Contenu
- Personnage principal, Teta, femme noire exilée au Canada, aux prises avec une maladie mentale, qui cherche à se délivrer de son mal en expiant ses péchés devant un prêtre, en lui racontant ses souvenirs et les défis qu’elle a surmontés dans son pays natal et sa terre d’accueil.
« Teta ne raconte évidemment pas à de parfaits inconnus les véritables souvenirs qui provoquent ces rires irrépressibles, ces souvenirs loufoques ou tragiques qu’elle trimballe partout. Comment pourrait-elle faire comprendre aux gens d’ici ce qui la plonge dans cet état morbide? » (p. 11)
« Quand elle a foulé le sol du Canada à vingt-six ans avec trois enfants à sa charge, Teta ne rêvait pas de retrouver le statut d’épouse de ministre régnant sur une armée de domestiques et frayant avec les grands de ce monde. Veuve en fuite comme beaucoup d’autres, elle savait qu’elle n’en mènerait pas large dans son exil. » (p. 13)
« Teta était enceinte pour la deuxième fois quand son mari, qui avait à peine trente ans, fut nommé ministre des Finances. » (p. 66)
- Personnages secondaires, le père Robert, confesseur et confident de Teta, qui la connaît depuis son enfance, Mashami, son premier époux, assassiné par des rebelles lors d’une insurrection, Gatoto et Baraka, ses fils, décrocheurs scolaires, qui se retrouvent dans des gangs de rue, John Khan, son deuxième époux, avec qui elle fonde une œuvre de bienfaisance en Afrique, ainsi que Safari, son fils cadet, rescapé des tentations de la rue, qui l’appuie dans ses projets humanitaires.
« – Père Robert, j’avais à peine dix ans quand je t’ai vu pour la première fois. Aujourd’hui, je voudrais te raconter ma vie avant que ma famille ne trouve refuge dans la paroisse où tu servais comme jeune vicaire. J’ai beaucoup de souvenirs de cette période. C’est peut-être de là que datent certaines des infirmités qui m’affligent. Ce qui s’est passé par la suite n’a fait qu’aggraver des blessures que je traînais déjà au plus profond de moi-même.
– Parle, ma fille, j’écoute. » (p. 30)
« Quand Teta revit Mashami après les vacances de Noël, elle lui apprit qu’elle n’avait pas pu obtenir l’approbation de Kigogo, qui restait emmuré dans son refus. Il fallait se résigner à envisager un mariage non accepté par ses parents. » (p. 57)
« Le scénario se répéta chaque fois que Gatato se faisait attraper en train de commettre un larcin, de vendre de la drogue ou de se battre dans l’une de ces guerres que se livrent les gangs de rue. » (p. 140)
« Baraka m’a tout de même causé moins d’ennuis que son grand frère. Il n’a pas terminé son secondaire, mais je n’ai pas eu à subir d’interrogatoires de la police à son sujet. Quand il a quitté la maison, il est parti de son propre gré et non pour fuir la vengeance de ceux qu’il aurait lésés. » (p. 145)
« L’objectif était de construire un village des enfants de Dieu dans chacune des douze provinces du pays. John mit toutes ses énergies à le réaliser une fois réglé le problème du financement. Il rencontra partout le même enthousiasme des bénéficiaires, mais aussi les mêmes grincements de dents des chefs locaux, qui auraient aimé empocher une partie de l’argent consacré aux parias. John n’en avait cure, mais il dut parfois faire face à l’hostilité tenace de ceux qui le considéraient comme un usurpateur. Sur les chantiers, les enfants de Dieu le traitaient spontanément comme leur chef et lui soumettaient leurs problèmes et leurs querelles pour qu’il les aide à les résoudre. » (p. 258)
« Les délibérations aboutirent aux conclusions suivantes : Teta resterait à la tête de l’œuvre, avec Safari à ses côtés comme codirecteur. » (p. 273)
- Roman étoffé, divisé en deux parties distinctes; d’abord, un schéma narratif particulier débutant au moment où Teta raconte sa vie au père Robert afin de soulager ses souffrances psychologiques, suivi d’un récit relatant sa nouvelle vie amoureuse et la réalisation d’un grand projet humanitaire en Afrique; nombreux retours en arrière et ellipses dans le temps sous la forme de souvenirs, retraçant le périple de son exil; thèmes (p. ex., aide humanitaire, exil, folie, guerre, immigration) permettant au lectorat de faire preuve d’empathie à l’égard des réfugiés qui ont vécu de nombreux obstacles.
