Contenu
- Un personnage principal, l’auteure, qui raconte son exil d’Allemagne, après la guerre, en Tunisie, où elle a vécu pendant sept ans.
« – Vas-tu parler de ta tristesse, de ton manque de bonheur, de ta solitude?
– Non. Il y a tellement de livres qui parlent des amours floués. Avec ce texte, je veux célébrer ce qui reste en moi, aujourd’hui, de la Tunisie. » (p. 7)
« Nous tous
chassés
au loin
exilés
parfois un coup d’œil rapide sur les
paradis perdus
l’enfance
puis la Tunisie
paradis terrestre
clair et simple
bleu sur blanc (p. 9)
- Nombreux personnages secondaires, parmi lesquels sa petite-fille, avec laquelle l’auteure s’entretient dans le préambule de l’œuvre, et les personnes les plus importantes l’ayant accompagnée à certains moments de sa vie, dont son mari, sa belle-mère, son amant, ses enfants et ses parents.
« Conversation avec É., ma petite-fille
– Enfin, tu as décidé d’écrire sur cette étape de ta vie, l’étape tunisienne!
– Sept ans de ma vie, de 1946 à 1953. » (p. 7)
« J’avais rencontré un Français, jeune officier, j’allais l’épouser… L’amour? Au fond, je m’échappais, personne déplacée parmi tant d’autres. » (p. 17)
« Je n’ai pas de photo de ma belle-mère. Peut-être parce que je ne l’aimais pas […]
Elle rit, elle se fâche, elle dit du mal des autres. Elle m’apprend à faire de la mayonnaise […] À être ménagère. Femme de maison. » (p. 24)
« …toute une nuit de désir
à nous couper le souffle
bel été
cet été de 1955… » (p. 55)
« J’ai quitté la Tunisie en 1953. Sans les enfants que leur père gardait en otage. Épuisée par un mariage qui ressemblait à un emprisonnement, femme battue incapable de me défendre sur place, j’ai été chercher à Berlin l’aide de mes parents. » (p. 75)
- Récit poétique autobiographique comprenant une conversation de l’auteure avec sa petite-fille, son adolescence à Berlin et sa vingtaine passée à Tunis, l’harmonie retrouvée dans sa vie, sa liaison amoureuse en 1955, ainsi que ses réflexions sur sa vie adulte; thème de la quiétude souvent évoqué, révélant la nostalgie de l’auteure pour sa Tunisie.
- Mise en page très aérée; œuvre divisée en cinq parties titrées; éléments graphiques (p. ex., points de suspension, italiques, notes de bas de page) facilitant l’interprétation de l’œuvre; liste des œuvres de la même auteure, citation et carte de la Tunisie au début; glossaire et notes à la fin; renseignements sur l’auteure à la quatrième de couverture du livre.
Langue
- Registre de langue courant dans l’ensemble de l’œuvre, ponctué de mots étrangers faisant partie d’un champ lexical évocateur de l’exotisme des lieux (p. ex., village ocre, femme berbère, châles de laine bleue, moucharabiehs).
- Écriture hétéroclite; paragraphes constitués de phrases complètes et entremêlés de strophes disposées librement, sans rimes ni ponctuation; enjambements nombreux assurant la fluidité de la lecture.
« Le marchand de parfums et de khôl appelle sa fille, qui m’instruira dans l’art d’appliquer cette fine poudre à l’aide du bâtonnet de bois souple – que je possède encore aujourd’hui, après tant d’années. » (p. 28)
« Jours de sirocco
en Tunisie
jours de tempête de neige
au Canada
vent froid
poudrerie de neige
vent chaud
soufflant du sud » (p. 39)
- Style raffiné; accumulations de détails, trahissant l’âge d’une narratrice qui tente de s’imprégner des beautés de la vie et d’étancher sa soif de vivre intensément chaque instant; nombreuses phrases courtes, parfois elliptiques, illustrant son émotivité.
