- Récit autobiographique divisé en cinq parties : une conversation de l’auteure avec sa petite-fille; l’adolescence de l’auteure à Berlin et sa vingtaine passée à Tunis; l’harmonie retrouvée dans sa vie; sa liaison amoureuse en 1955; ses réflexions sur sa vie adulte.
« – Voir Tunis la Blanche et mourir, ça aurait été beau, non?
– Tu avais à peine vingt ans.
– C’est vrai. Et puis tu n’aurais pas existé.
– Maintenant c’est moi qui ai vingt ans.
– Et moi qui ne les ai plus. Alors, revoir la Tunisie et mourir? » (p. 8)
« Je suis arrivée à Tunis en février 1946.
Enceinte. Fatiguée du mal de mer, fatiguée de mon adolescence allemande passée à Berlin, en temps de guerre, en temps nazi. » (p. 17)
« Les soirs d’été
à Ez Zahra
je baignais mes enfants […]
se souvenir remplit le corps de douce béatitude » (p. 40)
« Saurai-je parler de lui
Ada
juif tunisien rencontré sur le paquebot
Marseille-Tunis » (p. 55)
« J’ai voulu évoquer une partie de mes jeunes années afin de retrouver le commencement du fil de ma vie d’adulte. » (p. 77)
- Un personnage principal, l’auteure, narratrice participante; nombreux personnages secondaires parmi lesquels sa petite-fille, avec laquelle l’auteure s’entretient dans le préambule de l’œuvre, et les personnes les plus importantes l’ayant accompagnée à certains moments de sa vie : son mari, sa belle-mère, son amant, ses enfants et ses parents.
« Conversation avec É., ma petite-fille
– Enfin, tu as décidé d’écrire sur cette étape de ta vie, l’étape tunisienne!
– Sept ans de ma vie, de 1946 à 1953. » (p. 7)
« J’avais rencontré un Français, jeune officier, j’allais l’épouser… L’amour? Au fond, je m’échappais, personne déplacée parmi tant d’autres. » (p. 17)
« Je n’ai pas de photo de ma belle-mère. Peut-être parce que je ne l’aimais pas […]
Elle rit, elle se fâche, elle dit du mal des autres. Elle m’apprend à faire de la mayonnaise […] À être ménagère. Femme de maison. » (p. 24)
« …toute une nuit de désir
à nous couper le souffle
bel été
cet été de 1955… » (p. 55)
« J’ai quitté la Tunisie en 1953. Sans les enfants que leur père gardait en otage. Épuisée par un mariage qui ressemblait à un emprisonnement, femme battue incapable de me défendre sur place, j’ai été chercher à Berlin l’aide de mes parents. » (p. 75)
- Nombreuses séquences descriptives rappelant des moments imbus de sons, de couleurs et d’odeurs, et liés à la nature; préférence marquée pour le bleu et le blanc; thème de la quiétude souvent évoqué, révélant la nostalgie de l’auteure pour sa Tunisie.
« …et le ravissement
les cris de la rue […]
l’amour
des couleurs délavées
des odeurs douces ou pimentées » (p. 13)
« Ce qu’il faut savoir, c’est qu’il y a là des arbres centenaires, silhouettes dignes comme celles des hommes et des femmes qui vivent paisiblement sur ce bout de terre paradisiaque, vrai jardin d’Éden rempli de soleil et d’ombre, de chaleur et de fraîcheur » (p. 62)
« Le paradis n’est donc pas perdu. Malgré la vie fragmentée, coupée en tranches, les drames occasionnels et douloureux, le travail parfois mercenaire, il reste accessible.
Le bleu y persiste, et le blanc. Ciel, sable, eau. Clarté. » (p. 78)
« Profondément enfoui en moi, il reste un trésor, une source de beauté, de joie et de douceur que je ne partagerai avec personne. La Tunisie, c’est aussi mon secret. » (p. 79)