- Mise en page aérée, œuvre répartie en dix-neuf chapitres titrés et numérotés; éléments graphiques (p. ex., tirets, guillemets et italiques marquant les dialogues, les mots étrangers, les discours et réflexions profondes des personnages, ainsi que les définitions de mots anglais); liste des œuvres du même auteur et dédicace au début du livre; table des matières à la fin; extrait, résumé et renseignements sur l’auteur à la quatrième de couverture.
Langue
- Registre soutenu et courant s’entremêlant dans l’œuvre; vocabulaire riche (p. ex., apostasie, borborygmes, ouailles, sardonique, véhémente) généralement compréhensible à l’aide du contexte.
- Phrases transformées et phrases à construction particulière; variété de types et de formes de phrases (p. ex., négative, emphatique, impérative, exclamative, interrogative, inversée) traduisant les émotions des personnages.
« – Maintenant, le volcan, c’est moi. C’est de mon ventre que la lave va sortir, et tu te trouves juste au pied du volcan. Je ne suis pas sûre de ton invulnérabilité. Tu peux encore te mettre à l’abri.
– Tu n’as qu’une seule manière de tester mon invulnérabilité : cracher tes flammes et constater qu’elles ne me réduiront pas en cendres. Fais-moi confiance et vas-y!
– Je ne sais pas si j’ai le droit de mettre en péril la vie d’autrui pour sauver la mienne. Tu devrais y penser deux fois avant de jouer les héros : voudrais-tu sauver ma misérable vie au prix de la tienne? » (p.22)
« C’est pourquoi il n’y a jamais eu de paix en Mirima et Kigogo. Disputes. Nuits blanches. Dérision. Chantage de toutes les sortes jusqu’au jour du divorce, après plus de vingt ans de mariage. » (p. 25)
- Nombreux procédés stylistiques (p. ex., personnification, comparaison, euphémisme, énumération, métaphore, expression imagée) qui ajoutent de la couleur au texte; emploi de plusieurs proverbes, parsemés dans le roman, incitant le lectorat à réfléchir à leur signification.
« Par le transport public, le trajet durait plus d’une heure, mais Teta, qui avait du temps à revendre, ne s’en plaignait pas. D’autant plus qu’elle n’y allait pas uniquement pour feuilleter les revues. Des fois, c’était pour elle l’occasion de s’offrir un bain de nature. » (p. 16)
« Elle pouvait rester des heures à contempler sur l’autre rive de grosses maisons pareilles à des palais […]. » (p. 17)
« On affirmait que les colonisateurs blancs rentreraient chez eux et laisseraient les paysans “travailler”, euphémisme utilisé pour parler de la mise à mort des maîtres pasteurs, qu’on disait imminente. » (p. 35)
« Teta, secouée par d’irrépressibles sanglots, reniflait, se mouchait bruyamment, puis laissait de nouveau libre cours à un torrent de larmes. » (p. 41)
« Il pleuvait à boire debout mais, après quelques turbulences, l’avion s’éleva au-dessus des nuages. » (p. 98)
« La poule ne chante pas quand le coq est là. J’ai attendu que nos deux vieux aient parlé et maintenant la vieille se permet d’ajouter ceci à ce qu’ils ont dit. » (p. 204)
- Séquences descriptives, longs monologues et séquences narratives, entrecoupées de séquences dialoguées, permettant de s’immiscer dans l’esprit des personnages, de comprendre les relations qui existent entre eux et de suivre les parcours physiques, émotionnels et psychologiques du personnage principal.
