Contenu
- Personnage principal, la belle Lurette, la fille du forgeron Riopel, qui voit son destin contrarié par un accord passé entre son père et le prince des ténèbres et lui interdisant d’épouser son amoureux ou tout autre homme.
« Le Yable roula son papier, rembarqua dans son nuage de boucane. Avant de partir pour de bon, il héla l’homme de fer une dernière fois.
– Arghhh! Ti-Bust! Il faut que je te dise. Sur l’entente que t’as signée, c’est marqué, à la clause trois, qu’en échange des fers, tu m’autorises à prendre possession de l’âme de ta fille le jour où elle se mariera… Ah! Ah! Argghhh!
(L’âme de Lurette ?)
Le forgeron manqua de perdre connaissance. » (p. 36)
- Quelques personnages secondaires, dont Dièse, l’amoureux de la belle Lurette, Ésimésac Gélinas, l’homme le plus fort du village, qui entre en conflit avec le forgeron, Babine, le fou du village, ainsi que le curé, gardien de la religion.
« Le meilleur ami de Lurette, c’était Dièse. (Surnommé ainsi parce qu’il parlait toujours un demi-ton plus haut que tout le monde.) Jeune chiqueux de tabac, rempli au bord des mêmes rêves et passions que la belle, Dièse fleuretait Lurette depuis l’enfance, sur les carreaux de la marelle. Il trouvait la fille en or tellement de son goût qu’il avait les yeux gercés d’avoir trop regardé ses lèvres. » (p. 19)
« Le forgeron allait baisser le volume du pétillage pour que la conversation puisse se continuer en lettres minuscules.
– Écoute, Ésimésac! Je vas te demander de respecter mes opinions. Quand tu viens chez nous, tu parles comme moi!
Le cerveau de l’homme fort demandait plus d’explications.
– En bon français, tu vas me répéter la même phrase que tu viens de dire. En seulement, tu vas inverser le ²M² puis le ²F².
Ah! Ésimésac réfléchit, calcula. Ti-Bust attendait, attentif, d’entendre sa version corrigée. Plusieurs minutes de mijotage, de bouillonnement… Ésimésac jonglait, se concentrait, puis, finalement, il arriva à un résultat. […]
Le colosse venait de tomber en beau maudit! […]
– TU ME VERRAS PLUS LA FACE ICITTE, TI-BUST! (p. 28-29)
« Dans mon village, pas pire qu’ailleurs, on avait aussi notre fou. Babine, qu’il s’appelait. Fils unique de la Sauvagesse, notre élu à la folie passait ses journées à arpenter les rues du village, à la recherche de quelque besogne. Comme il errait sous la main, les habitants avaient vite compris qu’on pouvait en profiter. Oui! En homme de cœur, pour le plaisir de rendre service, Babine s’était bien vite ramassé avec les pires jobines. » (p. 54)
« Puis le curé du village, chargé du maintien de la foi de ses paroissiens, ça ne lui plaisait pas ce charabia-là. Son devoir lui imposait de prêcher contre l’ivrognerie. » (p. 70)
- Recueil de contes du village dans lequel l’auteur rapporte, tout en y ajoutant des commentaires personnels, les histoires que lui avait contées sa grand-mère; thèmes (p. ex., fantaisie, sorcellerie, légende) qui sauront capter l’intérêt du lectorat visé.
- Mise en page aérée; œuvre répartie en 13 courts récits titrés; éléments graphiques (p. ex., parenthèses marquant un aparté, majuscules, tailles de police servant notamment à indiquer un changement de ton de voix ou à ajouter un élément visuel à une explication, symboles pour marquer un changement de scène ou un laps de temps) qui facilitent l’interprétation du texte; photos en noir et blanc des habitants du village, présentées en médaillons ovales; disque compact enregistré en 2000 et dont le contenu, à cause de l’oralité, diffère de la version écrite, mais qui contient tout autant son cachet particulier; renseignements sur la maison d’édition sur le rabat de la première de couverture du livre; table des matières, dédicaces et avant-propos au début; citations au début de chacun des récits; épilogue et photo de Bernadette Pellerin à la fin; crédits pour le CD sur le rabat de la quatrième de couverture; notes biographiques sur l’auteur à la quatrième de couverture.
Langue
- Registres de langue courant et familier dans l’ensemble de l’œuvre; quelques mots moins connus (p. ex., narcisse, forçages, trépassèrent, ameute, alambiqueuses) compréhensibles à l’aide du contexte; nombreuses expressions familières (p. ex., jusqu’icitte, son joual, quinze piasses, les tounes, drette) reflétant le dialecte des habitants du village.
- Phrases transformées et phrases à construction particulière; variété de types et de formes de phrases (p. ex., déclarative, exclamative, impersonnelle, négative, impérative); phrases généralement longues dans les séquences narratives.
