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À la courbe du Joliba

La Côte d’Ivoire se déchire. Aïcha et ses sœurs doivent quitter leur village et prendre le chemin du Mali, avec leur mère. Leur père, lui, doit partir lutter aux côtés des siens. L’effervescence du trajet en bus passée, à l’angoisse du voyage et de l’inconnu fait vite place l’étonnement face à la richesse des rencontres. Au fil du Joliba, les échanges culturels et les aventures surprenantes que vont vivre les fillettes vont faire souffler sur leurs cœurs une sensation de liberté jusqu’alors inconnue. Serait-ce cela, grandir?

(Tiré de la quatrième de couverture du livre.)

À propos du livre

Contenu

  • Personnages principaux, Réhane et Salima, jumelles préadolescentes qui quittent leur village pour se rendre au Mali afin de fuir la guerre.

« À l’ombre d’un manguier, les petites filles et leur mère avaient attendu l’autobus parmi une foule encombrée de paniers, de cantines et de divers ballots. […] Des familles entières fuyaient une région qui allait peut-être devenir une zone de combats. » (p. 14)

  • Personnages secondaires nombreux, parmi lesquels Aïcha, la sœur aînée, Safie, la mère des trois filles, qui quittent le pays avec elles, Ali, le père, qui part à la guerre, Adama, la sœur de Safie, son mari, Ahmed, et leurs deux enfants, Hakim et Awa, qui accueillent Aïcha, les passagers côtoyés dans l’autobus, Fama, l’adolescent et musicien, avec qui Réhane se lie d’amitié, M. Hanson, historien qui les renseigne sur les manuscrits à la bibliothèque, ainsi que les jumeaux Jay et Amy, de nouvelles connaissances qui deviennent des amis.

« Aïcha sortit sur la galerie. […] Douhé l’éléphanteau assis en son centre, agitait gaiement sa trompe. Pourtant, Aïcha n’avait pas le cœur à lui rendre son salut. La paix de la nature la choquait comme un signe d’indifférence. C’est que le dîner avait apporté de terribles nouvelles. Sa famille était sur le point de se disperser. Sa maman Safie, accompagnée des trois filles, devait prendre le chemin du Mali, où habitaient sa mère et sa sœur. Car Ali, son papa bien-aimé, qui nommait chaque arbre par son nom, qui n’était heureux qu’avec bêtes et plantes, allait devenir soldat et partir tuer d’autres hommes. » (p. 9-10)

« Ses parents avaient décidé qu’au Mali, elle logerait chez sa tante, qu’elle connaissait à peine. Se souciaient-ils vraiment de son bonheur? » (p. 11)

« Aïcha avait toujours regretté d’être l’aînée. Elle aurait adoré avoir une grande sœur. Awa serait-elle la réalisation de ce rêve?
Cependant, les parents n’en finissaient pas de parler et la matinée s’avançait.
« Sortons! proposa Hakim. On va vous montrer Bamako.
– Nous devons demander la permission! », objecta Aïcha.
Hakim se moqua :
« La permission! J’ai bientôt quatorze ans. Et Awa, douze. Souvent, nous restons dehors jusqu’à minuit pour des parties. Bientôt, papa va m’acheter un deux-roues. Plus besoin de chauffeur pour me conduire à l’école, au stade ou chez mes copains! Je serai mon propre maître. »
Un monde attirant, fascinant tournoya devant les yeux d’Aïcha. » (p. 36)

« La commotion qui secouait l’autobus réveilla Salima.
[…]
Elle était assise sur la dernière banquette, à côté d’un apothicaire ambulant qui l’écrasait avec sa mallette bourrée de feuilles séchées, de racines et de poudres. » (p. 18)

« D’ailleurs, tout le monde hurlait, s’esclaffait, battait des mains. Réhanne comme les autres. Elle partageait un fauteuil avec Fama. Il épluchait des arachides qu’il lui mettait dans la bouche. Elle semblait comblée, loin. Si loin de sa jumelle. De nouveau, la jalousie emplit le cœur de Salima. » (p. 57)

