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Bonbons assortis au théâtre

Lorsque Michel Tremblay ouvre la boîte des bonbons assortis de son enfance, il donne à déguster de succulentes scènes qui sont des bonheurs de souvenirs […]

En évoquant les « Nowells » de son enfance et d’autres épisodes qui ont marqué sa jeunesse, il montre en même temps, dans de savoureux dialogues, comment s’est formée l’extrême sensibilité de son écriture à travers les filets de la mémoire trompeuse.

Des bonbons mous, des durs, des fondants, des caramélisés, toujours des gourmandises remplies d’émotion pure.

(Tiré de la quatrième de couverture du livre.)

À propos du livre

Contenu

  • Monologue d’ouverture dans lequel le narrateur explique à l’auditoire que la mémoire peut être mensongère et ne reflète pas nécessairement la réalité.

    « LE NARRATEUR. La mémoire est un miroir qui choisit les images qu’il veut réfléchir. La mémoire est un miroir trompeur. La mémoire est une tricheuse. Elle embellit ou enlaidit, elle interprète à son gré et conclut comme elle l’entend, elle ment sans vergogne et nous conduit la plupart du temps dans des avenues que notre conscience nous conseillerait de ne pas emprunter mais qui semblent tellement irrésistibles et prometteuses… » (p. 11)
     

  • Auteur s’intégrant dans l’action par le truchement du narrateur et du personnage principal, le petit Michel âgé de six ans; quelques personnages fétiches de l’auteur parmi lesquels Nana (la mère), Victoire (la grand-mère), Josaphat-le-Violon (l’oncle), Albertine (la tante) et Gabriel (le père).

    « LE NARRATEUR. […] Pour mon plus grand bonheur, quand j’écris, parce qu’il n’y a rien que j’aime plus dans la vie que de ressusciter ces personnages de mon enfance, les décrire et les faire parler… » (p. 11-12)

    « LE NARRATEUR. Ne me cherchez pas, je suis caché sous la table, comme d’habitude, et j’écoute ce qui se dit au-dessus de moi. » (p. 12)

    « NANA. Sacre pas comme ça, le petit est en dessous de la table! » (p. 14)

    « VICTOIRE. Pour une fois! J’ai élevé quatre s’enfants sans t’attendre, je te ferai remarquer! Pis t’en as marié un! Pis j’t’entends pas te plaindre de lui souvent! » (p. 15)

    « JOSAPHAT, au narrateur. À c’t’heure que j’ai pus d’haleine, j’vas avoir le droit de t’approcher… Viens embrasser ton oncle Josaphat. » (p. 84)
     

  • Intrigue témoignant d’une époque et d’un milieu social dont les thèmes (p. ex., famille, fierté, pauvreté) intéresseront le lectorat visé.

    « LE NARRATEUR. […] Les écouter me donne encore plus l’impression de faire partie d’une vraie famille que lorsqu’on s’adresse à moi… » (p. 12-13)

    « NANA. Ouan… C’est ça que je dis souvent, ces temps-ci… Ben c’est ça, l’orgueil, pas vouloir que les autres sachent que t’es pauvre… Pour pas qu’y rient de toi… Ou parce que t’as honte… C’est ben d’autres choses, aussi, mais ça va être toute pour à soir… » (p. 36-37)

    « NANA. Une piasse! T’oses venir me demander une piasse quequ’jours avant Nowell pour t’acheter vingt petits Chinois! Sais-tu ce que ça représente, pour nous autres, une piasse? Hein? » (p. 60)
     

  • Nombreux procédés théâtraux parmi lesquels des apartés destinés au public, du comique de gestes et des monologues de personnages s’adressant au narrateur et lui racontant des souvenirs susceptibles de favoriser la création.

    « LE NARRATEUR. […] puisque vous êtes là, puisque vous avez choisi de débourser de l’argent durement gagné pour assister à ce qui va se passer sur cette scène… » (p. 11-12)

    « ALBERTINE, de la coulisse. J’vas aller m’enfermer avec vous, moman, j’ai trop peur!
    VICTOIRE. Le garde-robe est trop petit… » (p. 48)

    « JOSAPHAT. J’pourrais te raconter mon histoire de chasse-galerie que t’aimes tant, t’sais, là, la celle avec le yable lui-même en personne […]
    VICTOIRE. Cher tit-gars, je pourrais t’en conter, des histoires, à te faire frémir, à te faire dresser les cheveux sur la tête, à te faire trembler pour le reste de tes jours… » (p. 104)
     

  • Nombreuses didascalies précisant le temps et le lieu de l’action et donnant des directives sur l’attitude que doivent adopter les personnages.

