou à raconter des légendes mi’kmaq à un petit garçon qui ne connaît pas mieux. Vous devriez avoir honte, papa. » (p. 26)
« – Viens avec moi, je veux te montrer quelque chose d’autre, mon garçon, fit Euzèbe en franchissant la petite porte au faîte de l’escalier conduisant à la plateforme extérieure du phare. Nous sommes maintenant au plus haut point de l’île Miscou. D’ici, nous pourrions voir l’ogresse si elle venait aux alentours. Tu vois là-bas, tous ces minuscules bassins d’eau qui couvrent l’île? Eh bien, ce sont les pistes que la Gougou laissait derrière elle, lorsqu’elle venait sur l’île Miscou. Certains prétendent qu’elle venait seulement durant la nuit. Elle ne voulait surtout pas être vue par les Blancs!
– Tu l’as vue toi, monsieur Euzèbe, la Gougou sur l’île Miscou? lui demande Jean-Sébastien en observant l’horizon.
– Non, jamais. Premièrement, je ne suis pas Mi’kmaq. Il faut en être un pour la voir. Cependant, je crois l’avoir déjà entendue, mais je n’en suis pas certain. » (p. 38-40)
- Thème de la légende amérindienne adapté au lectorat visé; sujets susceptibles d’intéresser autant les filles que les garçons (p. ex., monstre marin, tempête maritime, relation petit-fils-grand-père, amitié, complicité).
- Texte aéré et agrémenté de plusieurs illustrations en couleurs, représentant de manière précise les lieux, les objets et les personnages dont il est question, facilitant ainsi la compréhension; trois chapitres bien identifiés; carte de l’île Miscou et liste des écrits de l’auteur à la fin du livre.
Langue
- Registre de langue courant dans l’ensemble de l’œuvre; expressions familières (p. ex., dur de comprenure, trappes, pépère) et mots moins connus (p. ex., pêche de subsistance, air salin, écumer, faîte, grève) se rapportant à l’environnement maritime, compréhensibles à l’aide du contexte.
- Œuvre contenant plusieurs types et formes de phrases à structures plutôt simples qui contribuent à la lisibilité du texte; emploi de manipulations linguistiques de base qui permettent de revoir leur utilisation.
« – Mais où peux-tu bien te cacher, la Gougou? murmura-t-il en examinant la mer et l’extrémité de l’île au loin.
Jean-Sébastien se dirigea vers le cabestan de son grand-père à proximité de la maison. […]
– C’est sûrement la Gougou! s’écria-t-il à bout de souffle. » (p. 15-16)
« Jean-Sébastien allait entrer dans le phare lorsqu’il entendit un grondement sourd provenant du large. Il se retourna rapidement, fixa les nuages et salua le ciel, comme s’il voyait quelque chose que seuls les yeux d’un enfant imaginatif pouvaient voir. » (p. 41)
- Séquences descriptives qui permettent de se situer dans le lieu de l’action et de s’immiscer dans l’esprit et l’imaginaire des personnages.
« Théophile était plongé dans ses souvenirs d’enfance. Il se rappelait du temps où son propre grand-père lui avait raconté la légende de la Gougou. Comme tous les petits garçons de l’île Miscou, l’idée qu’il ait pu exister un monstre marin dans les eaux de la région le fascinait. Mais selon son grand-père, seuls les Mi’kmaq d’antan auraient vu la Gougou. Par contre, chaque fois qu’il sortait en mer et que le temps se gâtait, Théophile ne pouvait s’empêcher de penser à ce monstre légendaire. Il s’était même surpris plus d’une fois à scruter l’horizon dans l’espoir de l’apercevoir au loin. » (p. 12-13)
« Jean-Sébastien courut aussitôt vers la maison afin d’en informer son grand-père.
Il rageait à l’idée que le monstre ait pu venir si près de chez lui sans qu’il s’en rende compte. Cela expliquait le rêve qu’il avait fait durant la dernière nuit. La Gougou était sûrement venue lui rendre visite pour l’emprisonner dans son rêve. » (p. 16)
- Séquences dialoguées qui témoignent des relations entre les personnages.