« Décidément, M. Hassan n’était pas rancunier.
Il invita Safie et les enfants à visiter la bibliothèque qu’il allait diriger et pinça la joue de Réhanne : « Quelle petite têtue! Tu n’aimes pas l’histoire? Je te la ferai aimer, tu verras! »
[…]
Il leur montra des manuscrits qui, à l’abri de cabinets vitrés, laissaient admirer les merveilles de leur calligraphie.
Ce sont des manuscrits peuls, précisa-t-il. Ils sont écrits en arabe, parce qu’en ce temps-là, c’était la langue des gens instruits. » (p. 78-79)

« En se séparant de Jay et Amy, les jumelles se bornèrent à leur sourire furtivement, intimidées par cet aéropage d’adultes. Pourtant, ce qu’ils avaient vécu les rapprochait encore. C’était un nouveau lien, tissé entre eux. Leur amitié ne faisait que commencer. » (p. 86)

  • Roman captivant à caractère informatif suivant le rythme des nombreuses rencontres de Réhane et de Salima pendant leur périple entre la Côte d’Ivoire et le Mali; thèmes exploités (p. ex., guerre, éclatement familial, adolescence, mœurs, voyage, angoisse, amitié) aptes à plaire au lectorat visé.
  • Nombreuses illustrations d’un style de collage illustrant les épisodes importants du chapitre, permettant de visualiser les réactions des personnages et de faire des inférences au sujet des thèmes abordés dans l’œuvre; personnages principaux illustrés de façon détaillée, autres personnages illustrés de façon abstraite.
  • Mise en page aérée; œuvre répartie en treize chapitres titrés et numérotés; éléments graphiques (p. ex., astérisques, définitions, points d’interrogation, guillemets, points d’exclamation, tirets, deux-points, italiques, acronymes, lettrines marquant le début des chapitres) facilitant l’interprétation de l’œuvre; carte du Mali indiquant le trajet parcouru par la famille et dédicaces au début de l’œuvre.

Langue

  • Registres de langue courant et soutenu s’entremêlant dans l’œuvre; vocabulaire riche provenant de la culture africaine (p. ex., phacochère, agouti, harmattan, bozos, sénoufo) compréhensible à l’aide du contexte et des définitions en fin de chapitre; mots anglais (p. ex., fast-food, what’s your name, how old are you) dans les dialogues contribuant à la vraisemblance des personnages.
  • Phrases transformées et phrases à construction particulière; variété de types et de formes de phrases (p. ex., déclarative, interrogative, exclamative, négative).

« Après les embrassades, les salutations et même les pleurs d’émotion, les adultes se plongèrent dans une conversation passionnée où il était question de négociations de paix rompues, de médiations d’un pays voisin, de combats imminents. Livrés à eux-mêmes, les enfants s’efforcèrent de lier connaissance. Hakim et Awa portaient des blue-jeans qui firent envie à Aïcha.  Ni ses sœurs ni elle n’en possédaient. Safie considérait les blue-jeans comme des vêtements sans grâce, tout juste bons pour les garçons. Ses cousins l’intimidaient. Ils semblaient arrogants, sûrs d’eux. Hakim leur parlait comme à des broussardes :
« Pourquoi n’avez-vous pas pris l’avion? C’est plus rapide et plus confortable.
– Là où nous habitons, il n’y a pas d’avion » assura Réhane, qui n’en savait rien.
Peut-être qu’il y en a. Mais ce doit être beaucoup plus cher! songea Aïcha.
Pour cette famille-là, ce type de considération était secondaire! » (p. 34)

  • Procédés stylistiques (p. ex., expression figurée, anaphore, hyperbole, personnification, métaphore, comparaison, énumération, proverbe) qui enrichissent le texte.

« Elle tenait tête à un adulte, c’est-à-dire à un être investi du prestige et de l’autorité des parents. » (p. 15)

« À peine plus sec. À peine plus roux. À peine plus chaud. » (p. 25)

« Elle faillit fondre en larmes. » (p. 28)

« Dans le petit matin, la ville étirait ses membres. » (p. 31)

« Derrière lui, le ciel semblait un rideau de scène couleur d’encre. » (p. 50)

« Le soleil bondissait dans la pièce comme si pendant trop longtemps l’ombre l’avait tenu en laisse. » (p. 51)

« Là, le fleuve est couvert de pirogues, de canots, de barges transportant sans discontinuer les passagers d’une rive à l’autre, de vedettes chargées de touristes, de chalutiers, de hors-bord de la Marine fluviale. » (p. 67-70)

« Tout est bien qui finit bien. » (p. 84)

  • Séquences descriptives, entrecoupées de séquences dialoguées, qui fournissent des informations sur les rencontres, les lieux et les perceptions, permettent de s’immiscer dans l’esprit des personnages et traduisent les réalités auxquelles font face les gens à la guerre.

