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Anatomie de la fiche Anatomie interactive
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2Le chêne

Annelise assiste à la déchéance de la santé physique et mentale de sa mère. Vers la fin de son existence, Marianne Masson qui a connu de la vie surtout ses misères et ses cruautés, est abusée par son fils. Valérien lui extorque de l’argent, la terrorise, la violente.

Après avoir été hospitalisée, Marianne vit dans une résidence pour aînés, et connaît les centres de soins de longue durée.

Deux temps, l’un présent, l’autre passé. Deux voix, l’une raconte et vit, l’autre explique et se souvient.

Et toujours, ce spectre qui hante, qui surplombe, qui domine, qui épie… le chêne.

(Tiré de la quatrième de couverture du livre.)

3 À propos du livre

Contenu

  • Intrigue basée sur la lutte courageuse d’une fille contre l’affaiblissement graduel de sa mère atteinte de la maladie d’Alzheimer; histoire sombre, réaliste se passant de nos jours et racontant la vie d'une femme née à la campagne dans les années 30, et celle de sa fille notre contemporaine.

    « Soudain, la lucidité d’esprit de maman qui m’a remplie d’espoir bascule dans l’égarement. Elle demande si j’ai nourri les jumeaux, si la messe est déjà commencée, et si les chevaux ont bu. […] c’est plus fort que moi, je tente de raisonner maman. Je veux chasser l’autre, la clandestine. Je contredis maman parce que je ne veux pas l’entendre dire des sottises, parce que chacune de ses paroles insensées me poignarde. Je ne veux pas qu’elle soit folle. Je refuse de le croire, je refuse de l’admettre. » (p. 197)

    « Après la mort de maman, le lien déjà fragile qui unissait les enfants, s’est effrité pour n’être plus qu’un fil conducteur, nécessaire aux grandes circonstances. […] Maman l’avait prédit. 
    "Quand je serai morte, mes enfants ne se fréquenteront pas. La vie familiale a été trop dure. Les uns, les autres, se la rappelleront rien qu’à se voir…" Et elle avait raison. Décapitée, la famille s’effondra. » (p. 280)
     

  • Deux personnages principaux, Annelise, et sa mère, Marianne, entourés des membres de leur famille et de la communauté; le chêne jouant un rôle symbolique important, celui du père absent, ce qui ajoute à la complexité du roman.

    « Depuis nombre d’années déjà, l’arbre occulte l’horizon, camoufle presque tout un côté de la maison, obscurcit la pièce principale et, de sa cime, observe la chambre des maîtres, située à l’étage. » (p. 13)

    « Je retourne à la chambre de maman. L’air courroucé, elle regarde le téléviseur. Je m’assois sur le rebord du lit.
    – Ah! te voilà! Regarde qui est là! Le maudit!
    Encore une de ses colères immobiles, encore une de ses batailles livrées à un fantôme.
    – Ton grand-père, Annelise, il est toujours sur sa terre, entouré de ses arbres. Si ça continue, je vais mourir avant lui!
    – Maman… ton père est déjà mort, depuis plusieurs années, dis-je, lasse. » (p. 190) 
     

  • Narratrice participante, Annelise, qui fait connaître ses pensées et ses émotions du moment présent, et narratrice omnisciente qui relate le passé de Marianne par des retours en arrière (en italique dans le texte).

    « Je [Annelise] n’arrive pas encore à identifier ce qui a bien pu me mettre dans cet état. Que ma mère refuse mes cadeaux ne date pourtant pas d’hier.
    Annelise avait dix ans. Depuis plusieurs mois, elle rêvait d’offrir un petit luxe à sa mère. Elle la voyait trimer dur, sans répit, sans vacances, sans récompenses, sans sorties. L’enfant ressentait l’urgent besoin de faire plaisir à sa mère, de voir ses yeux briller devant un trésor. » (p. 63)

Langue

  • Registre courant et parfois soutenu dans les nombreuses séquences descriptives et explicatives qui font appel à tous les sens, ajoutant de l’émotion à l’intrigue.

