Contenu
- Personnage principal, le narrateur, qui cherche à dévoiler les secrets enfouis et les douleurs intérieures à travers ses textes poétiques descriptifs où le « je » est à la fois sujet et objet.
« Je viens d’un pays d’amours discontinues
d’une grâce nue
souillée
dans la boue
rabotée » (p. 14)
« Et je cherche
notre identité commune
au creux d’une tasse de thé
ou d’un boc de bière
Nos points de rencontre naturels
Nos seuils de conjoncture
Nos points de suture » (p. 28)
« Par le chagrin infirme
et la tendresse aux mains
ouvertes sur le devenir
je cherche au dehors et en dedans de moi-même
les monstres qui naviguent en moi » (p. 33)
- Recueil de poésie elliptique saisissant en très peu de mots des idées et des sentiments souvent complexes; poèmes en vers libres empreints de sensibilité, où la beauté délicate de certains vers se mêle à des images subtiles et élégantes; thèmes (p. ex., origine de l’être, faiblesse, force, regret, espoir) aptes à intéresser le lectorat visé.
- Mise en page très aérée; poèmes répartis en trois sections aux titres accrocheurs, la deuxième partie étant séparée en 5 sous-titres; éléments graphiques (p. ex., tirets, deux-points, points d’interrogation) facilitant l’interprétation des poèmes; citation au début de l’œuvre; table des matières et liste d’œuvres de la collection dirigée par Marc Pelletier à la fin du livre; note biographique sur l’auteur sur le rabat de la troisième de couverture.
Langue
- Registre de langue soutenu; vocabulaire riche (p. ex., enchevêtrés, reliquats, friche, épars, béats) généralement compréhensible grâce au contexte.
- Vers et strophes de longueurs irrégulières et inégales dans la plupart des poèmes, témoignant d’un style libre; textes dénués de ponctuation; narration à la 1re personne du singulier accentuant le caractère intimiste de l’œuvre et permettant de s’immiscer dans l’esprit du narrateur.
« Parmi les glaces chatoyantes
je tiens lance-pierre
pour casser vandale vitres vernies
blesser dieux d’aciers
faire éclater idoles de verre » (p. 21)
« Je continue malgré tout à nager par les espoirs
escarpés
à faire l’escalade de volontés chétives
à explorer les brousses de brûlantes vulnérabilités
tenues dans le fond des paumes comme des
plumes humides
à marcher sous émotions de pluies de feux » (p. 69)
- Nombreuses figures de style (p. ex., inversion, antithèse, apposition, comparaison, anaphore) agrémentant la lecture.
« Le cœur ne dit plus rien
mais percutent les échos des machettes
longeant les corridors inquiets
de l’âme qui se regarde
dans le miroir abyssal
de la chair » (p. 24)
« Pourquoi ne pas laisser seulement parler le silence
qui en dit plus long que n’importe quel homme » (p. 41)
« Aux parchemins de l’âme
les écrits apocryphes
sont devenus vestiges
de l’ombre
bribes restes de cendres » (p. 45)
« Ô Cœur transparent comme l’eau des glaciers
pesant dans l’existence telle l’ancre des jours
se fixant aux lunaires fonds des mers cramoisies
et coulant feu muet
comme un sang
jusqu’aux écritures » (p. 52)
« Nous sommes l’aube qui naît des vides desséchés
Nous sommes les rires issus des noirceurs opaques
Nous sommes l’espoir donné aux douleurs
irradiées
Nous sommes la neige qui tombe sur les quais » (p. 78)
- Allitérations et assonances créant une relation entre l’idée ou l’émotion du texte et l’effet d’insistance des vers.
« À sonder le sens des choses
l’essence sang séché
je ne sais plus ce que je cherche
Sans que je ne le veuille ma pensée macrophage
le fouille sans moi
en épiant fils invisibles
rives de mémoires évanescentes
le cœur s’évadant comme une ombre secrète » (p. 44)
« je grave de mains nues usées le roc des échecs
passions insurmontables pics transparents
par l’écho de craintes ancestrales
aux anciens ravins râpeux de rêves trop abrupts » (p. 67)
Pistes d'exploitation
- Dans le recueil, l’archéologie est utilisée comme métaphore à l’omiprésente recherche intérieure du « je ». Animer une discussion sur la valeur de cette métaphore et inviter les élèves à expliquer les façons dont elle permet de mieux comprendre l’œuvre dans son ensemble.
« Je creuse au-delà de mes chairs
et de mon esprit aux grands tiroirs
fossiles de l’être
blessures phosphorescentes
vagues chargées de songes
dans les muettes incertitudes
de paysages brisés endormis » (p. 24)
« Car éparpillé parmi ces restes
depuis l’enfance dispersés
je fais l’archéologie
par les géologies de l’âme
des couches d’écorces et de mirages
des vies enfouies » (p. 42)
- Demander aux élèves, réunis en équipes, de relever les antithèses dans le recueil et d’en expliquer la valeur littéraire (p. ex., susciter la surprime, exprimer l’inconcevable, renforcer une description). Animer une mise en commun afin de leur permettre de présenter leur travail au groupe-classe.
- Proposer aux élèves, regroupés en dyades, d’établir un lien entre le titre de l’œuvre et l’épigraphe : « Toute notre connaissance découle de notre sensibilité. » Jumeler les équipes, puis les inviter à faire part de leurs réflexions aux membres de leur groupe.
Conseils d'utilisation
- Présenter ou revoir l’antithèse.
- Encourager les élèves à lire un autre recueil de poésie du même auteur, soit Déserts bleus, dont la fiche pédagogique se trouve dans FousDeLire.