- Registre de langue courant dans l'ensemble de l'œuvre; emploi de quelques mots nouveaux expliqués dans le glossaire (p. ex., moré, paludisme) ou définis dans le texte (p. ex., bissap, nassara); emploi occasionnel d'expressions familières, de mots anglais et de mots composés inventés (p. ex., le-plus-tout, arbre-bouteille, couche-pagne), compréhensibles à l'aide du contexte.
« Tandis qu'Awa se concentre sur sa collation, Béa s'amuse avec Amadou. Elle le berce et le cajole. […] Elle s'entraîne à prendre soin du plus beau bébé du Burkina. » (p. 32)
« – Mon jus préféré : le bissap. Fabriqué avec des fleurs d'hibiscus. Comme celles que tu as jetées dans la piscine. » (p. 33)
« – Le baobab est une sorte d'arbre-bouteille. Il peut emmagasiner plus de 120 000 litres d'eau. Son tronc agit comme une éponge; quand il pleut, l'arbre absorbe l'eau et le tronc gonfle. » (p. 44)
- Emploi de phrases de base, de phrases transformées et de phrases à construction particulière; plusieurs phrases courtes, voire elliptiques; nombreuses phrases exclamatives, interrogatives et impératives traduisant les émotions et les éclats de voix dans les dialogues.
« En apercevant Béa, la fillette aux tresses en pics s'écrie :
– Où est mon frère?
À bout de souffle, tremblante, Béa n'arrive pas à répondre.
– Où est mon frère? répète Kadi plus fort.
– Viens! Vite!
[…]
Kadi la saisit par les épaules et lui crie :
– Où est mon frère?
Béa sanglote.
– Sais pas… Comprends pas. Il a… disparu.
– Disparu?! Il ne peut même pas marcher!
Le ciel vire au noir. Des éclairs lancent leurs zigzags au-dessus des deux fillettes. Kadi tape du pied et frappe la tête de Béa avec son index.
– Il y a quoi là-dedans? Rien? Tu as une calebasse vide au lieu d'une tête! » (p. 88-89)
- Nombreuses figures de style variées (p. ex., interjection, comparaison, personnification, énumération, répétition, anaphore, antithèse) et expressions imagées qui enrichissent le texte et permettent d'apprécier le style poétique de l'auteure.
« Béa rougit. Dieudonné sourit.
– Oh! ton visage est aussi rouge qu'un hibiscus. » (p. 33)
« La fillette a l'impression que le vieux baobab ricane, qu'il se moque à son tour. » (p. 45)
« Elle se tourne vers Dieudonné et lui déclare solennellement :
– Tu es le plus gentil, le plus intelligent, le plus patient, le-plus-tout ! » (p. 52)
« Allo?! Il y a quelqu'un? Il y a quelqu'un?
Pas de réponse. Personne. Personne pour lui dire comment apaiser un bébé affamé. Personne pour lui dire comment consoler un poupon inconsolable. » (p. 81-82)
« La nuit arrive à pas de loup. » (p. 105)
« Du haut de ses vingt mètres, il observe les deux têtes rapprochées, la blonde et la noire. Ce doit être ça l'amitié : deux jambes blanches et deux jambes brunes dans un même pan de robe. » (p. 122)
- Séquences descriptives apportant des précisions sur les lieux, les événements et les personnages.
« Dans la forêt, il fait encore plus noir que sur la route. Cette fois, Béa ouvre la marche et Kadi suit. Elles entendent des bruits inquiétants, devinent des mouvements mystérieux dans l'obscurité. Les branches des arbres ressemblent à de longues mains crochues…
[…]
Béa s'avance jusqu'au baobab, en fait le tour. Dans l'enchevêtrement de racines où reposait Amadou, il y a… des racines. Rien que des racines. Pas de robe souillée. Pas de message. Aucun signe des gens qui ont emmené le bébé.
Tout le malheur du monde pèse sur les épaules de Béa. Elle ferme les yeux, presse son visage contre l'écorce lisse. Si seulement le baobab pouvait parler, lui dire qui a pris le bébé. D'un pas lourd, elle retourne vers Kadi. » (p. 117-118)
- Nombreuses séquences dialoguées permettant de mieux comprendre les états d'âme des personnages ainsi que les relations entre eux.
« Les filles contemplent le ciel en silence. Béa dit tout bas :
– Je n'ai jamais eu d'amie africaine.
Le nez toujours en l'air, Kadi ne bronche pas.
– Tu as déjà eu une amie blanche?
– Non.
Béa hésite, puis lance sa question, espérant qu'elle ne tombera pas dans le vide.
– Est-ce qu'on pourrait être amies, toi et moi?
Kadi grimace.
– Impossible.
– Pourquoi?
– Tu as ton école, tes cours de tennis, ta piscine, tes copines blanches… Moi, j'ai une robe sale et des arachides à vendre. Parfois, j'ai aussi des poux.
– Arrête de parler tout le temps de ma piscine ou de mon frigo. Ça n'a rien à voir avec l'amitié.
Kadi soupire :
– Tu ne comprends rien nassara…
– Arrête de m'appeler nassara!
– Béa, tu ne vois donc pas qu'une amitié entre celle-qui-a-tout et celle-qui-n'a-rien, c'est comme une amitié entre un hippopotame et une fourmi? Impossible et impensable. » (p. 126-127)