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DO pour Dolorès

Dolorès est apparue dans ma vie un matin de mai. J’ai bien dit apparue. En plein cours de mathématiques.  La chevelure. C’est ce qui m’a d’abord frappée. Une espèce de tignasse incroyable, entre le blond platine et le roux flamboyant.

C’est seulement après le choc de la crinière que je l’ai aperçue, elle, dans sa totalité. Jamais je n’avais vu un tel mélange de styles et de couleurs sur une même personne. Une sorte de croisement entre la gitane, la hippie et la chanteuse western qui vous clouait sur place. J’étais clouée.

 

(Tiré de la quatrième de couverture du livre.)

À propos du livre

Contenu

  • Un personnage principal, Véronique, qui vit, à travers sa nouvelle amitié avec Dolorès, l’apprentissage du bonheur et de la douleur, dans toute l’inconscience de ses quatorze ans.

« Bizarrement, cela me plaisait de ne plus me reconnaître tout à fait. Alors, j’en ai ajouté. J’ai mis une petite veste, un foulard, une ceinture, puis j’ai attaché mes cheveux en plumeau et j’ai appliqué un peu de rose sur mes joues. […]
On s’est examinées longtemps, pétrifiées. […]
On a ri aux éclats. » (p. 59-60)

« Je me sentais aussi vide et laide que cette maison abandonnée. Depuis quatre mois, Do avait été mon courage, mon audace, ma folie et maintenant elle était partie. Et son père aussi.
J’ai fini par me coucher sur le divan, recroquevillée. Incapable de bouger. » (p. 121)

  • Quatre personnages secondaires interagissant avec Véronique, dont Dolorès, sa nouvelle amie, qui lui insuffle le goût du risque, le père de Dolorès, responsable de la disparition inexpliquée de cette dernière, JFK, son ami toujours fidèle, ainsi que sa mère, aimante et attentionnée.

« – Imagine que tu me voies pour la première fois. Qu’est-ce que tu penses de mon linge, de mes souliers, de mon style?
C’était le genre de questions que posait Dolorès. Subtiles et directes comme un coup de poing au visage. » (p. 54)

« – […] Mon père n’avait pas d’argent pour payer le loyer. Encore une fois, son affaire en or n’avait pas marché. […]
– […] Il a fait tellement de métiers : importateur de gogosses Made in Taiwan, photographe de touristes, raconteur d’histoires sur l’Abitibi dans un bar, à Joliette. […]
– J’avais l’habitude de déménager en vitesse. Mon père, quand il a décidé de partir, il faut que ça saute. » (p. 127-128)

« On marche lentement. Je frissonne. Il me passe son blouson.
Il ne dit rien du tout. Je prends sa main : « Merci, JFK. Merci mille fois d’être là. » Il rougit. Et moi aussi. » (p. 136)

« Si je ne dépense pas trop, je pourrai me payer un petit voyage. Je m’imagine au terminus avec mon sac à dos. JFK, peut-être, à côté de moi, venu me dire au revoir. Ma mère, assurément, nerveuse et excitée, qui me donne dix mille conseils à la minute. » (p. 138)

  • Roman jeunesse contemporain, dont le récit alterne entre les recherches pour retrouver l’amie disparue et les meilleurs moments passés avec elle, quelque deux ans plus tôt; thèmes (p. ex., amitié, différence, acceptation, recherche de soi, rêve) aptes à intéresser le lectorat visé.
  • Mise en page simple; œuvre répartie en quatorze courts chapitres titrés; éléments graphiques (p. ex., guillemets, points de suspension, italiques, parenthèses, tirets) facilitant l’interprétation du texte; renseignements sur l’auteure et dédicace au début; titres d’autres œuvres de la collection à la fin du livre.

Langue

  • Registres de langue courant et familier dans l’ensemble de l’œuvre; quelques mots moins connus (p. ex., cramoisi, coquetiers, gloussé, similibois, débine) compréhensibles grâce au contexte; mots anglais (p. ex., deal, please help me, business) dans les dialogues, reflétant la dualité linguistique du milieu et contribuant à la vraisemblance des personnages.
  • Phrases de base, phrases transformées et phrases à construction particulière; variété de types et de formes de phrases; abondance de phrases courtes, lourdement ponctuées, contribuant à la vraisemblance des personnages.

« Cette phrase, je l’ai entendue des dizaines de fois, dans la bouche de mes tantes, de mes oncles, quelquefois de ma mère, les soirs de fête, quand elle avait bu du vin : « Ton père, ma fille, il est parti dans la brume. » Quand j’étais petite, je l’imaginais disparaître dans une épaisse fumée, près d’un lac, s’engouffrer dans la forêt.
– Depuis quand? a insisté Do.
– J’avais six ans.
– Est-ce que tu rêves à lui, des fois?
– Euh… Je… Non. Oui. Je ne sais pas.
Elle me sciait avec ses questions. » (p. 73)

« Elle a relevé la tête, a essuyé rapidement ses yeux, esquissé un semblant de sourire.
– À toi, maintenant.
Elle ne perdait pas le nord, Dolorès. Pas moyen d’échapper aux règles du jeu.
– Bon, mais je te préviens, c’est ridicule.
– Vas-y.
J’ai voulu parler de l’image de la brume où mon père disparaissait. Au lieu de cela, j’ai balbutié :
– Mon père, je… J’aimerais ça le voir surgir du brouillard. J’aimerais me cacher quelque part et le regarder sortir lentement de la fumée. Seulement le regarder. » (p. 75)

  • Nombreuses figures de style (p. ex., énumération, comparaison, anaphore, métaphore) qui enrichissent le texte; hyperboles surabondantes traduisant une propension au drame.

