Contenu
- Un personnage principal, Alexis Jolet, jeune Haïtien de onze ans déchiré entre l’obligation de suivre sa mère et de quitter le village qu’il connaît et la possibilité de rester avec ceux qu’il aime.
« Je sais comme tu as de la peine, Alex, mais ce voyage… il n’y a rien à faire? C’est vraiment décidé?
– Maman ne changera pas d’idée. Notre vie est en danger. […]
– Bien sûr, je voudrais rester avec grand-mère. Mais maman refuse. Elle dit que les miliciens n’hésitent pas à s’en prendre même aux enfants. Le président aurait donné l’ordre d’arrêter les enfants de ceux qui sont considérés comme les chefs de file, les leaders. » (p. 22)
- Plusieurs personnages secondaires entourant Alexis, parmi lesquels Jérémie, son meilleur ami, Janine, sa mère, qui décide de fuir le pays avec lui, Ma Lena, sa grand-mère, qui le rassure, et Mathurin, un ami de son père.
« – Qu’est-ce qui est arrivé, Alex?… Ne dis pas que…
Dans sa gorge, les mots s’étranglent. Péniblement, il avale sa salive et dit :
– … Vous allez partir, ta mère et toi?
Alexis hoche tristement la tête :
– J’ai espéré jusqu’à la dernière minute qu’un miracle se produise. Maman prétend que nous courons de grands dangers. » (p. 20)
« Alexis avait reçu l’ordre de ne souffler mot à quiconque de ce départ. ²Même pas à ton ombre², lui avait dit sa mère. Tout devait être organisé dans le plus grand secret, afin de ne pas éveiller l’attention de la milice. » (p. 20-21)
« Ma Lena pose le coquillage sur sa bouche et fait mine de souffler. […] Mais ces coquillages servent aussi à capter les bruits de la mer. Lorsque tu seras seul et que tu penseras à la Ruche, lorsque je te manquerai, pose-le contre ton oreille. Tu entendras alors le bruit des vagues qui vont et viennent sur nos plages et, qui sait, peut-être bien entendras-tu ma voix! » (p. 62-63)
« En file indienne, des voyageurs clandestins arrivent; parmi eux, Alexis reconnaît Mathurin, un ami de son père. Il y avait longtemps qu’ils ne l’avaient vu. La nuit où les soldats avaient emmené Raphaël, Mathurin s’était enfui. Il s’était sans doute caché dans les bois en attendant le jour du départ. » (p. 90)
- Récit palpitant, à caractère historique, qui tient le lectorat en haleine du début à la fin; intrigue menée en deux temps, soit avant la fuite et après la fuite; ordre chronologique entrecoupé de quelques retours en arrière servant, entre autres, à expliquer certaines situations; thèmes (p. ex., fuite, peur, peine, amitié, navigation) susceptibles d’intéresser le lectorat visé.
- Mise en page aérée; œuvre séparée en deux sections, soit le contexte dans lequel vit Alexis et les défis relevés après la fuite, et répartie en treize chapitres numérotés et titrés; éléments graphiques (p. ex., guillemets, points de suspension, astérisques, notes de bas de page) facilitant l’interprétation du texte; biographie de l’auteure au début et table des matières à la fin.
Langue
- Registre de langue courant dans l’ensemble de l’œuvre; quelques phrases et paroles de chansons en créole (p. ex., Mwen refize pèdi kap) reflétant le milieu socioculturel des personnages et suivies d’une traduction en français.
- Phrases de base, phrases transformées et phrases à construction particulière; variété de types et de formes de phrases (p. ex., déclarative, interrogative, exclamative, impérative, négative); phrases brèves et rarement très complexes conférant un rythme rapide au récit.
« C’est la dernière nuit qu’Alexis passe à la Ruche. Ma Lena est venue avec tante Irène et Graziella, la cousine d’Alexis, faire leurs adieux. Tout le monde parle à voix basse. Alexis pense à son père qui croupit sans doute derrière des barreaux dans un cachot infect. Ma Lena tente à sa manière de lui faire comprendre que, quoi qu’il arrive, ils finiront par triompher de tous les obstacles, quitte à se transformer en montagnes eux-mêmes. » (p. 53)
« – Comment décider, puisque nous n’avons aucun repère? tranche à nouveau Paul. Nous ignorons dans quel pays nous nous trouvons. Nous avions entrepris ce voyage avec l’idée de nous rendre aux États-Unis. Qu’est-ce qui nous indique que nous y sommes réellement? […]
– Tu aurais intérêt à ne plus ouvrir la bouche, Paul, lance Janine, qui lui décroche du même coup un regard furieux.
