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Entre ici et là-bas

Pas facile d'être le bourgeon d'un arbre déraciné… C'est ce que pense et vie Ganaëlle, dix-sept ans.

Émigrée d'Afrique de l'Est et au pays depuis bientôt trois ans, elle tente de devenir une Canadienne à part entière, mais se heurte à l'attitude négative de ses parents. Des parents qui ne lui semblent plus les mêmes depuis que la famille s'est réfugiée à Ottawa. Sa mère, surtout, a changé. De femme autonome, aimante et pleine d'humour, elle est devenue dépendante, renfermée et la colère qui la ronge la porte parfois jusqu'à la violence. Ganaëlle n'a personne à qui se confier. Elle se sent terriblement seule.

C'est sur les pages lignées de cahiers d'école qu'elle raconte son désarroi, sa rage et la solitude qui la tenaille. Pour ne pas étouffer.

(Tiré de la quatrième de couverture du livre.)

 

À propos du livre

Contenu

 

  • Personnage principal et narratrice, Ganaëlle, immigrante de 16 ans, qui exprime avec simplicité ses réflexions, frustrations et incertitudes, et raconte son évolution dans son pays d'accueil.

 « Je m'appelle Ganaëlle. J'ai seize ans, bientôt dix-sept. Je suis née en Afrique noire. Mettons tout de suite les choses au clair : l'Afrique, c'est très grand. Et ce n'est pas un pays, c'est un continent. J'y ai vécu jusqu'à l'âge de quatorze ans. J'ai immigré au Canada, qui n'est pas un continent mais un pays, avec ma mère et mon petit frère Zacharie. Nous sommes venus rejoindre mon père. Cela fera deux ans à la fin de novembre que nous vivons à Ottawa. » (p. 21)

« Je pleure aussi sur moi. Sur mes misères présentes, mes frustrations, mes malaises de fille de presque dix-sept ans qui n'a pas la vie qu'elle souhaite. » (p. 32)

« Les questions tourbillonnaient dans ma tête : « Est-ce que je dois payer le moindre bonheur d'insultes et de cris? Pourquoi ça m'arrive à moi? Pourquoi ma famille n'est pas normale? Je ne veux rien d'extraordinaire. Je veux juste une vie tranquille. » (p. 129)

« La vie continue. Avec ses hauts et ses bas. Ses jours ensoleillés et ses jours sombres. Je sais mieux qui je suis maintenant. Je sais qui je veux être. Et je travaille dur à le devenir. » (p. 156)

  • Personnages secondaires, le père, la mère, le frère Zacharie et la sœur Marie-Neige de Ganaëlle, alourdis par un passé douloureux et vivant des difficultés et des réussites d'intégration au Canada; autres personnages secondaires, Rosemarie, amie de Ganaëlle, et Ludovic, petit ami de Ganaëlle, contribuant à son évolution socio-affective.

« Le père qui m'attendait après cinq ans de séparation n'était plus l'homme enjoué, bon vivant et fier que j'avais là-bas. Il avait beaucoup vieilli. Je dirais… rapetissé. Ma mère, elle, devient chaque jour une autre femme : constamment fatiguée, triste au point de ne voir rien que le côté sombre des choses, et super protectrice. » (p. 22)

« Au retour au travail après les Fêtes, papa avait décroché du temps complet. C'était bienvenu. Toutefois, il lui était maintenant difficile de rencontrer les directions avant l'heure de fermeture des écoles. De son côté, maman tardait à faire nos inscriptions. Elle se disait intimidée, se sentait fatiguée, n'avait pas le temps avec l'installation ou promettait de le faire le lendemain et changeait d'idée à la dernière minute. » (p. 63)

« Une fille est venue vers moi à la récréation. Elle s'appelait Rosemarie. Elle était née à Ottawa, de parents africains, et elle m'offrait son aide. Nous sommes devenues copines presque tout de suite. Ça fait une grosse différence de connaître quelqu'un avec qui on se sent bien. » (p. 65)

« Papa disait vrai.
Alors je lui demandé, un peu découragée :
– Pourquoi c'est si compliqué d'immigrer?
– Chaque immigrant a sa propre histoire. J'ai mon histoire. Tu as la tienne. Ta mère a la sienne. Zacharie aussi. Même Marie-Neige vit une immigration… par personnes interposées. » (p. 78)

« À l'école d'anglais, la semaine dernière, maman a été félicitée pour ses progrès. Elle commence à se faire un peu plus confiance. Je note de courtes éclaircies… comme celle de samedi dernier lorsqu'elle est allée toute seule au centre commercial. » (p. 88)

« Je suis folle de Ludovic Angloma. Un garçon formidable de vingt-deux ans. » (p. 140)