« Je prends un magazine sur le divan, je le feuillette distraitement. Des hommes politiques en complet gris, une annonce de rouge à lèvres, une vedette de la télévision, une auto de luxe… » (p. 27)

« Toute la classe avait gloussé. De soulagement d’abord : on la fuyait tous comme une pestiférée depuis qu’elle était arrivée. » (p. 31)

« On marche en silence vers le métro. J’essaie de mettre de l’ordre dans les images qui se superposent dans ma tête : une fille aux longs cheveux habillée comme une gitane, une fille au crâne rasé qui disparaît dans la foule. Une fille aux longs cheveux qui me fixe droit dans les yeux. Une fille au crâne rasé qui dévore un roman entre deux commandes de hamburgers. Une fille aux longs cheveux, un après-midi de juin, qui me tire par le bras en répétant : « Allez, Véro, on le fait! » » (p. 48-49)

« Ça coule en petites rigoles bien tracées sur mes joues, mon menton, mon cou. Toutes les larmes emmagasinées quelque part dans je ne sais quel immense réservoir entre mon cœur et mon estomac. […]
Je ne savais pas qu’il y avait tant d’eau à l’intérieur de moi. Je baisse les yeux, étonnée de ne pas voir une immense flaque à mes pieds. » (p. 133-134)

« – […] Le Saint-Laurent au complet a coulé de mes yeux. Maintenant, ça va mieux. Je me sens plus légère. C’est lourd à porter, tout un fleuve dans l’estomac. » (p. 135-136)

  • Séquences narratives, descriptives et dialoguées, qui permettent de s’immiscer dans l’esprit des personnages et aident à comprendre les relations qui existent entre eux.

« La carte était parsemée de petites épingles colorées. J’étais soufflée.
– Tu as vraiment vécu dans toutes ces villes?
– Attends, j’ai oublié Québec. C’était entre Val-d’Or et Joliette, je crois. Je ne m’en souviens presque pas. Ça n’a duré que quelques mois.
– Pourquoi avez-vous déménagé aussi souvent?
J’ai cru voir une ombre traverser ses yeux. Elle a détourné la tête.
– Mon père aime le changement.
– Oui, d’accord, mais neuf villes en moins de quinze ans…
[…]
Je me sentais ridicule avec mon unique drapeau planté sur Montréal.
[…]
Peut-être pour me rendre intéressante, je ne sais pas, j’ai piqué une autre épingle à l’extrémité de la carte, sur Natashquan, un village de la Basse-Côte-Nord. L’effet a été immédiat.
– Tu as déjà habité là? a demandé Do, incrédule.
– Euh… Non. Mais j’aurais pu.
– Comment ça?
C’est là que vit mon père.
– Ton père? Tu sais où il est? s’est exclamée Do, soudainement intéressée. » (p. 91-92)

Référent(s) culturel(s)

  • Mention de lieux francophones du Québec (p. ex., Abitibi, Cap-de-la-Madeleine, Amqui, Val-d’Or, Joliette, Havre-Saint-Pierre et Natashquan).
  • Quelques allusions à des œuvres de la francophonie internationale (p. ex., Les misérables, Le comte de Monte-Cristo, Les trois mousquetaires).

Pistes d'exploitation

  • Animer une discussion sur l’illustration de la page couverture. Demander aux élèves, regroupés en dyades, de créer une nouvelle page couverture en tenant compte de l’intrigue. Afficher les créations dans la salle de classe.
  • Proposer aux élèves, réunis en dyades, de rédiger une suite plausible à l’histoire, s’organisant autour d’une rencontre entre Véronique et son père. Les inviter à présenter leur travail au groupe-classe sous la forme d’une saynète.
  • Inviter les élèves à prendre part à une table ronde portant sur la question suivante : Que signifie la marginalité dans une société? Appuie ta réponse à partir d’exemples tirés du texte.

Conseils d'utilisation

  • Avant la lecture, discuter des séquelles que peut laisser une amitié rompue.
  • Revoir les règles de la table ronde.
  • Inciter les élèves à lire une autre œuvre de la même auteure, soit Carmen en fugue mineure, dont la fiche pédagogique se trouve dans FousDeLire.

Ressource(s) additionnelle(s)

  • IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 7e à 12e année, Série : La vie compliquée de Léa Oliver, divers épisodes.
  • IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 9e à 12e année, Série : Ainsi va Manu, divers épisodes