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Bleu sur blanc

Ce récit poétique de Marguerite Andersen nous relate l’épisode autobiographique de son exil d’Allemagne, après la guerre, en Tunisie où elle séjournera durant sept années. Bleu sur blanc, ce sont les couleurs de l’exil où tout a véritablement commencé. L’œuvre se lit et se voyage, se déguste et se savoure comme une madeleine proustienne, ensoleillée par la mémoire du paradis terrestre.

(Tiré du site de l’éditeur.)

À propos du livre

Contenu

  • Récit autobiographique divisé en cinq parties : une conversation de l’auteure avec sa petite-fille; l’adolescence de l’auteure à Berlin et sa vingtaine passée à Tunis; l’harmonie retrouvée dans sa vie; sa liaison amoureuse en 1955; ses réflexions sur sa vie adulte.

    « – Voir Tunis la Blanche et mourir, ça aurait été beau, non?
    – Tu avais à peine vingt ans.
    – C’est vrai. Et puis tu n’aurais pas existé.
    – Maintenant c’est moi qui ai vingt ans.
    – Et moi qui ne les ai plus. Alors, revoir la Tunisie et mourir? » (p. 8)

    « Je suis arrivée à Tunis en février 1946.
    Enceinte. Fatiguée du mal de mer, fatiguée de mon adolescence allemande passée à Berlin, en temps de guerre, en temps nazi. » (p. 17)

    « Les soirs d’été
    à Ez Zahra
    je baignais mes enfants […]
    se souvenir remplit le corps de douce béatitude » (p. 40)

    « Saurai-je parler de lui
    Ada
    juif tunisien rencontré sur le paquebot
    Marseille-Tunis » (p. 55)

    « J’ai voulu évoquer une partie de mes jeunes années afin de retrouver le commencement du fil de ma vie d’adulte. » (p. 77)
     

  • Un personnage principal, l’auteure, narratrice participante; nombreux personnages secondaires parmi lesquels sa petite-fille, avec laquelle l’auteure s’entretient dans le préambule de l’œuvre, et les personnes les plus importantes l’ayant accompagnée à certains moments de sa vie : son mari, sa belle-mère, son amant, ses enfants et ses parents.

    « Conversation avec É., ma petite-fille
    – Enfin, tu as décidé d’écrire sur cette étape de ta vie, l’étape tunisienne!
    – Sept ans de ma vie, de 1946 à 1953. » (p. 7)

    « J’avais rencontré un Français, jeune officier, j’allais l’épouser… L’amour? Au fond, je m’échappais, personne déplacée parmi tant d’autres. » (p. 17)

    « Je n’ai pas de photo de ma belle-mère. Peut-être parce que je ne l’aimais pas […]
    Elle rit, elle se fâche, elle dit du mal des autres. Elle m’apprend à faire de la mayonnaise […] À être ménagère. Femme de maison. » (p. 24)

    « …toute une nuit de désir
    à nous couper le souffle
    bel été
    cet été de 1955… » (p. 55)

    « J’ai quitté la Tunisie en 1953. Sans les enfants que leur père gardait en otage. Épuisée par un mariage qui ressemblait à un emprisonnement, femme battue incapable de me défendre sur place, j’ai été chercher à Berlin l’aide de mes parents. » (p. 75)
     

  • Nombreuses séquences descriptives rappelant des moments imbus de sons, de couleurs et d’odeurs, et liés à la nature; préférence marquée pour le bleu et le blanc; thème de la quiétude souvent évoqué, révélant la nostalgie de l’auteure pour sa Tunisie.

    « …et le ravissement
    les cris de la rue […]
    l’amour
    des couleurs délavées
    des odeurs douces ou pimentées » (p. 13)

    « Ce qu’il faut savoir, c’est qu’il y a là des arbres centenaires, silhouettes dignes comme celles des hommes et des femmes qui vivent paisiblement sur ce bout de terre paradisiaque, vrai jardin d’Éden rempli de soleil et d’ombre, de chaleur et de fraîcheur » (p. 62)

    « Le paradis n’est donc pas perdu. Malgré la vie fragmentée, coupée en tranches, les drames occasionnels et douloureux, le travail parfois mercenaire, il reste accessible.
    Le bleu y persiste, et le blanc. Ciel, sable, eau. Clarté. » (p. 78)

    « Profondément enfoui en moi, il reste un trésor, une source de beauté, de joie et de douceur que je ne partagerai avec personne. La Tunisie, c’est aussi mon secret. » (p. 79)

Langue

  • Registre de langue courant, ponctué de mots étrangers faisant partie d’un champ lexical évocateur de l’exotisme des lieux.