  • Roman réaliste dans lequel la narratrice présente quelques années de sa vie au Canada, tout en retraçant par des retours en arrière, généralement en ordre chronologique, le périple de sa famille réfugiée; thèmes exploités (p. ex., quête d'identité, relations familiales, immigration, adaptation) permettant aux jeunes nés au Canada de mieux comprendre les défis des immigrants, et à ceux issus de l'immigration de se retrouver dans le cheminement de Ganaëlle et sa famille.
  • Mise en page aérée; œuvre répartie en 35 courts chapitres numérotés et un épilogue; éléments graphiques (p. ex., tirets, points de suspension, italiques, majuscules, guillemets) qui facilitent l'interprétation de l'œuvre; emploi de majuscules accentuant certaines idées de la narratrice; bibliographie, dédicace et citation au début du livre; texte de remerciement, photo et courte biographie de l'auteure ainsi que les titres des autres œuvres de la collection à la fin.

 

Langue

  • Registre de langue courant dans l’ensemble de l’œuvre; emploi de mots du registre familier (p. ex., foutu, moche, cagibi) et d’expressions anglaises (p. ex., you bet, silent treatment, window shopping) permettant au lectorat de s’infiltrer dans l’univers du personnage principal et reflétant les influences de son milieu sur son adaptation linguistique; utilisation de termes simples reliés à l’immigration et aux activités quotidiennes (p. ex., Canadien, résident permanent, citoyenneté, agence, services, emploi, vacances, classe) contribuant à la vraisemblance de l’intrigue.
  • Nombreuses phrases interrogatives traduisant les émotions fortes de Ganaëlle (p. ex., confusion, frustration, déception, incertitude) dans sa quête d’identité en sol canadien; phrases et paragraphes courts accentuant certaines de ses idées.

« Ça va durer combien de temps, ce malentendu? Combien d’années je devrai vivre ici pour avoir le droit de dire qu’ici c’est chez moi? » (p. 15)

« Comme beaucoup d’histoires d’immigration, la nôtre a commencé par une guerre. Une guerre qui avait pourtant l’air d’être terminée. Une guerre entre voisins. Entre familles. Entre frères. Une guerre à cause d’un passé qu’on avait cru enterré. À cause de vieilles histoires, de vieilles injustices. » (p. 26)

« Où vend-on ceci? Où trouve-t-on cela? Quels magasins offrent les meilleurs prix? Il faut apprendre vite quand on "débarque" et savoir s’organiser avec débrouillardise. » (p. 62)

« Est-ce possible de trouver quand on ignore ce qu’on cherche?
Excellente question pour me tenir éveillée! » (p. 91)

  • Procédés stylistiques (p. ex., expression imagée, énumération, comparaison) qui enrichissent le texte; emploi de l’antithèse accentuant des contrastes entre la vie en Afrique et celle au Canada.

« "Tu vas te jeter dans la gueule du loup, t’exposer au pire. Pense à nous!" Il me semble entendre aussi la voix lente et grave de papa envahir le salon, gonfler, insister, mordre dans chaque mot : "C’est mon devoir d’aîné, de chef de famille de me rendre auprès de ma mère malade." » (p. 19)

« Là-bas, j’avais une grande famille, des tas de gens me connaissaient, et j’avais une meilleure amie depuis la première journée d’école.
Ici, j’ai une petite famille, des copains et des copines de classe, mais pas d’amie. Encore moins d’amoureux. » (p. 21)

« La manière d’enseigner aussi est différente. Là-bas, les cours étaient stricts. Les exercices écrits omniprésents, chacun assis à son pupitre. Le silence, partout absolu. L’expression orale et les jeux d’impro? Jamais entendu parler de ça. Là-bas, c’était les dictées, la grammaire rigide. » (p. 64)

« – Madame, votre emploi, je n’en veux plus. Moi, je n’ai rien contre les Blancs… mais les racistes, quelle que soit la couleur de leur peau, je les fuis comme le choléra. » (p. 104)

  • Prédominance de séquences narratives et descriptives traitant avec vraisemblance des pensées et des émotions de Ganaëlle ainsi que des contextes sociaux réels (Afrique et Ottawa); séquences dialoguées qui révèlent les valeurs profondes des personnages et aident à comprendre les relations qui existent entre eux.

