- Deux personnages principaux, âgés de quatorze ans (Emmanuel Thériault et Manuel), dont les chemins s’entrecroisent en dépit de leurs conditions de vie et de leurs passés divergents; plusieurs personnages secondaires, certains dotés d’une ouverture culturelle (p. ex., Serge, Françoise et Marie-Laure Thériault, le padre Domingo), d’autres s’y opposant (p. ex., le señor Monterroso).
« Emmanuel possédait l’assurance des gens aisés. On avait veillé à éloigner les obstacles de sa route. Ainsi avait-il pu se développer, aller à l’école, faire du sport et des voyages. […]
Manuel, quant à lui, avait dû se battre chaque jour. Sans parents pour le protéger, il vivait sa vie comme un combat permanent. Il n’avait le temps ni de s’instruire, ni de se détendre, ni de découvrir l’univers. Il n’avait que celui de survivre. » (p. 107)
« Serge ne disait rien. […] L’amitié de son fils avec Manuel ne lui déplaisait pas du tout. Il trouvait même qu’Emmanuel avait fait preuve d’ouverture d’esprit en s’intéressant à lui et de détermination en l’invitant. » (p. 117)
« – J’ai eu la visite du señor Monterroso, le père de Dora, une de mes élèves. […] Il était furieux que l’école ait admis un Indien et, en plus, dans la classe de sa fille. Il a dit toutes sortes de sottises pour m’impressionner […] qu’il ne payait pas les frais d’une école privée pour que sa fille se retrouve avec des moins-que-rien. » (p. 185-186)
- Thèmes de l’amitié, de la pauvreté et de l’entraide, porteurs d’espoir dans leur ensemble.
« Depuis qu’il considérait Manuel comme son ami, Emmanuel brûlait d’envie de le rencontrer en dehors du marché. Il désirait voir où il habitait, connaître ses habitudes, savoir s’il entendait sonner la même église que lui et s’il voyait la lune de son lit. Toutes ces choses que seuls les amis partagent! » (p. 91)
« – Tu parlais de maisons cabossées tout à l’heure, poursuivit Emmanuel. C’est exactement ça. Elles sont toutes rapiécées avec n’importe quoi. Leur sol, c’est la terre. Elles n’ont pas de toilettes. Les gens qui habitent là se lavent comme ils peuvent. Au Canada, on n’y élèverait même pas des animaux! » (p. 118-119)
« – Au lieu d’aider un inconnu, nous pourrions payer les études de Manuel. Ce serait mieux puisque nous le connaissons. » (p. 134)
- Narratrice omnisciente présentant les réactions des personnages relativement à leurs nouveaux milieux et modes de vie.
« Avant de partir du Canada, Marie-Laure s’était souvent demandé si en vivant dans l’hémisphère sud on avait l’impression d’avoir la tête en bas. Depuis qu’elle était arrivée au Pérou, elle avait oublié ses inquiétudes. Et pourtant, les choses s’y trouvaient un peu à l’envers. » (p. 45)
« Le padre Domingo était un peu tendu lui aussi de pénétrer dans cette confortable maison. Il y avait si longtemps qu’il avait quitté son milieu aisé pour œuvrer dans les bidonvilles. » (p. 125)
« Plus le jeune garçon s’installait dans sa nouvelle existence, plus il mesurait le fossé qu’il était en train de franchir. Il pensait alors à tous ses amis restés dans son bidonville.
Et puis la vie de tous les jours, avec son courant et ses tourbillons, s’imposait et emportait toutes ses sombres réflexions. » (p. 173)
- Dialogues très nombreux permettant de suivre l’évolution des personnages principaux (p. ex., l’amitié entre Emmanuel et Manuel, l’éducation de ce dernier).
« – Que fais-tu là? demanda-t-il.
– Je cherche Manuel.
– Ah! Ne serais-tu pas son ami Emmanuel?
– Oui, señor.
– Je suis le padre Domingo, reprit l’homme. Manu m’a parlé de toi. Je me demandais si tu aurais le courage de venir. » (p. 94)
« – Je ne pourrais jamais vous rembourser, avait murmuré Manuel, un soir.
– Nous ne voulons pas que tu nous rembourses!
Après un silence riche d’émotion, Françoise avait repris :
– La chose qui nous ferait le plus plaisir, Manuel, serait que tu réussisses tes études. Ça, ce serait formidable! » (p. 172)
- Descriptions riches en détail, recréant avec vraisemblance des lieux parfois aisés (p. ex., le quartier de la famille Thériault), parfois défavorisés (p. ex., un bidonville) d’Arequipa, au Pérou.
« L’expression n’était pas trop forte pour découvrir une maison aussi vaste. C’était une bâtisse blanche au milieu d’un grand jardin. Elle était construite avec les pierres de la région, bien sûr.
Après avoir fureté au rez-de-chaussée, Françoise et les enfants gravirent l’imposant escalier qui menait à l’étage. La rampe en bois dessinait une courbe harmonieuse. […] L’escalier débouchait sur un grand palier éclairé par une verrière. Six chambres et deux salles de bain s’ouvraient sur cet espace. » (p. 27-28)
« …ce fut un choc, un choc énorme. Des images, des odeurs, des bruits agressèrent Françoise. La femme, pas encore vieille, mais plus tout à fait jeune, qui transportait ses deux seaux d’eau… Les relents se dégageant des eaux usées que chacun jetait dans la rue… Un chien aux côtes saillantes qui errait de détritus en détritus à la recherche d’une maigre pitance… » (p. 179)
- Quelques photos en noir et blanc qui représentent certains lieux réels mentionnés dans l'histoire.