- Registre de langue courant dans l’ensemble de l’œuvre; vocabulaire parfois complexe se rapportant aux sujets exploités mais ne risquant pas de nuire à la compréhension du texte dans son ensemble.
« Ici, la cuisine s’improvise au gré du jour, avec des provisions glanées ici et là. La plupart du temps, il s’agit de dons récoltés auprès des épiceries du quartier. Ce midi, dans les assiettes, les macaronis à la sauce Kraft boudent des filets de poissons enrobés d’une pâte lourde et insipide. Dieu, qu’elle aurait sucé une bonne tête de dorade frais pêchée, avec des morceaux d’ignames écrasés dans une sauce bien pimentée, comme Ma Lena sait si bien faire, là-bas, au village! » (p. 14-15)
- Plusieurs phrases transformées et une variété de formes et de types de phrases qui permettent au lectorat de bien comprendre le déroulement de l’intrigue.
« Mais en vérité, intérieurement, il est tendu comme un arc et fait de grands efforts pour ne pas se laisser envahir par la nervosité de sa mère. Lui, c’est l’accueil, là-bas, au Canada, qui le rend nerveux. Comment sont les gens? Que va-t-on leur dire? Et si, une fois de plus, on devait les enfermer dans un autre camp de réfugiés? Sa mère a beau lui montrer tous les détails des visas, lui expliquer que leur situation n’est plus la même, rien n’y fait. » (p. 107)
« – Mille six cents élèves, madame, avait laissé tomber le professeur titulaire.
– Quoi? Mais c’est une ville entière, s’était écriée Janine, malgré elle. On pouvait compter le même nombre de personnes dans notre village. Dieu de miséricorde, Alex va se perdre dans cette foule!
– […] Alexis semble bien disposé. On sent tout de suite quand on lui parle qu’il a beaucoup de maturité. » (p. 147)
- Nombreuses figures de style (p. ex. métaphores, comparaisons) qui mettent l’accent sur les émotions ressenties par les personnages.
« "La vie", se dit-elle, "est à la fois ce fossoyeur qui, armé d’une pelle, enterre tout à coup de grands pans de notre existence, mais elle est aussi une source, toujours nouvelle." En une prière silencieuse, elle remercie le ciel qui, selon elle, a tout arrangé pour le mieux. » (p. 126)
« Une émotion indéfinissable, puissante, comme une houle, la possède. Elle va, vient, touche aux objets, ne sait plus comment faire la cuisine. Tout le désespoir accumulé en elle fond comme neige au soleil. "Avec qui partager cette nouvelle?" se demande-t-elle. » (p. 181)
- Séquences descriptives permettant de bien suivre le fil des événements et séquences dialoguées montrant les liens entre les personnages.
« Comme il fallait s’y attendre, le SAJMECA a du pain sur la planche. Des lettres d’appui arrivent de partout, il faut assurer le suivi, distribuer le plus de pétitions possible, puis les ramasser afin de les acheminer au gouvernement haïtien. […] Monsieur Bourret, le directeur, a mis un petit local à la disposition du comité. Là, après les cours, les élèves répondent au courrier, planifient les réunions et les activités à venir. » (p. 178)
« La vie est si différente, ici.
– Mon père est un paysan, madame Paulus, comment va-t-il pouvoir s’adapter?
– Il ira chercher au fond de lui-même les ressources nécessaires, Alex…, tout comme toi, tu as su le faire.
– Moi, c’est différent. Il y a l’école. Sans cela, je serais devenu fou!
– Tu as raison. Mais il y a aussi les amis, et il y a Sara… qu’en dis-tu?
Alex devient tout embarrassé.
– […] La force intérieure qui nous anime nous protège. Et puis, il y a ta mère, ton oncle aussi. Il ne faut pas te faire trop de souci, ton père est bien entouré. » (p. 203-204)