« – Parce que cette chipie est ma belle-mère. Nous devons tenir notre rang. Tu ne peux pas vivre dans un château pendant qu’elle loue un appartement minable. C’est vrai qu’elle t’en veut de m’avoir épousé et qu’elle me supporte à peine. Mais c’est tout aussi vrai qu’avec notre fils, elle se comporte en grand-mère attentionnée, et ce sera pareil pour les suivants. Je veux soigner la grand-mère de nos enfants.
– Elle ne m’en veut pas seulement de t’avoir épousé. Elle m’en veut d’exister. » (p.67)
« La voix de Teta s’éteignit, comme vaincue par un immense chagrin. Pour surmonter une brusque envie d’éclater en sanglots, elle ferma les yeux, serra les dents, se mordit les lèvres, bloqua sa respiration. Elle ne voulait pas pleurer la perte d’un homme qui n’en valait pas la peine ni s’apitoyer sur elle-même. Elle réussit à se dominer. Lentement, elle releva la tête, fixa le père Robert droit dans les yeux et lui dit :
– Tu voulais tout savoir : voilà! Aujourd’hui, tu m’auras écoutée longuement. J’ai tout déballé avec un luxe de détails dont tu te serais passé. En te levant d’ici, tu auras des courbatures Tant pis pour toi! » (p. 125)
« On dit que les fous ne savent pas qu’ils le sont et que, quand ils retrouvent la lucidité, ils ne se souviennent pas des gestes déments qu’ils ont posés. C’est peut-être vrai pour d’autres, mais, dans mon cas, j’ai su dès le départ que je m’éloignais de l’univers des humains normaux et je me souviens de tout. […] Même ses frères pourraient retrouver le droit chemin. Voilà, Robert! Ta prochaine corvée sera de me produire une lettre de recommandation à inclure dans mon dossier de demande d’inscription à l’université. » (p. 152-158)
Référent(s) culturel(s)
- Référence aux traditions et aux rites des pays de l’Afrique des Grands Lacs.
- Référence au Québec, à Paris et à Bruxelles, lieux majoritairement francophones.
- Mention du roman Le Petit Prince, œuvre de l’écrivain français Antoine de Saint-Exupéry.
- Référence à Jean-Jacques Rousseau, écrivain et philosophe né en Suisse.
- Référence à Philippe de Gaulle, amiral français, et à Charles de Gaulle, Président de la République française de 1959 à 1969.
Pistes d'exploitation
- Suggérer aux élèves, regroupés en équipes, de mener une recherche sur le stress post-traumatique pour les personnes ayant vécu ou ayant été témoins de violence dans les zones de conflits armés. Leur demander de préparer une présentation multimédia en tenant compte de critères particuliers (p. ex., définition, symptômes, soutien, traitement), puis de présenter leur travail au groupe-classe.
- Inviter un parent issu de l’immigration ou un intervenant communautaire au service d’accompagnement des nouveaux arrivants à présenter au groupe-classe le processus d’immigration au Canada. Demander aux élèves, regroupés en dyades, de préparer des questions pertinentes avant la rencontre, puis de rédiger une carte de remerciements à la suite de la présentation.
- Proposer aux élèves, regroupés en équipes, d’effectuer une recherche sur les organisations de coopération internationale qui répondent aux crises humanitaires, puis de créer une infographie qui en résume les points principaux. Animer une mise en commun afin de leur permettre de présenter leur travail au groupe-classe.
Conseils d'utilisation
- Avant la lecture, préparer le groupe-classe au thème de l’immigration afin d’éviter de susciter des réactions chez certains élèves (p. ex., nouveaux arrivants, réfugiés).
- Accorder une attention particulière au contenu délicat (p. ex., passages suggestifs et références sexuelles) dont on traite dans l’œuvre.
- Situer sur une carte géographique les lieux mentionnés dans le récit.
- Proposer aux élèves de lire un autre roman traitant de l’immigration, soit Ce pays qui est le mien, dont la fiche pédagogique se trouve dans FousDeLire.
Ressource(s) additionnelle(s)
- IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 9e à 12e année, Série : Identité 2.0, La famille immigrante.
- IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 9e à 12e année, Série : Artisans du changement, Les artisans de la reconstruction.