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La Kermesse

C’est à travers une série de personnages qui butent contre les obstacles de la vie et de l’Histoire que l’auteur nous fait découvrir le quartier disparu du Flatte et fait revivre les soirées mondaines de Rideau Hall.

Élevé par une mère folle et dévote, le protagoniste de ce roman, Lusignan, quitte son village natal pour ensuite se faire expulser du Collège Nicolet, devenir journaliste, écrivain, homme d’État et soldat. C’est en 1914, dans le régiment Princess Pat, qu’il fait la connaissance d’un bel officier noble, intelligent et talentueux, Essiambre d’Argenteuil, qui deviendra le centre de son univers. Après la mort d’Essiambre, Lusignan sera hanté par son souvenir. Il rencontrera Concorde, la petite bonne grassouillette et sympathique, puis il cherchera la trace d’Argenteuil auprès d'Amalia Driscoll, la fiancée déchue et rejetée du monde aristocratique.

À propos du livre

Contenu

  • Un personnage principal, Lusignan, antihéros par excellence, et un grand nombre de personnages secondaires qui se croisent, se recroisent, s’apprivoisent, s’amourachent et s’oublient au fil des ans.

    « C'est parce que, depuis mon retour à Ottawa, un fantôme ivre me suit dans la rue. Quand il m'interpelle, nous nous lançons aussitôt dans des conversations passionnantes. Je peine à le reconnaître quand il m'apparaît, et dès que je commence à distinguer mes propres traits sur son visage, il s'évanouit, me laissant seul avec mes arguments pourtant convaincants. c'est bien moi-même pourtant que je revois, mon sosie complètement soûl et débraillé. » (p. 73)

    « La veille de la bataille de Passchendaele, j’ai imité pour la dernière fois l’écriture d’Essiambre pour donner de ses nouvelles à Amalia Driscoll. » (p. 204)
     

  • Narrateur participant, Lusignan, qui est, tout au long du roman, en quête de son identité; personnages secondaires existant grâce et à travers les yeux du narrateur.

    « Amalia Driscoll est son nom. C'est grâce à elle que je sais tout d'Essiambre aujourdh'hui. Et je me félicite encore de lui avoir volé ce souvenir de femme dont il n'avait que faire. » (p. 103)

    « Encore ce matin, je me suis réveillé en pensant qu'elle me reviendra un jour, ou bien qu'elle me rappellera à ses côtés. Ça m'a mis de bonne humeur pour toute la journée.
    J'attends. J'ai le temps. » (p. 326)
     

  • Utilisation de procédés narratifs (p. ex., retour en arrière, télescopage, discours direct et indirect), contribuant à la complexité du roman.

    « Quand j’ai eu achevé de boire ma provision de vin de baies, il m’a dit : "Reviens avec moi à Ottawa, j’ai besoin de toi." Nous sommes sortis le lendemain à l'aube après avoir remisé le cercueil sous la galerie; on m'y mettra quand mon tour sera venu; Mathurin m'a promis qu'il m'immergerait lui-même dans le fleuve après. » (p. 265-266)

Langue

  • Utilisation de registres de langue différents selon les personnages, les lieux, les événements et l’époque où se déroule l’action.

    « Quand Anselme racontait ce qu’il faisait, il disait : "Pis là, papa braille pis moé je ris!" » (p. 148)

    « Heureusement, ils étaient encore plus ivres que moi, j’ai pu les semer aisément. » (p. 208)
     

  • Variété de structures syntaxiques, phrases complexes, figures de style (p. ex., ellipse, emphase, personnification) et nombreuses touches d’humour (parfois noir) caractérisant le style de l’auteur.

    « "Il a beau s'appeler Lucien, c'est pas une lumière", disait aussi le maquignon, qui avait fait deux mois de latin dans son jeune temps. » (p. 14)

    « …rien n’y a fait, j’ai été chassé comme un braconnier. » (p. 53)

    « Je ne fais jamais un pas dehors sans être accompagné de l'un d'eux, parfois le père Céleste, parfois le père Candide, souvent le père Fidèle, tous de braves apôtres qui parlent avec l'accent toulousain. » (p. 215)
     

  • Niveau de difficulté élevé pour le lectorat visé en raison, entre autres, des référents, de la complexité des phrases, de l'abondance des signes de ponctuation, des sauts dans le temps et dans l'espace, des descriptions et des lettres qui interrompent la chronologie de l'intrigue.

    « Elle a été servante dans de grandes maisons : pas seulement chez les Lamothe-Frémont, qui prenaient plaisir à corriger sa diction, chez les Atkins aussi, qui lui ont montré comment on fait le service à table et chez qui elle a appris un peu d’anglais. » (p. 153)
     

  • Vocabulaire riche (p. ex., kermesse, lancinante, guêtres, hérésie) et champs lexicaux touchant divers thèmes tels la guerre, l’amour, la sexualité, la mort et la maladie mentale.

Pistes d'exploitation

  • Inviter les élèves à produire, par écrit, un portrait du personnage principal ou de l’un des personnages secondaires du roman.
  • Demander aux élèves d'effectuer une courte recherche sur l’un des lieux présentés dans le roman (p. ex., le Château Laurier, la Côte-de-Sable, le quartier du Flatte d’Ottawa, Rideau Hall).
  • Préparer, en collaboration avec les élèves, une ligne du temps afin de maintenir le fil conducteur entre les différents événements et les principales péripéties du roman.

Conseils d'utilisation

  • Présenter le roman principalement aux élèves de 12e année de la filière préuniversitaire en raison des thèmes abordés et de la complexité de l'oeuvre.
  • Tenir compte du fait que certains des thèmes abordés, comme l’alcoolisme, la pauvreté, l’homosexualité et la maladie mentale, peuvent toucher le vécu de certaines et de certains élèves. Les accompagner au besoin.