- Registre courant, convenant au lectorat visé, dans l’ensemble de l’œuvre; quelques phrases et paroles de chansons en créole suivies d’une traduction en français.
« Le lendemain, Alexis ne s’est pas présenté à l’école. Seul sur son banc, Jérémie compte les heures. De la fenêtre de la classe, il surveille le chemin menant à l’école, espérant toute la journée l’arrivée de son ami. » (p. 15)
« – Alors, c’est bien vrai, on empile les maisons les unes par-dessus les autres? Étrange, tu ne penses pas? » (p. 40)
« Mwen refize pèdi kap
Je refuse de perdre le nord. » (p. 100)
- Vocabulaire simple; champs lexicaux et sémantiques reliés notamment aux malversations de l’armée et à la navigation.
« – Le bruit court que les soldats vont revenir. Ils ont prévu une nouvelle invasion, annonce Alexis.
– Je sais, répond Jérémie. J’ai même entendu papa déclarer que l’armée a l’intention de réquisitionner l’école pour en faire une caserne. » (p. 11)
« C’est une nouvelle milice qui a pour nom les Léopards, totalement dévouée au président. Jusque dans les bourgs et les hameaux les plus reculés, on arrête les gens, continue à chuchoter Jérémie. » (p. 12-13)
« Agrippé avec l’énergie du désespoir au gouvernail, le capitaine lutte. Ses manœuvres tentent de détourner les vagues des flancs du navire. Il cherche à se rapprocher le plus possible de la terre ferme espérant ainsi échouer sans dégâts. Et ces vagues, tant et aussi longtemps qu’elles ne seront pas plus déchaînées, loin de lui nuire, servent à ses fins. » (p. 105)
- Figures de style courantes (p. ex., comparaison, métaphore et énumération ascendante) traduisant notamment des sentiments et créant un effet de tension.
« Lorsque Jérémie tend les bras pour recevoir Précieuse, Alexis sent dans sa poitrine un grand choc, comme si quelqu'un lui assenait un violent coup de poing. » (p. 52)
« …et le lit, où il se tourne et se retourne inlassablement, est une mer de sable dans laquelle, petit à petit, il se perd. » (p. 65)
« Le bateau ne tient plus en place, il tangue, roule, se courbe, bondit, rugit au milieu des flots. » (p. 97-98)
- Séquences dialoguées illustrant les moments forts du récit et dévoilant les caractéristiques et le rôle des personnages; séquences narratives et descriptives créant une ambiance parfois oppressante.
« – Je te le donne. Il est à toi désormais.
– Oh, Ma Lena, où l’as-tu trouvé? demande Alexis, les yeux brillants.
– Ce coquillage est magique, je crois, répond Ma Lena. Il est sans doute aussi vieux que le monde et nos peines réunis, il vient de très loin, confie-t-elle, avec un air mystérieux. Il a déjà traversé l’océan d’un bout à l’autre. Il est venu des pays de Guinée*. Son voyage a duré plusieurs mois et l’a mené des côtes d’Afrique jusqu’aux Antilles, dans les poches d’une petite fille qui était l’arrière-grand-mère de mon arrière-arrière-grand-mère! » (p. 61)
« Le temps de le dire, une nuée de policiers armés de bâtons, de casques, de fusils et accompagnés de chiens, se sont rués vers eux avec des airs de guerriers s'apprêtant à prendre d'assaut quelque forteresse. » (p. 113-114)
« Par-dessus les murs, sont installés des fils de fer, hérissés de pointes piquantes, des rangées de barbelés menaçants et infranchissables, comme ceux dont s'entourent les maisons des riches, en Haïti. » (p. 118)