    « Marianne avait vécu son enfance et son adolescence entourée d’un père bruyant, coléreux, d’une mère exaspérante par sa soumission, et d’une ribambelle d’enfants. Les minutes à elle étaient comptées, les bons moments parcimonieusement distribués par le destin qui semblait s’amuser à lui voler de sa vie. » (p. 27)

    « Dans la grande pièce vitrée, des tables autour desquelles des corps blancs, gris, rabougris, tremblants, parcheminés, malingres, s’alimentent ou tentent de le faire. Des têtes et des mains s’agitent involontairement, des mandibules claquent inconditionnellement, des cœurs battent précairement. Une odeur de purée et de cuisson en suspension dans l’air. Un téléviseur muet, juché à ras du plafond, dans un coin de la pièce, projette inutilement ses images. » (p. 165)
     

  • Éléments linguistiques, syntaxiques et stylistiques variés (p. ex., comparaison, répétition, énumération, personnification, antithèse) qui ajoutent à la richesse du texte permettant d’apprécier le style imagé de l’auteure.

    « Maman qui n’aime plus le chocolat, c’est aussi étonnant qu’un écureuil qui lève le nez sur des noix. » (p. 23)

    « Ma mère est comme une fleur qu’on a, depuis longtemps, oublié d’arroser. » (p. 31)

    « Je ne vis ni pour des murs, ni pour des meubles, ni pour des terrains. Je vis pour aimer, rire, lire, m’amuser. Je vis pour sentir la douceur du vent sur ma peau, je vis pour les premières lueurs du jour, je vis pour regarder ma fille grandir, je vis pour faire passionnément l’amour avec mon mari, je vis pour l’art sous toutes ses formes, je vis pour être ce que je suis. » (p. 72)

    « Personne n’avait osé abattre l’aïeul. Majestueux, triomphant, invulnérable, il gardait en sa sève et en ses racines les secrets de la vie que la mort lui avait confiés. » (p. 283)
     

  • Lisibilité appropriée au genre littéraire en raison des valeurs véhiculées et de la façon franche et directe de traiter certains thèmes (p. ex., la misère, le harcèlement physique et psychologique, la maladie, le sort des ainés, le destin).

    « Valérien leva le poing, puis soudain, ouvrit largement la main. De la paume, il assena un coup sur la tête de sa mère qui chancela, s’appuya face au mur, la tête entrée dans les épaules. Elle écrasa son visage dans ses mains en gémissant. Valérien quitta précipitamment la maison sous les applaudissements des feuilles du chêne que le vent agitait. » (p. 116-117)

    « Laurier Savatier achetait plusieurs gros pains de ménage qu’il laissait durcir et moisir. "Comme ça, disait-il, vous en mangerez moins." » (p. 130)

    « Pourquoi nous donner l’intelligence, la capacité d’apprendre, si c’est pour finir nos jours dans un état végétatif, sous un éclairage de serre? […] Pourquoi ce parcours? Pourquoi cette sinistre décrépitude? » (p. 179)

Pistes d'exploitation

  • Inviter les élèves à noter les nombreux passages où l’auteure fait mention du chêne afin de préciser son rôle dans le roman.     
  • Afin d’ajouter à la compréhension du roman, inviter les élèves à étudier l’œuvre de l’artiste Mario Courchesne, Le chêne et l’enfant, en première de couverture, et lire le commentaire de Jean-Claude Bergeron à l’intérieur du repli de la quatrième de couverture du livre.

Conseils d'utilisation

  • Échanger sur les sujets pouvant susciter des réactions (p. ex., l’abus physique et mental, le sort des aînés qui sont seuls dans les résidences pour personnes âgées, la maladie d’Alzheimer).
  • Discuter de l’illustration de la page couverture comme mise en situation afin de susciter la curiosité des élèves.
  • À cause des thèmes traités qui n'intéresseront pas tous les adolescents, réserver cette oeuvre à un lectorat mature dont les compétences linguistiques sont avancées.

Ressource(s) additionnelle(s)

  • IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 9e à 12e année, Série : Ecce Homo, La mort.