- Deux personnages principaux, Léon et son ami Berthiaume (Bébert), deux adolescents de Nigelle, entourés de nombreux personnages secondaires parmi lesquels Élizabeth (Isabelle), leur protégée, et quelques individus plus inquiétants, dont Coralie Chouquet et Victor Boitel.
« Léon, plus petit, presque malingre, préférait émettre les idées de bons coups et d'équipées audacieuses, puis suivre son ami si Bébert les jugeait bonnes. Tout en lui donnant le goût de la révolte, la pauvreté avait enseigné au fils du garde-barrière la prudence en toutes choses. » (p. 12)
« Berthiaume éprouva un pincement au cœur en revoyant leur protégée. Décidément, il la trouvait plus jolie, avec ses lourds cheveux noirs et sa peau mate, que les filles de la ville, aux ternes cheveux châtains ou blond filasse. Malgré sa jupe maculée et son paletot usé, Isabelle avait le charme exotique et mystérieux d’une voyageuse de passage. Ses grands yeux sombres conféraient à son visage une vivacité extraordinaire. » (p. 50-51)
« La nouvelle propriétaire était vêtue de noir, comme si elle portait le deuil d’une parente ou d’une amie… ou d’elle-même. Sa chevelure de jais avait l’éclat et l’opulence de la maturité. Sans être de première jeunesse, son visage était lisse et dépourvu de rides. » (p. 76)
« Était-ce Victor Boitel? Il en avait le pressentiment.
Vêtu d’un pardessus sombre, un béret sur la tête, l’homme portait un sac à provisions. » (p. 95)
- Récit fantastique échelonné sur une semaine (du 8 au 15 mars 1936), suivant l’ordre chronologique, mais comptant des retours en arrière clarifiant notamment les actions des personnages; indications explicites fournissant des repères dans le temps et dans l’espace.
« Les idées de Berthiaume
10 mars 1936
Il ne pleuvait plus le lendemain, mais un vent froid soufflait dans les rues de Nigelle. » (p. 61)
« – Écoutez, voici ce que j’ai trouvé dans les journaux : le 26 décembre 1933, un peu avant une heure du matin, Stavisky et un complice quittent Paris en voiture. Les combines de l’escroc ont déjà englouti des fortunes… Le scandale les guette, ou pire. » (p. 99)
« Un peu plus tard, il fut neuf heures. […] Dix heures sonnaient aux clochers de Nigelle. » (p. 129-130)
- Narrateur omniscient racontant la courte aventure des deux héros, décrivant des lieux souvent peu accueillants dans lesquels évoluent des personnages parfois effrayants; séquences dialoguées dévoilant entre autres les desseins de ces derniers et les moyens qu’ils utilisent pour arriver à leurs fins.
« L'adolescent se penchait à l'avant de la barque, son regard essayant de percer la pénombre grandissante. À sa droite s'étendaient les jardins du faubourg de la Fuie. À sa gauche se dressait l'île de la scierie. Entre les rives resserrées, la rivière se précipitait en bruissant. On apercevait à peine les lumières des riches demeures du faubourg, perchées au sommet du coteau. Parfois, Bébert devait baisser la tête pour éviter le coup de griffe d'une branche traînant au ras de l'eau. Parfois, il repoussait d'un coup de gaffe un débris charrié par le courant. » (p. 7-8)
« – Bitte… articula soudain la jeune fille dans une langue étrangère. Je veux partir, madame. Laissez-moi…
– Ne bouge pas, Elisabeth, commanda l'artiste.
La voix implorante de la dénommée Elisabeth avait touché l'adolescent au cœur et le ton cassant de la peintre ranima tous ses soupçons. Non, ce n’était pas une simple bizarrerie d'artiste. Il assistait à quelque chose d'infiniment plus ténébreux. Mais il ne comprenait pas… » (p. 13-14)
« – C’est en ce mois que les deux qui sont morts ont été immolés pour nous. Il y a six siècles le Grand Maître et son dernier fidèle périssaient d’une mort inique, par la faute d’un roi félon qui savait que seul le feu les détruirait à jamais. […]
– C’est aussi en ce mois que les deux qui veillent depuis six siècles sont appelés à revivre. Ce soir, nous célébrerons la résurrection de ceux qui ont choisi de veiller sur nous et d’étendre leur protection à jamais sur le Prieuré. Ce soir, c’est à notre tour de les servir. » (p. 122-123)
- Thèmes (p. ex., fantastique, amitié) convenant au lectorat visé.
« – …Nous sommes dans une histoire où les tableaux parlent et les vieilles femmes changent de peau comme… comme les serpents. » (p. 97)
« Désormais, à chaque coup de pinceau, l’adolescent se sentait tiraillé, comme si c’était une partie de lui-même qui se déchirait et s’arrachait à son corps pour aboutir sur la toile.
Il commençait à oublier ce qu’il était venu faire dans cette cave quand Coralie se releva et changea de chevalet. » (p. 124-125)
« L’amitié est une magie fort ancienne, elle aussi, un alliage de la mémoire et de l’habitude.
L’amitié de Léon et Bébert sortit renforcée de ces quelques jours pendant lesquels ils affrontèrent l’inexplicable. » (p. 156-157)