– C’est vrai! Tais-toi donc! Ton haleine de malheur va nous attirer la guigne, renchérit une femme qui n’avait pas encore lancé un seul mot. » (p. 109)
- Figures de style (p. ex., expression imagée, comparaison, métaphore et énumération ascendante) traduisant notamment des sentiments et créant un effet de tension.
« Maman se fait sûrement du mauvais sang. » (p. 13)
« Lorsque Jérémie tend les bras pour recevoir Précieuse, Alexis sent dans sa poitrine un grand choc, comme si quelqu’un lui assenait un violent coup de poing. » (p. 52)
« …et le lit, où il se tourne et se retourne inlassablement, est une mer de sable dans laquelle, petit à petit, il se perd. » (p. 65)
« Le bateau ne tient plus en place, il tangue, roule, se courbe, bondit, rugit au milieu des flots. » (p. 97-98)
- Séquences dialoguées illustrant les moments forts du récit et dévoilant les caractéristiques et le rôle des personnages; séquences narratives et descriptives créant une ambiance parfois oppressante.
« – Je te le donne. Il est à toi désormais.
– Oh, Ma Lena, où l’as-tu trouvé? demande Alexis, les yeux brillants.
– Ce coquillage est magique, je crois, répond Ma Lena. Il est sans doute aussi vieux que le monde et nos peines réunis, il vient de très loin, confie-t-elle, avec un air mystérieux. Il a déjà traversé l’océan d’un bout à l’autre. Il est venu des pays de Guinée*. Son voyage a duré plusieurs mois et l’a mené des côtes d’Afrique jusqu’aux Antilles, dans les poches d’une petite fille qui était l’arrière-grand-mère de mon arrière-arrière-grand-mère! » (p. 61)
« Le temps de le dire, une nuée de policiers armés de bâtons, de casques, de fusils et accompagnés de chiens, se sont rués vers eux avec des airs de guerriers s’apprêtant à prendre d’assaut quelque forteresse. » (p. 113-114)
« Par-dessus les murs, sont installés des fils de fer, hérissés de pointes piquantes, des rangées de barbelés menaçants et infranchissables, comme ceux dont s’entourent les maisons des riches, en Haïti. » (p. 118)
Référent(s) culturel(s)
- Référents géographiques, historiques et culturels de la francophonie haïtienne, parmi lesquels la capitale, Port-au-Prince, les rivières la Gosseline et la Mousseline, les leaders Jacques Dessalines et Toussaint Louverture, les grands dons, propriétaires de plantations, les autobus tap tap.
Pistes d'exploitation
- Proposer aux élèves, réunis en dyades, de composer un paragraphe sur la traversée en mer et l’arrivée en Floride d’Alexis pour compléter la lettre destinée à Jérémie. Jumeler les élèves, puis leur demander de lire leur texte aux membres de leur groupe.
- Suggérer aux élèves de visionner sur internet la vidéo de la chansonRéfugié, interprétée par Julien Clerc, puis de comparer les événements du roman avec les paroles de la chanson en citant des passages précis tirés de l’œuvre. Animer une discussion afin de leur permettre de faire part de leurs trouvailles au groupe-classe.
- Animer une discussion sur la démocratie et les droits de la personne en se basant sur le cas des parents d’Alexis.
Conseils d'utilisation
- Présenter brièvement l’histoire et la géographie d’Haïti.
- Expliquer l’utilité des camps de réfugiés comme celui dans lequel se retrouve Alexis.
- Accorder une attention particulière aux sujets délicats dont on traite dans l’œuvre (p. ex., séparation d’une famille, soldats faisant intrusion dans les demeures; passeurs abandonnant leurs passagers) qui pourraient susciter des réactions chez certains élèves.
- Discuter de l’importance de bien accueillir ces nouveaux arrivants au Canada.
- Informer les élèves au sujet de la Journée mondiale des réfugiés célébrée chaque année le 20 juin.
- Visiter le site web du gouvernement du Canada afin de découvrir ce que le Canada a fait pour accueillir des réfugiés.
- Inciter les élèves à lire une autre œuvre traitant de l’immigration, soit Entre ici et là-bas, dont la fiche pédagogique se trouve dans FousDeLire.
Ressource(s) additionnelle(s)
- IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 5e à 12e année, Série : ImmigrAdos, Ruth : ma famille haïtienne.