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Anatomie de la fiche Anatomie interactive
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2ABC Démolition

Au centre d'un village qui se meurt, une enseignante s'est barricadée à l'intérieur de l'école, une ceinture de dynamite autour du ventre. Elle tente d'empêcher que « son » école soit démolie. Ironie, c'est le démolisseur, Jeff, qui tente de la dissuader de tout faire sauter.

Entre les deux, un jeu de lettres qui tient lieu de compte à rebours…

(Tiré de la quatrième de couverture du livre.)

3 À propos du livre

Contenu

  • Drame en un acte s'échelonnant sur une journée, mais comptant de nombreux retours dans le passé; action se déroulant dans la bibliothèque d'une école primaire abandonnée.
  • Deux personnages présents en scène, Jeff Roy et Lara Laplante; mention d'un troisième personnage important, mais décédé, Nick Romanchuck, ancien amoureux de Lara et ami de Jeff.

    « JEFF
    Oui, oui. Je viens d'une mauvaise famille, les Roy, la famille sale que tout le monde haïssait, haït toujours. Nick, lui, il était tout le contraire de moi. Il avait tout. Une bonne famille, les Romanchuck : un papa avocat, une maman infirmière. Des Anglais, mais qui envoyaient leur fils à l'école française parce qu'ils étaient des catholiques… C'était moi le meilleur ami de Nick. Moi, le pouilleux, j'étais son meilleur ami. Depuis la première année. » (p. 26)

    « LARA
    […] Enseigner, c'est une vocation. C'est ma vocation. C'est ma voie, ma seule et unique voie. J'ai tout donné pour les enfants du village. Tout. Je veux les revoir, les enfants du village, dans leur école, souriant à leur pupitre. » (p. 44-45)
     

  • Dialogue constitué de nombreuses répliques, de longueurs variées, empruntant souvent le ton de monologues intérieurs et permettant aux personnages de révéler leurs pensées, leurs intentions et certains enjeux personnels; quelques didascalies en italique indiquant des gestes, des silences ou des pauses.

    « LARA
    Ma vie est ici.
    JEFF
    Ton combat, c'est pas ta vie.
    LARA
    Mon combat donne un sens à ma vie.
    JEFF
    La vie a pas de sens. » (p. 39)

    « LARA
    Je suis laide! Une laideronne! Je suis moche! Repoussante, répugnante! Indésirable! Je. Je ne suis plus désirable. Je suis… juste une femme aigrie qui intimide les hommes. Une harpie. Je. Personne ne peut plus m'aimer parce que j'ai donné tout mon amour quand j'étais jeune à un garçon qui a été abattu par les forces de l'ordre. C'est pour lui que je suis devenue enseignante. Pour lui. » (p. 50-51)

    « JEFF
    […] Mais, moi, on m'a jamais aimé. Pour mes parents, j'étais un feu qu'il fallait éteindre. À force d'être battu, j'ai appris à éteindre moi-même la p'tite flamme en dedans, sans l'aide de personne. » (p. 67)

    « Long temps. Le regard comme tourné vers l'intérieur, elle se met à respirer bruyamment. Sa main tremble. Finalement, elle laisse tomber le déclencheur. » (p. 88)
     

  • Jeu d'épellation présenté dans l'ordre alphabétique, permettant de connaître certains événements passés qui expliquent les blessures morales des personnages et contribuant au déroulement de l'intrigue.

    « LARA
    Nous sommes à la lettre E.
    JEFF
    École?
    LARA
    École.
    JEFF
    Trop facile. E accent aigu-C-O-L-E. Ce mot-là est gravé dans mon cerveau. Je suis sûr que si jamais on m'opérait dans la tête, on trouverait le mot école imprimé directement sur la matière grise. Noir sur gris. Charbon sur de la cendre. Une brûlure. Mais qui brûle plus. J'ai appris dans la rue que tout ce que j'avais appris icitte, à l'école Sainte-Gertrude, ça valait rien. C'était du vent, de l'encens, une sorte de religion. Mais je suis plus croyant. » (p. 36-37)

    « JEFF
    Yoyo. Y-O-Y-O. Monter pis descendre. Comme un yoyo. Avancer. Reculer. Retourner à la même place. Dans le dépanneur. Chez Rhéal. Deux personnages pognés dans un engrenage. Moi pis lui.
    […]
    LARA
    Je suis seule, maintenant. Vide. Tu m'as vidée de tout espoir. C'est moi le zéro. Moi. Zéro. Sur toute la ligne. Nicolas ne m'aimait pas. Et l'école ne sera pas sauvée de la démolition. Et les gens dehors m'ont abandonnée à ma folie. Ils ne sont pas intervenus. Ils n'interviendront pas. Ils attendent que ça saute pour filmer l'explosion avec leurs téléphones cellulaires. Ça fera une petite séquence vidéo insignifiante qui fera le tour de la planète. » (p. 86-87)

Langue

  • Registres de langue le plus souvent courant, quelquefois familier et parfois vulgaire, s'entremêlant tout au long du texte et contribuant à la vraisemblance des personnages ayant des niveaux de scolarité différents. .

