- Registre de langue courant; emploi de plusieurs mots complexes (p. ex., sourcils en aigrette, clavecin, éboulis, escarboucle, pommeau) devant être expliqués pour assurer la compréhension du lectorat visé.
« Ce n’est pas difficile de se tenir sur le dos d’un Dragon. À la jonction des ailes, il y a une interruption dans la crête qui longe l’échine, juste de quoi s’asseoir dans le creux entre les os des articulations. À cet endroit, la peau du Dragon n’est pas recouverte d’écailles. » (p. 27)
« Et, appuyé contre la queue du Dragon, vacillant sur des petites pattes dodues et encore à demi enveloppé dans une sorte de membrane translucide et luisante, il y avait un petit dragon. Tout bleu. Mais bleu-bleu. Pas bleu ciel, pas bleu petit garçon. Bleu vibrant, presque violet, violent. » (p.53)
- Utilisation de phrases de base, de phrases transformées et de phrases à construction particulière, de types et de formes variés; nombreuses phrases longues et complexes, à style poétique, qui ajoutent du rythme à la lecture et de l’élégance au texte.
« À d’autres endroits, là où les nids n’avaient pas tenu, ou s’étaient défaits après avoir été désertés, le vent s’engouffrait dans les tuyaux de lave avec des sons étranges, parfois des soupirs, parfois des chuchotements, et parfois de grandes mélodies sauvages, comme des milliers de flûtes devenues folles. » (p. 40-42)
« Comment l’épée revenait-elle dans la pierre après avoir été utilisée? Parce qu’enfin, elle avait dû être utilisée, et mal, puisqu’il y avait tous ces ossements aux alentours. Mais utilisée à quoi? Pourquoi toutes ces arrière-grands-tantes avaient-elles échoué? » (p.48)
« Mais maintenant, c’est fini, il faut aller dormir. Descendez de mon dos, dites-moi bonsoir, retournez dans vos chambres au premier étage de la tour. Et moi, je vais rassembler mes petits sous mes ailes, poser ma tête sur ma queue, clore mes paupières, et, pendant que vous dormirez, je poursuivrai mes propres rêves pour vous les raconter demain. » (p.71)
- Emploi de procédés stylistiques (p. ex., énumération, répétition, comparaison) et de nombreuses expressions imagées, enrichissant le texte et permettant d’apprécier le style descriptif de l’auteure.
« La Reine se rendait bien compte qu’Albanye non plus ne ferait pas une bonne magicienne : elle était bien trop ordinaire – et puis, elle avait peur des chauves-souris et des araignées, toutes créatures haut placées dans le monde magique. Elle avait aussi peur des salamandres, des serpents, et même des chats – et les chats sont de grands magiciens parmi les animaux. » (p. 8)
« Tout cela se passait avant le début de cette histoire. Les histoires non plus, on ne sait pas vraiment où elles ont commencé, ni même si elles commencent vraiment quelque part. Il y a toujours une histoire avant, et une autre avant, et encore une autre. Le Roi Rodolphe, par exemple, et sa rencontre avec la magicienne Niméya avant qu’elle soit la vieille Reine-mère… Mais ce n’est pas de cette histoire-là qu’il s’agit aujourd’hui. Aujourd’hui, c’est l’histoire de la Princesse et du Dragon. » (p. 11)
« Le Dragon déplia ses ailes l’une après l’autre, avec un grand claquement, comme lorsque le vent prend dans la voile d’un bateau, et il s’envola de la tour, emporté par le vent, aussi léger et silencieux qu’une graine de pissenlit. » (p. 27)
- Prédominance de séquences descriptives, généralement imagées, entrecoupées de quelques séquences dialoguées, permettant au lectorat de s’imaginer la scène et les personnages.
« La lune n’était plus qu’un très mince fil argenté dans le ciel plein d’étoiles, et la cascade était presque invisible le long de la montagne : c’était seulement un mouvement dans la nuit. Mais aussi, lorsque le Dragon se fut suffisamment approché, un bruit dans la nuit, comme quelqu’un qui pleurait tout doucement sans jamais s’arrêter. » (p. 29)
« Il y avait une sorte de lumière étrange qui semblait venir de très loin devant, une lumière rouge mais douce, comme lorsqu’on met sa main devant la flamme de la bougie et que le pourtour des doigts devient translucide… C’était un grand tunnel circulaire, aux parois striées par les eaux qui les avaient polies jusqu’à leur donner des reflets de nacre rose. » (p. 43)
« "C’est la clé, la clé!" s’écrièrent les trois Gardines porte-parole. Elles étaient très excitées de nouveau et leur unisson se désaccordait, se reformait, se défaisait de nouveau. "Mais il ne faut pas l’utiliser pour faire couler le sang, sinon il arrive des choses terribles!
– Quoi donc?" demanda Alyne inquiète. » (p. 47)