« Automobiles, charrettes à bras, chameaux, vélos, marchands ambulants, bourricots, mendiants professionnels et piétons pressés, la vie de la ville veut me happer, la rue de la Kasbah m’attire… » (p. 31)
« Deux profs français nous harcèlent […] Une Allemande, Mme Memmi, épouse du grand Albert, m’encourage.
Lectures, travaux écrits, lectures encore. Je ne prends pas le temps de dire à ma mère que sans elle je n’y arriverais pas. » (p. 32)
- Figures de style variées souvent regroupées (p. ex., métaphore, comparaison, personnification, antonomase, énumération) et agrémentant les rêveries de la narratrice.
« Si je pouvais ciseler mon texte aussi finement que le dinandier qui dessine en les martelant des figures orthogonales sur un plateau de cuivre… » (p. 11)
« Alors que les mirages s’éloignent, disparaissent au bout de la route, El Jem se précise à l’approche des voyageurs. S’impose. S’élève. S’étire.
Immense monument circulaire, elliptique. Amphithéâtre romain dans une steppe africaine, devenu forteresse au temps de la Kahéna, farouche Jeanne d’Arc berbère qui anima les luttes de son peuple contre l’invasion arabe. Incroyable témoignage de l’histoire ancienne parfois si facilement oubliée, énigme ébréchée, inexplicable, qui en moi devient tatouage, amulette, image indélébile sur la rétine. » (p. 64)
- Nombreuses séquences descriptives rappelant des moments imbus de sons, de couleurs et d’odeurs, et liés à la nature; préférence marquée pour le bleu et le blanc.
« …et le ravissement
les cris de la rue […]
l’amour
des couleurs délavées
des odeurs douces ou pimentées » (p. 13)
« Ce qu’il faut savoir, c’est qu’il y a là des arbres centenaires, silhouettes dignes comme celles des hommes et des femmes qui vivent paisiblement sur ce bout de terre paradisiaque, vrai jardin d’Éden rempli de soleil et d’ombre, de chaleur et de fraîcheur » (p. 62)
« Le paradis n’est donc pas perdu. Malgré la vie fragmentée, coupée en tranches, les drames occasionnels et douloureux, le travail parfois mercenaire, il reste accessible.
Le bleu y persiste, et le blanc. Ciel, sable, eau. Clarté. » (p. 78)
« Profondément enfoui en moi, il reste un trésor, une source de beauté, de joie et de douceur que je ne partagerai avec personne. La Tunisie, c’est aussi mon secret. » (p. 79)
Pistes d'exploitation
- Suggérer aux élèves, réunis en dyades, de rédiger un poème en prose sur les thèmes de la nature et du sens, en s’inspirant des poèmes de l’auteure. Afficher les poèmes en salle de classe.
- Demander aux élèves de rédiger un texte sur le voyage de leurs rêves, puis d’expliquer les raisons pour lesquelles celui-ci correspond à leur personnalité. Regrouper les élèves en dyades, puis leur demander de faire part de leur texte à leur partenaire.
- Proposer aux élèves, réunis en équipes, de mener une recherche sur des auteurs qui ont rédigé leur autobiographie, puis de comparer leur style à celui de l’auteure de Bleu sur blanc à l’aide d’un outil organisationnel. Animer une mise en commun afin de permettre aux élèves de présenter leur travail au groupe-classe.
Conseils d'utilisation
- Avant la lecture, se référer à la carte de la Tunisie présentée à la page 6 et situer les lieux les plus importants.
- Inviter les élèves à consulter, au besoin, le glossaire de la page 80.
- Avant la lecture, proposer aux élèves d’effectuer une recherche sur la Tunisie, notamment sur la langue parlée.
- Accorder une attention particulière aux sujets délicats abordés dans l’œuvre, tels le vieillissement et la mort.
- Proposer aux élèves la lecture d’une autre œuvre de Marguerite Andersen, soit Le figuier sur le toit, dont la fiche pédagogique se trouve dans FousDeLire, dans le but d’ajouter à l’autobiographie de l’auteure.
Ressource(s) additionnelle(s)
- IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 11e et 12e année, Série : Y’Africa, divers épisodes.