    « À Toujane, village ocre contre le flanc d’une montagne ocre elle aussi, la femme berbère tisse des châles de laine bleue sur son métier vertical. Plus je lave celui qui recouvre maintenant ma table de travail, plus ses blancs motifs géométriques montent à la surface. » (p. 12)

    « Les moucharabiehs tamisent la lumière venant de la rue, la changent, l’adoucissent.
    Les femmes ululent pour signaler l’arrivée des étrangères. Elles sourient, nous offrent des friandises aux amandes, aux pistaches, au miel et à la fleur d’oranger, nous servent café, thé à la menthe, eau fraîche des gargoulettes dans de grandes tasses en poterie de Nabeul. Il faut boire, il faut manger. C’est la fête. » (p. 59)
     

  • Écriture hétéroclite : paragraphes constitués de phrases complètes et entremêlés de strophes disposées librement, sans rimes ni ponctuation; enjambements nombreux assurant la fluidité de la lecture.

    « Le marchand de parfums et de khôl appelle sa fille, qui m’instruira dans l’art d’appliquer cette fine poudre à l’aide du bâtonnet de bois souple – que je possède encore aujourd’hui, après tant d’années. » (p. 28)

    « Jours de sirocco
    en Tunisie
    jours de tempête de neige
    au Canada
    vent froid
    poudrerie de neige
    vent chaud
    soufflant du sud » (p. 39)
     

  • Style raffiné; accumulations de détails, trahissant l’âge d’une narratrice qui tente de s’imprégner des beautés de la vie et d’étancher sa soif de vivre intensément chaque instant; nombreuses phrases courtes, parfois elliptiques, illustrant son émotivité.

    « Automobiles, charrettes à bras, chameaux, vélos, marchands ambulants, bourricots, mendiants professionnels et piétons pressés, la vie de la ville veut me happer, la rue de la Kasbah m’attire… » (p. 31)

    « Deux profs français nous harcèlent […] Une Allemande, Mme Memmi, épouse du grand Albert, m’encourage.
    Lectures, travaux écrits, lectures encore. Je ne prends pas le temps de dire à ma mère que sans elle je n’y arriverais pas. » (p. 32)
     

  • Figures de style variées souvent regroupées (p. ex., métaphore, comparaison, personnification, autonomase, énumération), agrémentant les rêveries de la narratrice.

    « Si je pouvais ciseler mon texte aussi finement que le dinandier qui dessine en les martelant des figures orthogonales sur un plateau de cuivre… » (p. 11)

    « Alors que les mirages s’éloignent, disparaissent au bout de la route, El Jem se précise à l’approche des voyageurs. S’impose. S’élève. S’étire.
    Immense monument circulaire, elliptique. Amphithéâtre romain dans une steppe africaine, devenu forteresse au temps de la Kahéna, farouche Jeanne d’Arc berbère qui anima les luttes de son peuple contre l’invasion arabe. Incroyable témoignage de l’histoire ancienne parfois si facilement oubliée, énigme ébréchée, inexplicable, qui en moi devient tatouage, amulette, image indélébile sur la rétine. » (p. 64)

Pistes d'exploitation

  • Inviter les élèves à écrire un poème en prose contenant les mêmes thèmes (nature, sens).
  • Demander aux élèves de rédiger un texte sur le voyage de leurs rêves et d’expliquer les raisons pour lesquelles celui-ci correspond à leur personnalité.
  • Demander aux élèves de faire des recherches sur des auteurs qui ont écrit leur autobiographie et de comparer leur style à celui de l’auteure de Bleu sur blanc.
  • Proposer aux élèves la lecture d’une autre œuvre de Marguerite Andersen (p. ex., Le figuier sur le toit) dans le but d’ajouter à l’autobiographie de l’auteure.

Conseils d'utilisation

  • Avant la lecture, échanger avec les élèves sur les sujets délicats tels le vieillissement et la mort.
  • Avant la lecture, proposer aux élèves de faire des recherches sur la Tunisie, notamment sur la langue parlée.
  • Avant la lecture, étudier la carte de la Tunisie présentée à la page 6 et situer les lieux les plus importants; consulter, au besoin, le glossaire de la page 80.

Ressource(s) additionnelle(s)

  • IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 11e et 12e année, Série : Panorama – Artistes de chez nous, Auteurs : Andersen, Brochu et Brunet.