« Safie entraîna les fillettes dans la salle à manger. Il fallut enjamber des tentes, bousculer des familles installées dans les coursives, sur les ponts, occupées à cuisiner, manger, dormir. Par contre, dans la grande pièce, une seule table était dressée. Un couple était assis. L’homme en costume cravate. La femme vêtue à l’européenne, talons aiguilles, sac à main de cuir.
« Est-ce que vous avez pris possession de votre cabine? demanda l’homme à Safie. Il n’est pas rare que ceux de la troisième ou de la quatrième envahissent les premières. Ensuite, on a toutes les peines du monde à les déloger.
– Cela m’arrive souvent! renchérit la femme. Quand je vais à Tombouctou voir ma famille, à chaque fois, c’est un problème.
– Notre peuple est indiscipliné, se lamenta le mari. J’ai vécu en France, c’est à Toulouse que j’ai fait mes études, et je vous assure que là, pareilles choses sont inimaginables. »
Quels prétentieux ces gens de la ville! pensa Salima. Comme l’once Ahmed! Comme Hakim! Qu’est-ce qu’ils l’avaient exaspérée la veille au dîner! Pauvre Aïcha obligée de rester avec eux! » (p. 39)

« À travers la vitre du salon, Réhane et Salima voyaient leur mère converser avec les quelques passagers des premières.
On pouvait deviner qu’il s’agissait encore et toujours de la guerre.
« Quand est-ce que nous reverrons papa? murmura Réhane. À la guerre, on peut perdre un bras, une jambe. Des fois même, je crains qu’il ne soit mort.
– Tais-toi! » pria Salima.
S’imaginant orphelines, toutes deux se mirent à pleurer. » (p. 46)

Référent(s) culturel(s)

  • Référence à la francophonie internationale.
  • Périple des peuples de la région de la Côte d’Ivoire jusqu’au Mali, deux pays membres de l’Organisation internationale de la francophonie.
  • Référence à Salif Keita et Alpha Blondy, chanteurs et musiciens maliens.

Pistes d'exploitation

  • En groupe-classe, présenter la musique de Salif Keita et d’Alpha Blondy, deux chanteurs ambassadeurs pour la paix en Afrique. Demander aux élèves, regroupés en dyades, de choisir une chanson qui leur plaît, puis d’analyser les paroles afin d’en rédiger une critique. Les inviter à présenter leur travail au groupe-classe.
  • Dans l’œuvre, Réhane et Salima font de nombreuses rencontres pendant leur voyage entre la Côte d’Ivoire et le Mali. Suggérer aux élèves, réunis en dyades, de réaliser une entrevue avec l’une ou l’autre des deux jumelles lorsqu’elles arrivent à Gao. Les inviter à présenter leur entrevue devant le groupe-classe en prenant soin de décrire les diverses personnes rencontrées.
  • Proposer aux élèves, regroupés en dyades, d’élaborer une comparaison entre la Côte d’Ivoire et le Canada en se basant sur des critères précis (p. ex., densité de population, alimentation, alphabétisation, taux de natalité, situation politique, activités économiques, éducation), puis de présenter leur travail au groupe-classe, sous la forme d’un reportage ou d’une chronique.
  • Demander aux élèves, réunis en équipes, de situer sur une carte géographique les endroits mentionnés dans le roman. Jumeler les équipes, puis les inviter à comparer leurs cartes.

Conseils d'utilisation

  • Accorder une attention particulière aux sujets délicats dont on traite dans le roman, soit la guerre, l’exil et la séparation d’une famille.
  • Revoir ou présenter les caractéristiques de la critique, de la chronique et du reportage.
  • Encourager les élèves à lire une autre œuvre de la même auteure, soit Conte cruel, dont la fiche pédagogique se trouve dans FousDeLire.

Ressource(s) additionnelle(s)

  • IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 2e à 9e année, Série : Bienvenue dans mon pays, Au Mali avec Aïcha.