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John et le Règlement 17

En 1912, le gouvernement de l'Ontario adopte le Règlement 17 qui proscrit l'enseignement en français dans les écoles de la province. Cent ans plus tard, grâce à un mystérieux coffret que lui lègue son grand-père, un adolescent exhume bien malgré lui cet épisode déterminant dans l'histoire récente des Franco-Ontariens

(Tiré de la quatrième de couverture du livre.)

À propos du livre

Contenu

  • Roman jeunesse brossant un tableau réaliste des relations entre adolescents; roman fantastique racontant les aventures de personnages qui voyagent entre deux époques; roman historique relatant le combat des Franco-Ontariens de Green Valley pour conserver leur langue.

    « Dernièrement, la tension est palpable entre nous deux, parce que ma chère petite sœur, courtisée par le beau Matthieu Boudreau, répond favorablement à ses avances. Elle est amoureuse, la pauvre. Ce gars de 18 ans, en fin de secondaire depuis deux ans, jouit d'une grande popularité auprès des filles, mais en coulisse, on lui attribue une très mauvaise réputation. » (p. 38-39)

    « Je me promène dans un autre monde. Je vis ce que ces gens vivent. Cela dépasse tout entendement, c'est incroyable, voire impossible. Pourtant, j'ai la certitude de voyager dans le temps. Je suis donc transporté dans le passé! Je recule de cent ans sans que ces personnes me voient, sauf le spectre de Pépère qui m'accompagne toujours. » (p. 76)

    « – […] La grande majorité des élèves de l'école sont des Français. On ne pensait pas mal agir et on a toujours respecté la loi. Comme le Règlement 17 l'exige, la maîtresse que nous avons engagée enseigne le français seulement une heure par jour, puis le catéchisme pendant dix minutes. Il me semble que c'est raisonnable! Nous sommes poursuivis injustement, Monsieur le curé. » (p. 145)
     

  • Trois personnages principaux autour desquels gravitent de nombreux personnages secondaires et figurants : John, un jeune homme de 18 ans, en proie aux inquiétudes quotidiennes de notre époque (p. ex., le caractère irascible de sa copine, la crise d'adolescence de sa sœur, le cancer de sa mère); Pépère, décédé récemment, mais dont l'esprit revient hanter John pour lui faire revivre le passé; Florence Quesnel, enseignante engagée comme bien d'autres dans la lutte pour conserver le français dans son école.

    « Je prends mon téléphone intelligent sur ma table de chevet, l'allume et constate que c'est ma copine Lois. Depuis que j'ai raté son fameux party, elle a adopté une attitude agressive envers moi. Elle me tient des propos vindicatifs, ce qui commence à m'indisposer. » (p. 35)

    « Quand elle fréquentait l'école élémentaire, la communication était plus facile. Elle m'écoutait avec respect. Alicia a quatorze ans et en est à sa première année au secondaire. Comme plusieurs filles de son âge, elle veut paraître plus vieille. » (p. 38)

    « Il y a deux semaines, Mariette, ma mère, a reçu un diagnostic de cancer du sein. La bataille ne fait que commencer et je ressens beaucoup d'empathie pour elle. Je l'aime et je ne veux pas la perdre… » (p. 43)

    « Tout autour de moi, des gens circulent comme sur un carrousel de cirque. […]
    Curieusement, les gens semblent irréels, mais sympathiques, enfin, presque tous. Parmi eux, une figure domine les autres; je vois le spectre de Pépère. Oui, oui, mon Pépère, celui qui est mort le 5 avril dernier. » (p. 55)

    « La double taxation exigeait des grands sacrifices pour la majorité des familles. Je leur étais très reconnaissante et je faisais ma part en acceptant d'enseigner pour la moitié du salaire régulier. […]
    C'est mon beau Lucien Lefebvre qui se leva et livra une charmante adresse, louangeant mon travail et aussi la détermination et la résistance des commissaires, Baptiste Ménard et Médéric Poirier. » (p. 212-213)
     

  • Une narratrice et un narrateur participants présentant leur récit en alternance : John livrant ses états d'âme au sujet des événements étranges qui bouleversent sa vie et Florence Quesnel racontant certains épisodes de la lutte des francophones, en Ontario, au début du XXe siècle.

    « Est-ce que j'entends des fantômes? Suis-je en train de virer fou ? […] Qui sont ces gens? Des spectres? Tant de questions et aucune réponse. » (p. 56)

    « Malheureusement, je devais tout enseigner en anglais, même si la vaste majorité des jeunes vivaient en français à la maison. Issus de grandes familles canadiennes-françaises, les parents avaient traversé la frontière du Québec et n'avaient plus accès aux écoles françaises. Je voulais bien enseigner en français aux enfants, mais le gouvernement de la province de l'Ontario me l'interdisait, sauf une heure par jour, tel que stipulé par la loi. » (p. 71)

    « Un malaise s'installe en moi.
    Je sens qu'on m'observe. Mon cœur palpite. Dans un coin de la chambre, il me semble voir une ombre. Peu à peu, je distingue la silhouette de Florence Quesnel. Elle me fait signe de la suivre. […] De sa voix douce, Florence Quesnel me raconte… » (p. 85)

    « L'injustice flagrante envers eux était inacceptable. Nous ne voulions rien enlever aux Écossais, nous voulions simplement avoir droit à notre place, dans cette société à laquelle nous avions contribué depuis le début de la colonisation. […]
    Nous étions réunis à l'école, Baptiste Ménard, mon oncle Médéric Poirier et moi-même, Florence Quesnel. Je me souviens encore de la date : le 16 octobre 1915… » (p. 168)
     

  • Thèmes susceptibles d'intéresser les élèves du groupe d'âge visé (p. ex., différences entre les deux époques : communication entre amis et amoureux, contribution des jeunes adultes au bien-être financier de la famille, place des enfants dans la société).