« Certains jours j’ai mal. Très mal. Mal à hurler. Et je n’ai personne à qui crier ma rage, ma déception, ma peur. Surtout ma peur. » (p. 15)

« Affolé, grand-père a quitté le pays avec grand-mère, maman et mes deux tantes. Tous les cinq, ils se sont retrouvés dans un camp de réfugiés de l’autre côté de la frontière. La soif, la faim, la maladie, c’est ce qu’ils ont vécu. Grand-père est mort. Du choléra, mais aussi d’épuisement et de chagrin. Il avait peut-être cru, comme tant d’autres là-bas, en la réconciliation des ethnies. » (p. 27)

« – Je vais changer, papa.
– Ça ne changera pas ce que je ressens maintenant.
– Qu’est-ce que tu ressens?
– Un deuil. Je me sens en deuil de confiance.
– Je ne comprends pas.
– La confiance qui lie deux êtres, Ganaëlle, c’est ce qu’il y a de plus précieux. » (p. 46)

« – Parle, papa, j’en peux plus… Shoot.
– Ganaëlle, tu le sais, j’ai en horreur ce tressage insolite entre le français et l’anglais. Parle une seule langue à la fois, s’il te plaît. Et avec moi, c’est le français.
Je viens de faire reculer la conversation. Je me trouve bête. Maman a peut-être raison quand elle me traite d'hystérique! » (p. 71)

Référent(s) culturel(s)

  • Allusions à la réalité linguistique de la capitale nationale (p. ex., français en milieu minoritaire) et à la pluralité francophone.

« Il a fallu m'adapter vite au système scolaire d'ici, à un nouveau parler français, à des habitudes de vie surprenantes… pour moi. Et puis, j'ai dû apprendre à parler anglais. Dans ma classe, tout le monde connaît cette langue. Pour vivre à Ottawa, mieux vaut se débrouiller en anglais. J'ai vite compris ça! » (p. 22)

« Ce qui m'a complètement étonnée et désorientée, ce sont l'accent et l'intonation du français d'ici. La première semaine, j'ai cru entendre une autre langue. Sans compter que les expressions utilisées diffèrent beaucoup de celles auxquelles j'étais habituée là-bas. J'étais souvent perdue. Et j'avoue, au bord de la panique. » (p. 64)

 

Pistes d'exploitation

 

  • Proposer aux élèves, réunis en équipes, d'effectuer une comparaison entre l'immigrant et le réfugié, puis de faire part de leurs trouvailles au groupe-classe, sous la forme d'un schéma.  
  • Demander aux élèves, réunis en équipes, de se renseigner sur les organismes qui viennent en aide aux immigrants et aux réfugiés dans leur région. Animer une mise en commun afin de leur permettre de faire part de leurs trouvailles au groupe-classe.
  • Dans le cadre d'une discussion en groupe-classe, encourager les élèves à raconter des expériences d'immigrants ou de réfugiés (p. ex., celles de leurs grands-parents, parents, amis ou les leurs). Leur demander de tisser des liens (p. ex., ressemblances, différences) entre ces expériences et celles des personnages du roman.
  • Relire avec les élèves la scène dans laquelle une gérante de magasin fait preuve de discrimination envers Ganaëlle (p. 103-104). Leur proposer, réunis en équipes, de créer une affiche publicitaire dans le but de faire la promotion de l'inclusion, de l'accueil et du respect de l'autre, peu importe ses différences. Afficher les créations dans des endroits bien en vue dans l'école.

 

Conseils d'utilisation

 

  • Présenter ou revoir les caractéristiques de l'affiche publicitaire afin d'en faciliter la réalisation.
  • Avant la lecture, préparer le groupe-classe au thème de l'immigration afin d'éviter de susciter des réactions chez certains élèves (p. ex., nouveaux arrivants, réfugiés). Préciser que l'œuvre se voit un portrait de l'expérience fictive d'une famille de réfugiés, mais que cette expérience n'est pas nécessairement représentative de celle de chaque famille qui doit se déplacer d'un pays à un autre.
  • Pendant la lecture, accorder une attention particulière au contenu délicat de certains chapitres (p. ex., guerre civile dans un pays d'Afrique, allusions à la violence familiale, situation discriminatoire, défis de santé mentale). Selon le profil et les intérêts des élèves, leur permettre de réagir à certaines idées véhiculées et de s'exprimer sur les sujets abordés dans le respect des différences de chaque élève du groupe-classe.
  • Suggérer aux élèves d'explorer d'autres œuvres de Michèle Matteau, telles que Du chaos pour une étoile et Quatuor pour cordes sensibles, dont les fiches descriptives se trouvent dans FousDeLire.

 

Ressource(s) additionnelle(s)

 

  • IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 9e à 12e année, Série : Identité 2.0, La famille immigrante.
  • IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 7e à 12e année, Vidéos Vubble, Bienvenue au Canada : 150 ans d'immigration.
  • IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 9e à 12e année, Série : Vivre ici, divers épisodes.