« Dans sa sagesse, la belle fille l’endurait. Ce n’est pas parce que ça ne l’énervait pas, mais c’était son principe d’honnêteté qui l’empêchait de s’en débarrasser. Prise avec son cœur d’or, elle ne pouvait même pas inventer un minuscule mensonge pour acheter la paix! » (p. 45)
« Des bonbons!?! Tous collés ensemble dans une motte.
(Vous savez, cette sorte de nanannes-là qu’on trouve chez les grands-mères. Des sucreries qui se côtoient depuis tellement d’éternités qu’elles finissent par se figer en tapon!)
– Ça, Lurette, c’est des bonbons à la MENTE…
– Ah! Non, laissez faire, marraine.
– Écoute-moi, ma fille! C’est des clandailles à la mente. Pas à la menthe qui goûte la menthe, mais à la mente qui goûte la menterie. Avec un bonbon de même, ma belle, tu sauras te sortir de n’importe quel pétrin. Tu sauras trouver le mensonge qu’il faut. Prends-en un! » (p. 47-48)
- Nombreux procédés stylistiques et lexicaux (p. ex., comparaison, jeu de mots, métaphore, gradation, personnification) créant un langage poétique et humoristique particulier.
« Dès la première sueur du jour, on pouvait l’entendre, comme une fanfare, battant le fer à plein régiment. » (p. 12)
« « Oui! Des mots coupants, taillés à la hache. Aujourd’hui, ti-gars, l’Orifice de langue française vous coupe le verbe sous le pied de la lettre […] » » (p. 17)
« (… les lèvres de Dièse se posèrent sur les pétales de Lurette.) » (p. 22)
« Les jours passèrent, devinrent des semaines, puis des mois qui s’enfilent. » (p. 31)
« Derrière l’automne et l’attente, l’hiver s’était pointé le nez. » (p. 82)
- Nombreuses séquences descriptives et explicatives servant à donner une image détaillée des personnages et à éclairer leurs réactions; séquences dialoguées permettant de saisir les émotions des personnages.
« (Ésimésac Gélinas – j’allais oublier de vous le présenter! –, c’était l’homme fort de mon village : un colosse pesant aux alentours des huit cents livres de muscles – sans compter ni les os, ni la peau! –. Tellement grand, le bonhomme, qu’il devait acheter de la colonne vertébrale en rouleau de quinze pieds. Avec ça, attachés aux épaules, des bras qui traînaient à terre, puis des mains plus grandes que des rames. Un Hercule qui, malgré la taille de ses suyiers – il chaussait du dix-sept –, n’était pas du genre à se laisser marcher sur les pieds.) » (p. 27)
« 1. Ésimésac avait dit :
MA FEMME EST FOLLE DES MESSES, ELLE LES ÉCOUTE AU MF!
2. Ti-Bust, fâché d’entendre prononcer « MF », avait demandé à Ésimésac d’inverser le « M » et le « F ».
On aurait alors dû voir apparaître :
MA FEMME EST FOLLE DES MESSES, ELLE LES ÉCOUTE AU FM!
3. Toutefois, répétant sa phrase silencieusement, Ésimésac n’avait pas procédé à l’inversion au bon endroit.
Il avait alors vu apparaître :
MA FEMME EST MOLLE DES FESSES, ELLE LES ÉCOUTE…
À la dernière étape de son raisonnement, Ésimésac avait conclu que la remarque de Ti-Bust était une attaque envers lui, envers sa femme et son derrière. » (p. 30)
Référent(s) culturel(s)
- Référence à la francophonie canadienne : plusieurs des histoires racontées par l’auteur, inspirées de la tradition orale québécoise.
- Citations d’auteurs canadiens ou français dans les textes placés en exergue de chaque conte (p. ex., Pierre Châtillon, Louis Hémon, Jacques Prévert, Guillaume Apollinaire).
Pistes d'exploitation
- Proposer aux élèves, regroupés en dyades, de rédiger la fin de la chanson à la page 21, puis d’en composer la musique. Animer une mise en commun afin de leur permettre de présenter leur travail au groupe-classe.
- Demander aux élèves, réunis en équipes, de transformer le conte de Dièse (p. 20 à 23) dans un autre format (p. ex., bande dessinée, saynète), puis de présenter leur travail au groupe-classe.
- Après la lecture et l’écoute du CD, suggérer aux élèves, regroupés en équipes, de reprendre un conte et de le raconter au groupe-classe à haute voix à la manière de Fred Pellerin.
Conseils d'utilisation
- Présenter le CD de Fred Pellerin et établir des comparaisons avec le travail d’autres artistes (p. ex., Sol, Michel Barrette).
- Inciter les élèves à lire d’autres contes du même auteur, soit Il faut prendre le taureau par les contes! et Comme une odeur de muscles, dont les fiches pédagogiques se trouvent dans FousDeLire.
Ressource(s) additionnelle(s)
- IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 4e à 10e année, Série : Contes à la belle étoile, divers épisodes.
- IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 9e à 12e année, Série : Amalgame, Gérald Laroche à Saint-Élie-de-Caxton.