Contenu
- Personnage principal, une femme sans nom qui travaille au centre-ville, passagère quotidienne dans l’autobus Deux, qui prend un malin plaisir à observer les autres passagers et à planifier de petites vengeances contre ceux qui lui déplaisent.
« J’endure mal la présence de mes congénères. J’en suis un témoin frustré et acariâtre. Je les observe à la dérobée et je porte de sévères jugements en silence dans ma tête. Si un transporté m’importune, j’ai tendance à me venger. Pas beaucoup, juste un peu pour me dédommager d’être privée de ma quiétude. » (p.12)
« J’aime taquiner la tolérance. » (p.15-16)
« Donc, je sors ce petit miroir féminin de mon sac pour voir si je souris. Non, je ne souris pas. Tout va bien. La félicité n’a pas encore pris le contrôle. » (p. 67)
- Personnages secondaires généralement désignés de façon impersonnelle ou à l’aide de sobriquets, dont la magasineuse, l’étranger, Augustine, Fleurange, ainsi que Superman, ce qui renforce leurs qualités ou leurs traits de caractère.
« Une dame s’installe auprès de moi. Dans la soixantaine. L’air inutile. Une magasineuse. Elle a plein de sacs tout neufs déposés sur ses genoux. […]
J’aimerais qu’elle se taise. Je ne veux pas devenir son amie. » (p. 19-20)
« L’étranger est beau garçon et, à première vue, semble avenant et cultivé. Il fait partie de la minorité invisible. Il n’est pas de couleur, mais je sais qu’il vient de loin. Russie, Roumanie, peut-être. » (p. 23)
« Les deux Haïtiennes en robes fleuries qui viennent de monter, chargées de sacs de provisions, me confirment ce mirage. Je les baptise. Augustine et Fleurange. Augustine jongle, malhabile, avec deux sacs et un grand verre de coca McDo […] Fleurange est plus agile et réussit à s’insérer entre un géant et une maigrichonne sur la banquette latérale. » (p. 31)
« Heureusement, il y a un homme, un vrai, avec du courage, du sang froid, parfumé à la bravoure, qui arrive et rattrape la dame juste comme elle va s’effondrer. C’est Superman. Il a un complet, une cravate, des lunettes. » (p. 68)
- Recueil de courts textes mettant en scène un personnage principal, soit la narratrice, qui raconte les scènes de vie dont elle témoigne; respect des caractéristiques généralement attribuées au court récit (p. ex., texte en prose, schéma narratif, point de vue de la narration, personnages peu décrits); thèmes (p. ex., vengeance, justice, doute, racisme) susceptibles de susciter la réflexion du lectorat au sujet des préjugés.
- Illustrations abondantes, chaque récit débutant par la représentation du personnage secondaire qui suscite l’ire de la narratrice; illustrations de versions rognées de l’image des personnages dans les récits.
- Mise en page dynamique; récits débutant généralement par l’habillage du texte, qui prend la forme d’un objet ou d’un personnage (p. ex., vieil homme marchand avec sa canne (p. 35), forme d’un livre (p.79));. titres placés à des endroits variés sur la page; utilisation du nombre 2, placé à l’horizontale, sous le dernier paragraphe de chaque récit.
- Mise en page dynamique; œuvre répartie en 23 courts récits titrés; éléments graphiques (p. ex., lettrines pour marquer le début de chaque récit, guillemets, points d’exclamation, points d’interrogation) facilitant l’interprétation de l’œuvre; dédicace et table des matières au début de l’œuvre; biographies de l’auteure et de l’illustrateur, et liste d’œuvres à la fin du livre.
Langue
- Registre de langue courant dans l’ensemble de l’œuvre; mots moins connus (p. ex., insipides, béatitude, riposte, minauderie) et mots du registre familier (p. ex. gobeurs, désappointées, pisse), compréhensibles à l’aide du contexte.
- Prédominance de phrases de base; utilisation de nombreuses phrases déclaratives, souvent courtes, créant un rythme parfois saccadé; quelques très longues phrases complexes permettant de créer un effet d’intensité dans les propos, émulant les paroles d’une personne verbomotrice.