    « La lumière se fait sur la salle à manger d’un appartement montréalais des années quarante. » (p. 12)

    « Elles baissent la tête, détournent les yeux. » (p. 30)

Langue

  • Registre de langue courant dans la narration et dans les didascalies; registre populaire (joual) dans les séquences dialoguées traduisant avec tendresse l’origine sociale des personnages.

    « LE NARRATEUR. […] Ce que vous allez voir dans les scènes qui suivent, par exemple, s’est vraiment produit quand j’étais enfant, c’est-à-dire que les faits sont vrais… » (p. 11)

    « Gabriel et le narrateur sont sur le balcon qui surplombe la rue Fabre.                    
    Pluie, éclairs, tonnerre. » (p. 53)

    « ALBERTINE. C’est laitte, un ange en haut d’un arbre de Nowell à’ place d’une belle étoèle, quand est-ce que vous allez comprendre ça! » (p. 78)
     

  • Vocabulaire simple, champs lexicaux et sémantiques liés notamment au temps des Fêtes et aux aléas de la vie.

    « LE NARRATEUR. Quand arrive le temps des Fêtes, chaque année, une douce folie s’empare de la maison. Ça commence par sentir les tartes aux pommes (on en mange rien qu’une fois par année et ça nous rend fous, on peut en manger à se rendre malades…), ensuite ça sent les beignes […] puis, quelques jours avant Noël, le sapin fait son apparition. […] Avec le reste, ma mère garnit la table du réveillon. » (p. 57)

    « VICTOIRE. […] Des histoires de malheurs trop grands pour les ceuses à qui ça arrive, des histoires d’amour qui ont pas de bons sens, d’enfants qui viennent au monde même si y devraient pas, de déménagements en ville qui servent à rien parce qu’y règlent rien pantoute, de vies complètes, mon petit gars, de vies complètes gâchées pour l’amour de l’amour, pour un amour défendu qui arrive pas à se décrocher, qui arrive pas à s’éteindre, qui arrive pas à mourir même si y aurait pas dû venir au monde… » (p. 104-105)
     

  • Écriture originale; comique de mots, nombreux procédés de style créant des images fortes et des personnages hauts en couleur; phrases courtes, nombreux signes de ponctuation (p. ex., points d’exclamation, points de suspension) créant un rythme et rendant le dialogue vraisemblable. 

    « ALBERTINE. C’pas juste une oreille, c’t’enfant-là, c’est tout un nez, aussi! » (p. 19)

    « VICTOIRE. Tu m’as faite faire le saut, grand fanal éteindu! » (p. 52)

    « LE NARRATEUR. J’vois rien!
    GABRIEL. Comment ça, tu vois rien!
    LE NARRATEUR. J’ai les yeux fermés! » (p. 53)

    « NANA. T’as oublié quequ’chose ou, plutôt, quelqu’un…
    VICTOIRE. Ben oui…
    ALBERTINE. Pauvre elle…
    LE NARRATEUR. J’ai oublié quelqu’un?
    GABRIEL. Ben oui…
    JOSAPHAT. Lise Allard! » (p. 102)

Référent(s) culturel(s)

  • Nombreuses références à la société québécoise de langue française de l’époque (p. ex., joual, nourriture, temps des Fêtes).

Pistes d'exploitation

  • Demander aux élèves de comparer Bonbons assortis au théâtre au recueil de récits Bonbons assortis du même auteur.
  • Inviter les élèves à interpréter une partie ou l’ensemble de la pièce.
  • Suggérer aux élèves intéressés de lire d’autres œuvres de l’auteur et, si possible, les inviter à assister à la représentation d’une pièce de théâtre.

Conseils d'utilisation

  • Présenter Michel Tremblay et situer cette pièce dans l’ensemble de son œuvre.
  • Si nécessaire, aider les élèves à comprendre le joual utilisé dans la pièce.
  • Durant la lecture, discuter de certaines pratiques de l’époque (p. ex., la « vente de petits Chinois »).

Ressource(s) additionnelle(s)

  • IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 10e à 12e année, Entre les mains de Michel Tremblay.