- Registre de langue courant dans l’ensemble de l’œuvre; plusieurs mots nouveaux se rapportant à l’époque médiévale, le contexte aidant parfois à en déterminer le sens.
« Au fond, adossé aux fortifications se dressait le donjon, une forte bâtisse carrée surmontée de mâchicoulis. À intervalles réguliers, des tourelles hérissaient la muraille d’enceinte. » (p. 44)
« Jordan, qui ne pouvait se détourner de l’ennemi occupé à bloquer les issues de la forteresse, fut tiré de sa contemplation par une voix autoritaire venant de la basse-cour. Stupeur : c’était une voix féminine! La comtesse donnait des ordres, et tous lui obéissaient. Le jeune écuyer n’avait jamais vraiment regardé la comtesse Jeanne et ne s’était posé aucune question à son sujet, prenant pour acquis qu’elle n’avait pas de rôle militaire à jouer. » (p. 53)
- Emploi de plusieurs types et formes de phrases qui contribuent à la lisibilité du texte; phrases contenant des manipulations linguistiques de base permettant de revoir leur utilisation.
« Dans les cuisines s’entassaient les lièvres, tourtes et perdrix que les femmes du village, réquisitionnées pour prêter main-forte, s’affairaient à dépouiller et à plumer. » (p. 7)
« Ce ne fut qu’un cri sur le chemin de ronde. Le suzerain était blessé! Il risquait d’être fait prisonnier! Que se passerait-il maintenant? Ses vassaux, voyant que leur chef était touché, allaient-ils se débander? Non. Au contraire, ils se regroupaient, repoussaient les soldats de Laymon et entouraient leur chef. » (p. 50)
- Plusieurs figures de style (p. ex., métaphores, comparaisons, énumérations) qui ajoutent à la richesse du texte.
« Depuis quelques mois, il ne parlait que de cela, et la perspective de franchir les limites de la seigneurie lui donnait des fourmis dans les jambes. En ce matin de juillet où son rêve prenait corps, il refusait de se laisser aller à la nostalgie. » (p. 6)
« Toujours au pas, ils longèrent un moment la rivière. Mais quand leurs chevaux furent échauffés, ils les lancèrent dans une course échevelée. Mettant dans la compétition la rage, la frustration et la rancune que l’attitude des grands leur inspirait, ils galopaient à fond de train dans le sentier, comme s’ils étaient seuls à l’emprunter. » (p. 27-28)
« La collation était copieuse : de belles tranches de pain bien épaisses, du fromage de brebis, des noix et des confitures, le tout produit par les moines, qui servirent aussi du vin chaud, coupé d’eau et aromatisé de miel. » (p. 38)
- Séquences descriptives qui dévoilent les émotions ressenties par les personnages et permettent de se faire une image mentale des événements et de l’époque.
« Face au pont-levis, hors de portée des flèches, des hommes assemblaient et clouaient des planches. René expliqua aux garçons qu’ils fabriquaient une sorte de mur derrière lequel ils pourraient s’abriter pour creuser un tunnel leur permettant d’accéder à la base de la forteresse. De cet endroit, inaccessible depuis les créneaux, ils entreprendraient sans risques de saper les murailles jusqu’à ce qu’elles s’effondrent, provoquant une brèche qui leur livrerait le château. » (p. 59)
« À certains, qui objectèrent qu’il n’y aurait bientôt plus rien à manger, elle répliqua :
– Il reste les chevaux.
Ils protestèrent avec véhémence. Pour un cavalier, sa monture était un bien infiniment précieux, souvent le seul qu’il possédât. Il ne considérait pas son cheval comme un animal remplaçable, mais comme un ami cher. L’idée de manger les chevaux les horrifiait, et nombreux étaient ceux qui préféraient se rendre.
Mais la comtesse les fit taire en déclarant :
– Si on doit en arriver là, on commencera par le mien.
Un silence respectueux remplaça les cris de révolte, car ils savaient la comtesse Jeanne très attachée à son cheval, qui lui avait été offert par son père avant sa mort, quelques années auparavant. Les habitants de la forteresse se dispersèrent en traînant les pieds : le découragement se généralisait. » (p. 75-76)
- Quelques séquences dialoguées qui contribuent à la compréhension de l’œuvre en permettant de se situer dans l’action et de saisir les relations entre les différents personnages.
« – Maintenant, continua-t-il, on va être coincés ici pour des jours, peut-être des semaines, à se marcher sur les pieds parce qu’il y a trop de monde. Pas de chasses, pas de cavalcades, pas de combats. On va mourir d’ennui.
– Vous n’allez pas tenter une sortie pour les disperser? demanda Rémi.
– Non. La comtesse ne prendra pas ce risque. Heureusement, il y a un homme qui a pu s’échapper : il va lever une nouvelle armée et nous secourir. En attendant, il faut défendre le château pour que ces chiens ne puissent pas s’en emparer.
– On peut lui faire confiance, à l’homme qui est parti?
– Oui. C’est le seigneur de Gourron, un chevalier fidèle et brave.
Se tournant vers Jordan, qui se rengorgeait, il ajouta :
– On compte sur ton père. » (p. 55)