- Registre de langue courant dans l’ensemble de l’œuvre; quelques mots appartenant à la langue marocaine et plusieurs mots spécialisés se rapportant au thème de l’équitation (p, ex. palefrenier, paddock, box, stalle, maquignon); phrases transformées, parfois longues, rendant la compréhension du texte plus complexe.
« Ils étaient encerclés par un ennemi impalpable, qui mordait et frappait de manière plus douloureuse encore que les humains, un ennemi qui ne reculait jamais, ne pouvait être atteint et brûlait plus violemment que les bâtons et les chaînes. Il flaira : ça sentait le sang, ça sentait la mort, ça sentait également la peur et l’urgence. » (p. 43)
- Emploi de divers types et formes de phrases qui avivent l’intrigue tout au long du roman.
« – Par Allah! Ouvre un peu les yeux, Ali! Zaïna n’est plus que l’ombre d’elle-même! cria Taïeb. Où est passée la lumière qui brillait en elle autrefois? Qu’est devenue l’étincelle qui la faisait frémir? Toute trace de vie l’a quittée. Elle est désespérée. Non! Elle est au-delà du désespoir, parce que plus rien ne la rattache à la vie! » (p. 55)
« Elle se tut quelques instants, les yeux perdus dans le lointain, et reprit :
– C’est étrange, tu sais. Sans ce drame, j’aurais peut-être attendu encore six mois ou un an avant de me lancer. Cela a été atroce, mais c’est, je crois, ce qui m’a poussée à me décider.
– Mais tu as peur de passer le cercle de feu.
– J’ai encore plus peur de la vie qui m’attend si je dois retourner là-bas! dit Zaïna en souriant. Et puis, tu connais le proverbe : "Traverse l’oued tumultueux, mais évite tant que tu peux celui qui est silencieux." » (p. 94-95)
- Multiples figures de style reflétant l’état d’âme des personnages (p. ex., métaphores, comparaisons).
« Une lueur de colère et de folie dans les yeux, le gigantesque animal s’était dressé de toute sa hauteur et combattait les langues serpentines rouge orangé, comme s’il s’agissait d’un ennemi. » (p. 40)
« Zaïna, accrochée du mieux qu’elle pouvait à la crinière et à l’encolure, avait fermé les yeux, morte de peur. » (p. 87)
« Zaïna hocha la tête et, comme une somnambule, se dirigea vers Ijaouane. Elle sauta sur son dos et attendit que les premières notes des violons tsiganes déchirent le silence pour s’élancer sur la piste. » (p. 146)
- Séquences descriptives accompagnées de séquences dialoguées qui assurent le suspense tout au long du roman et permettent de bien comprendre le lien entre les personnages.
« Il sentait que la jeune fille était gênée, confuse, il voulait la mettre à l’aise, mais ne savait comment faire.
– Il y a eu l’incendie et j’ai été contrainte de partir plus tôt que prévu. Je connais la plupart de vos numéros et suis capable d’en exécuter certains; seulement, il y a le feu. Ijaouane a peur. Et moi aussi.
– Je vois, fit Brahim Atlas. Votre venue parmi nous, Zaïna, est pour ainsi dire une bénédiction. Il y a trois jours exactement, Ramona, qui était l’une de nos meilleures recrues, nous a laissés tomber. […] Que diriez-vous de la remplacer?
– J’accepte avec plaisir, monsieur! s’écria la jeune fille
– Alors, considérez que vous êtes engagée, à l’essai, jusqu’à la nuit de notre représentation. Après, je déciderai de l’utilité de vous avoir auprès de nous. » (p. 123-124)
« Au cours des quelques jours qui suivirent, Zaïna se détendit peu à peu. Elle avait toujours une légère appréhension en abordant le cercle de feu, mais elle avait confiance en l’énorme cheval de Nasser. Ijaouane, quant à lui, semblait considérer l’anneau comme un ennemi personnel. Il le défiait sans arrêt, fonçait dessus à toute allure et avait l’air de calculer ses sauts de manière à frôler les langues de feu, sans qu’elles aient le temps de l’atteindre. L’instinct sauvage de l’étalon s’était réveillé : il avait trouvé un adversaire à sa hauteur. » (p. 137)