- Contes de village racontant la vie et les déboires de quelques habitants du village de Saint-Élie-de-Caxton dont l’humour et les thèmes (p. ex., fantaisie, sorcellerie, légende) intéresseront le lectorat visé.
« Aujourd’hui, ti-gars, avec les cadrans qui tic-taquent à batterie, l’éternité a refoulé d’un bon bout. Par les temps qui courent, ça marche plus. […] C’est rendu que même le poulet puis le jambon sont pressés! » (p. 11)
« Juste avant que le soleil étire l’aube au-dessus de sa catalogne de montagnes, les lutins s’arrêtèrent de gigoter. S’approchant de Babine pour le remercier, celui-là qui portait la barbe bleue lui offrit un cadeau bien spécial.
– En échange de tes airs, on va te permettre de choisir entre deux souhaits. T’as le choix entre la richesse… ou la beauté… On te donne la fortune ou on t’enlève ta bosse! » (p. 120)
« Vitement, dans une petite marmelade magique, puis quelques simagrées étranges, les lutins procédèrent à la sorcellerie. La bosse fondit… » (p. 121)
« (L’arbre existe encore, à l’heure où j’écris ces lignes. C’est un arbre qui ressemble étrangement à un forgeron. Un homme de fer devenu bois! […] Quand le vent du soir se lève, dans mon village, il se trouve quelques soupirs pour s’infiltrer dans la flûte. Au coucher du soleil, c’est la complainte du forgeron qu’on entend…) » (p. 126)
- Un personnage principal, la belle Lurette, la fille du forgeron Riopel, entourée de nombreux personnages secondaires parmi lesquels Dièse, son amoureux, et Babine, le fou du village.
« Lucienne : elle était comme un printemps à l’année longue! Une beauté quatre saisons! L’or, ça lui donnait une peau dorée comme un soleil. Avec ça, son père l’avait parée de grands yeux luisants, ronds comme des lunes, avec de petites étoiles brilleuses là-dedans. Lucienne! Il aurait fallu être aveugle pour ne pas se laisser charmer.
Comme une princesse de conte, elle devint une référence en frais de beauté, un mythe, une légende que vous avez sûrement entendu conter. Lucienne Riopel! On la surnommait Lurette, la belle Lurette… » (p. 16)
« Le meilleur ami de Lurette, c’était Dièse. (Surnommé ainsi parce qu’il parlait toujours un demi-ton plus haut que tout le monde.) Jeune chiqueux de tabac, rempli au bord des mêmes rêves et passions que la belle, Dièse fleuretait Lurette depuis l’enfance, sur les carreaux de la marelle. Il trouvait la fille en or tellement de son goût qu’il avait les yeux gercés d’avoir trop regardé ses lèvres. » (p. 19)
« Dans mon village, pas pire qu’ailleurs, on avait aussi notre fou. Babine, qu’il s’appelait. Fils unique de la Sauvagesse, notre élu à la folie passait ses journées à arpenter les rues du village, à la recherche de quelque besogne. » (p. 54)
- Un narrateur omniprésent, l’auteur lui-même, rapportant, tout en y ajoutant des commentaires personnels, des histoires que lui avait contées sa grand-mère; quelques narrateurs occasionnels parmi les habitants (p. ex., Dièse) racontant des aventures teintées de fantastique.
« Ma grand-mère disait que l’histoire s’est passée dans le temps où c’est que du temps, il y en avait encore. » (p. 11)
« Depuis quelque temps, parmi les responsabilités municipales qu’on refilait à Babine, il y avait celle d’allumer les lumières de rues. […]
Entre chien et loup, tous les soirs, Babine parcourait le village. On l’entendait venir, au son de la ruine-babines qu’il portait à sa bouche pour siffloter des airs semblables à des berceuses. C’est lui qui installait le soir sur mon village, tout doucement, en transmettant la flammèche aux lanternes. » (p. 75-76)
« Si ça serait pas vrai, mes amis, je serais pas ici à vous conter mon histoire. C’est simple, puis je vais être honnête avec vous autres : je vous tourmenterai pas pour vous faire accroire mes affaires. En seulement, je vous assure que sans ce crapaud-là, je serais pas ici pour vous parler… » (p. 102)
- Nombreuses séquences textuelles (p. ex., descriptives, explicatives) servant notamment à donner une image précise des personnages et à éclairer leurs réactions.
« (Ésimésac Gélinas – j’allais oublier de vous le présenter! -, c’était l’homme fort de mon village : un colosse pesant aux alentours des huit cents livres de muscles – sans compter ni les os, ni la peau! -. Tellement grand, le bonhomme, qu’il devait acheter de la colonne vertébrale en rouleau de quinze pieds. Avec ça, attachés aux épaules, des bras qui traînaient à terre, puis des mains plus grandes que des rames. Un Hercule qui, malgré la taille de ses suyiers – il chaussait du dix-sept -, n’était pas du genre à se laisser marcher sur les pieds.) » (p. 27)
« 1. Ésimésac avait dit :
MA FEMME EST FOLLE DES MESSES, ELLE LES ÉCOUTE AU MF!
2. Ti-Bust, fâché d’entendre prononcer "MF", avait demandé à Ésimésac d’inverser le "M" et le "F".
On aurait alors dû voir apparaître :
MA FEMME EST FOLLE DES MESSES, ELLE LES ÉCOUTE AU FM!
3. Toutefois, répétant sa phrase silencieusement, Ésimésac n’avait pas procédé à l’inversion au bon endroit.
Il avait alors vu apparaître :
MA FEMME EST MOLLE DES FESSES, ELLE LES ÉCOUTE…
À la dernière étape de son raisonnement, Ésimésac avait conclu que la remarque de Ti-Bust était une attaque envers lui, envers sa femme et son derrière. » (p. 30)
- Parenthèses marquant un aparté avec le lectorat; caractères typographiques variés (p. ex., majuscules, grandeurs de police) servant notamment à indiquer un changement de ton de voix ou à ajouter un élément visuel à une explication; photos en noir et blanc d’habitants du village présentées en médaillon ovale; disque compact enregistré en 2000 et dont le contenu, à cause de l’oralité, diffère de la version écrite, mais contient tout autant son cachet particulier.
« (Ce qui se brassa là, pour être honnête avec vous, je ne le sais pas exactement. Ma grand-mère elle-même ne pouvait rien m’assurer, rapport que personne n’a eu le droit d’assister aux opérations. Personne! Pas même la femme de Ti-Bust!) » (p. 14)
« – QU’EST-CE QUE TU DIS, ÉSIMÉSAC?
– C’EST POUR FAIRE RÉPARER MA CHAÎNE, que répondit le surhomme. » (p. 27-28)
« Trotte, galope encore, puis envoye par là, ralentis pas, que les pattes du joual, raccourcissaient, raccourcissaient, raccourcissaient, raccourcissaient, raccourcissaient, raccourcissaient. » (p. 32)