« – Mais que fait-il ce fameux monstre, Jean-Sébastien? demanda Zabeth en remarquant la petite moustache de lait sur le visage coquin de son fils.
– Ce n’est pas UN monstre, maman! C’est UNE monstre! s’exclama le garçon en relevant la tête.
– UNE monstre? Mais pourquoi UNE monstre?
– Parce que c’est une femme! C’est un monstre féminin, maman! Pépère me l’a dit, et un pépère, ça ne ment jamais!
Théophile tourna discrètement la tête afin d’éviter le regard foudroyant de sa fille.
– Regarde donc ça! Une femme monstre! C’est bien la première fois qu’une femme est la vedette d’un conte de ton vieux grand-père! s’exclama Zabeth. » (p. 24-25)
- Emploi de figures de style qui permettent d’apprécier le style de l’auteur (p. ex., métaphores, énumérations, comparaisons).
« L’île Miscou ressemblait à un jardin multicolore avec ses feuillus rouge et or, et ses mélèzes orangés. » (p. 7)
« Arrivé sur les lieux, au faîte de la dune, il aperçut des casiers à homards éparpillés ici et là, brisés et entassés pêle-mêle sur la grève. En s’approchant, il remarqua qu’ils étaient tous vides. Même que certains étaient complètement sectionnés en morceaux, entremêlés de câbles et de filets, d’algues et de petits crabes verts. » (p. 16)
« Jean-Sébastien entra le premier comme un coup de vent qui pousse la porte d’une seule bourrasque. » (p. 23)
Référent(s) culturel(s)
- Mention de plusieurs référents géographiques et culturels francophones du Québec et du Nouveau-Brunswick, favorisant la construction identitaire.
« Il regardait par la fenêtre les eaux agitées du golfe du Saint-Laurent. » (p. 12)
« On raconte même que Champlain l’aurait mentionnée dans son journal de bord. Ce sont des pêcheurs français et un certain sieur Prévert qui lui auraient raconté cette histoire d’ogresse. C’était aux environs de 1623, une quinzaine d’années après la fondation de la ville de Québec. » (p. 28)
Pistes d'exploitation
- Avant de montrer les illustrations aux élèves, lire à voix haute les descriptions de la Gougou (p. 19, 20, 23 et 40), puis leur demander de l’illustrer à partir des indices fournis. Les inviter à présenter leur création au groupe-classe.
- Animer une discussion à partir de l’énoncé suivant : « Les enfants ne sont pas si crédules que tu le crois. Ils savent très bien analyser ce qu’ils entendent, et surtout ce qu’ils voient. » (p. 27)
- Proposer aux élèves, regroupés en équipes, d’effectuer une recherche sur les marées et les signes annonciateurs de tempêtes sur les côtes maritimes, puis de préparer un dépliant informatif. Leur demander d’ajouter une ou des photos. Afficher les travaux dans le corridor ou dans le local de sciences.
- Proposer aux élèves, réunis en dyades, d’effectuer une recherche sur les phares encore en service au Canada en prenant soin d’expliquer leur utilité. Leur demander de produire une carte géographique identifiant leur localisation, puis de présenter leurs trouvailles au groupe-classe.
Conseils d'utilisation
- Situer les lieux mentionnés dans le conte sur la carte géographique à la fin de l’œuvre. Inviter les élèves qui ont visité cette région à partager leur expérience.
- Présenter ou revoir les caractéristiques du dépliant informatif.
- Inciter les élèves à lire une autre œuvre du même auteur, soit Le crâne mystérieux, dont la fiche pédagogique se trouve dans FousDeLire.
Ressource(s) additionnelle(s)
- IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 5e à 12e année, Série : Canada à la carte, D’un océan à l’autre.
- IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 3e à 12e année, Série : Vraiment Top!, Top 5 sur le Nouveau-Brunswick.
- IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 3e à 6e année, Série : Vraiment Top!, Top sur les créatures mythiques de l’océan.