    « Cher Louis,
    Quel beau printemps nous avons eu.

    […]
    Je t'aime mon p'tit loup et t'aimerai à jamais,
    Florence 
    » (p. 62-63)

    « Rofl, as-tu vu ses yeux? Tu es
    dans la merde. Lmao. Lo.
    […]
    Ooooou! Monsieur est choqué.
    Ok à 9h. Love. Lo. » (p. 160)

    « Avec mon salaire d’enseignante, j’en profitais pour gâter mes sœurs et frères. Évidemment, je donnais le gros de ma paye à mon père, mais je m’en gardais toujours un peu pour mes besoins. Avec sept frères et sœurs, c’était apprécié. » (p. 165)

    « Au magasin John Simpson & Sons, sur la rue Principale, on trouvait de tout. […] Les enfants devaient attendre patiemment dans le boggie. Mr. Simpson n’aurait pas permis que toute la famille entre en même temps. Il y avait d’autres clients. Étant l’aînée, je pouvais offrir à mes frères ou sœurs de m’accompagner à l’intérieur, mais un seul par visite. » (p. 167)

Langue

  • Registre de langue familier, souvent populaire, dans les dialogues des deux générations, contrastant avec le registre courant des séquences narrées de John et de Florence Quesnel.

    « – Mom! John veut skipper ses cours et moi, j'ai besoin d'un lift pour aller à l'école. Il n'est pas question que je prenne le bus, c'est pour les losers ça. » (p. 57)

    « – Coudon, y'a pas parsonne qui a fait comprendre à ce maudit Écossais-là qu'on avait le droit d'être icitte autant que lui. Excusez, les madames, mais y me fait sacrer c't'enfant de chienne-là… » (p. 118)

    « En un grand tourbillon, une force occulte m'aspire irrésistiblement dans un gouffre sans fin. » (p. 155)

    « Je me rendis avec mes élèves à la gare de Green Valley, où une forte délégation de contribuables attendait le convoi du CPR, qui amenait les représentants de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal. Mon oncle Médéric m'avait fourni tous les renseignements au préalable. Dans leurs plus beaux atours, tous discutaient de l'événement… » (p. 210)
     

  • Phrases courtes ou composées, dans l'ensemble de la narration de John, évoquant la simplicité que recherche un adolescent de son âge; phrases souvent plus étoffées, dans la narration de l'enseignante, en raison de son niveau d'éducation.

    « Une heure plus tard, je vois entrer Jessica Poirier. C'est une camarade de classe. Elle s'approche, se recueille auprès de Pépère et m'offre ses condoléances. Je me sens tout bizarre de la voir là pour moi. Nos yeux se croisent et elle s'approche pour me faire une accolade. » (p. 30)

    « J'apprécie toutes tes marques d'affection : tes mitaines pour remplacer les miennes, détrempées, et la cuillère sculptée dans une pièce de cèdre avec mes initiales, pour prendre sur la neige la tire dorée dont je raffole. » (p. 62)
     

  • Figures de style se limitant surtout à la comparaison, à la métaphore et à l'énumération; nombreux dialogues ajoutant de la vie et de la vraisemblance au récit.

    « Hermine, grosse femme joufflue, intervint immédiatement en grondant comme le tonnerre. » (p. 74)

    « – Louis, je ne veux rien promettre pour le moment.
    […] Il gardait la tête basse et je voyais bien que la blessure était à fleur de peau. […]
    – Louis, tu sais que je t'aime beaucoup. Donne-moi encore un peu de temps et je te le dirai. » (p. 82)

    « Je range mes choses, prépare mon sac de sport pour mon match de soccer en soirée et descends déjeuner. Un yogourt, une banane, un bol de céréales, deux rôties et je suis prêt à…
    Mon téléphone vibre.
    – Oui, allo, Jess?
    – John, j'ai trouvé une piste. » (p. 198)
     

  • Lexique propre à deux époques qui sont aux antipodes : « iPhone », « texto », « Facebook », « Toyota », restaurants « MacDonald » et « Tim Hortons » comparativement à « lettre », « magasin général », « boggie », « carriole ».

Pistes d'exploitation

  • Demander aux élèves de chercher, sur Internet, les conséquences du Règlement 17 sur les droits linguistiques des autres minorités au Canada.
  • Inciter les élèves à analyser les propos de John aux pages 167 et 168 : « Je dis donc à Pépère que la complexité de ma vie ne se compare pas à la leur. »
  • Demander aux élèves si les auteurs Jean-Claude Larocque et Denis Sauvé, deux enseignants d'expérience, ont su dépeindre fidèlement les adolescents d'aujourd'hui dans leur roman.
  • Proposer aux élèves un débat sur les propos de Jessica à la page 217 : « – […] Nous, on a nos écoles françaises et les élèves parlent toujours en anglais entre eux, et eux, se sont battus pour que nous puissions apprendre le français. C'est le monde à l'envers. »
  • Proposer aux élèves de rédiger un ajout dans lequel John découvre la signification des heures 1 h 11, 3 h 33, 4 h 44 et 5 h 55; cet ajout serait placé juste avant la dernière lettre de Pépère à la page 229.

Conseils d'utilisation

  • Avant la lecture, expliquer le Règlement 17 aux élèves.
  • Avant la lecture, discuter avec les élèves de sujets délicats comme la maladie (cancer), le racisme, les préjugés et l'intimidation verbale.
  • Situer sur une carte de l'Est ontarien les endroits nommés dans le roman afin de faciliter la compréhension du texte.
  • Consulter la fiche pédagogique disponible sur le site du Regroupement des éditeurs franco-canadiens.