« Je ne veux pas lui donner mon avis. Ce serait trop cruel. Je pouffe de rire. C’est nerveux. On dirait une débarbouillette déjà salie. Elle a dû payer cher. » (p. 21)
« Mon calvaire achève. Quatre arrêts encore et je descendrai. C’est interminable. J’ai chaud. » (p. 44)
« Exceptionnellement, ce soir, je prendrai l’autobus avec une collègue de travail qui va manger chez sa mère, qui habite dans mon quartier et qui se retrouve seule pour souper parce que son mari est parti à la chasse jusqu’à vendredi avec son nouveau camion « 4 x 4 » couleur feuilles mortes qu’il a bien fait d’acheter parce que les routes de gravier qui mènent au camp de chasse sont vraiment mauvaises et mal entretenues et que sa mère s’inquiétait de voir son gros toutou partir avec une toute petite voiture rouillée au bas des portes, mais lui, son père, le mari de sa mère, est si attentionné pour sa femme qu’il lui laissait la bonne voiture pour qu’elle puisse aller faire les courses au centre commercial avant qu’il ne revienne de son expédition avec un chevreuil à huit pointes sur le toit qu’il aura tiré entre les deux yeux avec son nouveau fusil qu’il a racheté d’un gars qui est pris du cœur et ne peut plus chasser. » (p. 51)
- Figures de style (p. ex., énumération, personnification, comparaison, métaphore, allusion) qui enrichissent le texte.
« Donc, dans cet ordre, une première banlieue, le quartier populaire, le secteur des hôtels miteux et des maisons douteuses, le quartier des fonctionnaires, le centre-ville et ses boutiques, un autre quartier populaire bien mal famé celui-là à tort ou à raison… » (p. 11)
« Dans l’allée, trop près de moi, il y a ce grand gorille, suspendu à une des barres parallèles qui la reluque, la fille aux cheveux bleus. » (p. 40)
« Il freine et ça fait un horrible pshh, comme un taureau en colère qui va charger. Derrière ce pare-brise qui lui sert d’aquarium, il a l’air méchant d’un requin à la barre d’un torpilleur. » (p. 52)
- Séquences narratives et descriptives, ainsi que paroles rapportées, qui permettent de comprendre les observations, les interactions et les préjugés de la narratrice.
« L’intellectuel qui vient de s’asseoir sur ma banquette est un habile contorsionniste. Il maîtrise l’art d’ouvrir ce grand journal limitant bien son rayon d’action à l’espace prévu sur le siège. Il est du baby-boom, bien élevé, et jamais il n’oserait empiéter sur la zone réservée à son voisin. » (p. 16)
« Cette jeune trisomique s’insère entre la vieille et l’aveugle. Je me reprends. Entre l’aînée et le non-voyant. Tout ce remaniement de la sémantique est bien embêtant. » (p. 28)
« Madame, Madame, ne vous peignez pas ici, ce n’est pas la place. Il y a quelqu’un derrière vous. » (p. 43)
« Sa candeur émeut, m’émeut. Je m’y attache, comme cette chaînette dorée qu’elle porte autour d’un cou basané naturellement, sans l’aide de Madame Bronze. » (p. 71)
« Juste avant de s’assoupir pour de bon, il prend la peine de me susurrer à l’oreille : « Si je m’endors, vous voudrez bien me réveiller à l’arrêt, juste en face de la salle de bingo? » (p. 83)
Référent(s) culturel(s)
- Référence à d’Artagnan, héros des Trois mousquetaires d’Alexandre Dumas.
- Référence à Barbe bleue, personnage infâme d’un conte popularisé par Charles Perrault.
- Les récits se déroulent à Ottawa.
Pistes d'exploitation
- Proposer aux élèves, regroupés en équipes, de créer une saynète pour recréer l’un des textes du recueil, puis de la présenter devant le groupe-classe.
- Demander aux élèves, réunis en équipes, de faire des prédictions sur le contenu des textes du recueil à partir des tableaux qui les accompagnent. À la suite de la lecture de l’œuvre, leur demander de discuter de l’exactitude de leur interprétation des récits.
- Animer une discussion sur le transport en commun en posant la question suivante : Quels sont les avantages et les inconvénients d’utiliser le transport en commun? Demander aux élèves, réunis en dyades, de créer un tableau comparatif pour illustrer le coût réel des moyens de transport d’un individu (p. ex., bus, métro, voiture personnelle, train). Animer une mise en commun afin de leur permettre de présenter leur travail au groupe-classe.
Conseils d'utilisation
- Accorder une attention particulière aux sujets délicats dont on traite dans l’œuvre (p. ex., rectitude politique, trisomie, sexualité, pornographie, prostitution, racisme).
- Prendre connaissance du style et des enjeux sociaux abordés dans les textes avant de choisir ceux à présenter aux élèves.
- Discuter des dangers de la vision unique de la narratrice, de ses préjugés et de la liberté d’expression.
- Encourager les élèves à lire une autre œuvre de la même auteure, soit Debout sur la tête d’un chat, dont la fiche pédagogique se trouve dans FousDeLire.
Ressource(s) additionnelle(s)
- IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 9e à 12e année, Série : Villages et visages: Ottawa.
- IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 9e à 12e année, Série : Échec et moi: Pourquoi a-t-on de la difficulté à pardonner les erreurs?
- IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 9e à 12e année, Série : Vous l’savez astheure : Les préjugés et les stéréotypes.