    « LARA
    Des lâches! Tous des lâches! Ils n'ont même pas jeté un coup d'œil à ma pétition. Assis autour de leur belle grande table, ils ont voté pour la démolition : la main levée, mais la tête baissée pour éviter de croiser mon regard. Comme des mauvais élèves pris en faute. » (p. 16)

    « JEFF
    […] Il parlait calmement. Il expliquait qu'y avait pas beaucoup d'argent dans la caisse, que ça valait pas la peine, qu'on devrait abandonner, qu'il oublierait tout. Pis Nick y a sacré une claque sur le bord de la tête. Il l'a poussé par terre. Pis, oui. C'est ça. C'est à ce moment-là qu'il a sorti son fusil. Il a poussé le canon dans la face du gros Rhéal, qui s'est mis à chialer comme un porc qu'on serait sur le point d'égorger… » (p. 33)

    « JEFF
    Bah! J'étais rien qu'un adolescent. Ça peut croire à n'importe quoi, un adolescent. Surtout quand ça pense avec ses gosses. » (p. 40)
     

  • Procédés linguistiques et stylistiques variés (p. ex., répétition, anaphore, jeu de mots, comparaison, prosopopée, phrase nominale) allégeant parfois le texte ou reflétant l'entêtement et la résistance des personnages.

    « LARA
    Ça veut dire renoncer.
    JEFF
    Ça veut dire être raisonnable.
    LARA
    Ça veut dire ne pas dire non, accepter, se soumettre au pouvoir de l'autre, de celui qui décide. Mais c'est moi qui veux décider, une fois au moins. Décider pour moi et pour les autres, pour l'avenir. » (p. 10)

    « JEFF
    Oui, on se fait aller les babines pour passer le temps.
    LARA
    Bavard.
    JEFF
    Baveux, oui. » (p. 12)

    « JEFF
    Le monde a peur de toi, c'est sûr. Tout le village t'a vue tantôt dans la fenêtre crier comme une enragée. » (p. 13)

    « LARA
    Les arbres dansent autour de nous en applaudissant. » (p. 61)

    « LARA
    C'est mon combat, pas le tien. Ma lutte. Ma défaite. Mon martyre. Mon sacrifice. » (p. 87)
     

  • Champs lexicaux et sémantiques liés à l'éducation, à la lutte et au mal de vivre reflétant les principaux thèmes de l'œuvre.

    « LARA
    [….] Les enfants d'hier. Les enfants de demain. Ici. Dans cette école. Ils sont là. Dans cette bibliothèque. Je vois leurs sourires. Je vois leurs yeux grands ouverts sur des pages de savoir. Ils lisent. Ils s'ouvrent l'esprit. Ils rêvent. Ils apprennent à lire et à compter. À écrire. Ils écrivent de magnifiques histoires. Il était une fois. Il était une fois. » (p. 51)

    « LARA
    […] Puis tu es arrivé pour démolir ce qui était abandonné. Puis un bon matin, j'en ai eu assez de me laisser faire. Je me suis levée. J'ai ouvert la bouche. J'ai crié. J'ai fait bouger les gens. J'ai réveillé le monde. » (p. 68)

    « JEFF
    Toi pis moi, Lara, on est des morts-vivants. Des zombies qui marchent parmi les vivants comme si de rien n'était. Mais c'est mort en dedans. C'est mort depuis ben longtemps. Depuis Nick dans le dépanneur. Bang! Bang! Bang! Moi, je suis mort ce soir-là. Pis c'est Nick qui est resté en vie… Toi aussi, comme moi, t'es morte. » (p. 90-91)

Référent(s) culturel(s)

  • Allusions à l'éducation en langue française en Ontario (p. ex., école Sainte-Gertrude) et aux revendications pour conserver des écoles dans des milieux francophones éloignés.

 

Pistes d'exploitation

  • Inviter les élèves à présenter oralement une comparaison entre la lutte de Lara et celle de personnages franco-ontariens importants du XXe siècle (p. ex., Gisèle Lalonde, Béatrice Desloges).
  • Demander aux élèves de commenter les propos de Jeff : « Je pensais qu'un livre, c'était une prison. Qu'ouvrir un livre, c'était s'enfermer dans un monde qui existait pas. » (p. 47)
  • Proposer aux élèves de participer à une discussion ou à une table ronde sur les types de luttes (p. ex, manifestation pacifique, désobéissance civile, acte de terrorisme) ainsi que sur leur efficacité et leurs effets; les inviter à réfléchir aux limites d'une lutte comme celle de Lara, qui met sa vie en jeu.
  • Demander aux élèves de relever, en cours de lecture, certains énoncés qui portent à réflexion (p. ex., S'il n'y a plus d'école, il n'y a plus de village. Pourquoi trois coups de feu pour l'abattre?).

Conseils d'utilisation

  • Avant la lecture, revoir les connaissances antérieures des élèves au sujet des registres de langue et de leur emploi au théâtre.
  • Animer des discussions sur certains sujets délicats abordés dans l'œuvre (p. ex., choix du personnage principal d'utiliser une méthode kamikaze pour arriver à ses fins; amitié entre personnes de classes sociales différentes, violence policière à l'égard des jeunes contrevenants).
  • Prévoir du temps de discussion au sujet des énoncés portant à réflexion relevés par les élèves en cours de lecture.

Ressource(s) additionnelle(s)

  • IDÉLLO.org, ressources éducatives en ligne, 7e à 12e année, Série : Identité 2.0, divers épisodes.