Fiche descriptive
Les écrivains sont des menteurs, tout le monde le sait. C'est pour cela que nous les aimons. Le temps d'une histoire, ils font de nous leurs complices, et notre récompense, à la fin, c'est d'y avoir cru. Car il y a plusieurs sortes de mensonges, et ceux de la fiction sont parfois les plus vrais....et autres petits mensonges
Aperçu
Dans la foulée de Vraies Histoires Fausses, un recueil de textes brefs, autant de petits voyages avec des personnages interpelés par les souvenirs, l'écriture, la mort ou les montres, tant dans les univers de l'imaginaire que dans le nôtre. Mais, on vous le garantit, ils existent tous vraiment - et même le nôtre.
(Adapté de la quatrième de couverture du livre.)Contenu
« L’autre jour, j’ai rencontré une maison. Elle allait son petit chemin, sans déranger personne, bien tranquille sur son trottoir. Légèrement penchée dans le sens de la marche, pensive sous son toit de tuiles rouges un peu délavées, elle allait, fenêtres mi-closes, avec ses rideaux de dentelle blanche qui ondulaient dans la brise encore très douce. » (p. 55)
« Ce n’était pas le soleil qui l’avait tué, qui le tuerait. C’était l’atmosphère, cette zone invisible et mortelle où il allait brûler, brève étoile filante. C’était le retour. Mais pendant tout le voyage vers la lumière, il avait vécu son rêve, longuement, un instant infiniment étiré. Et même s’il était revenu indemne, que lui serait-il resté à rêver, à désirer? » (p. 132)
« Elle arrive en haut de la côte. Le cœur lui cogne un peu dans la poitrine. Encore un coup de pédale ou deux, et après, c’est la belle grande descente et ses courbes lentes entre les vagues de blés. […]
Elle file, pédales bloquées, mains en haut du guidon. » (p. 15)
« Le voilà. C’est lui. Edmond. Même son prénom vieillot, un peu ridicule, le lui a rendu encore plus cher lorsqu’elle l’a enfin appris. Il saute sur la terrasse; il entre dans le café, zigzague entre les tables. » (p. 21)
« Ce qui nous appelle est plus urgent, plus inéluctable, ce sang chaud des vivants qui bat sur le promontoire, éperon du rivage, ce sang, soleil ardent qui nous rendra la vie pour un instant, un instant, jusqu’au jaillissement de l’autre soleil autrement cruel - par ce qu’il nous dérobe, à jamais. » (p. 85)
« La nuit respire. Elle a pris corps : son encre dans mes veines, ses aiguilles dans ma poitrine, derrière mes paupières la dentelle phosphorescente de ses fractales organiques. » (p. 113)
« Un mur en damier, et je suis une pièce. Laquelle? J’y suis, en tout cas, et c’est à mon tour de me déplacer. Me déplacer? Est-ce donc de ma propre volonté? » (p. 41)
« Il se surprend à répéter intérieurement Éteindre la nuit des lampes et soudain, pendant un très court instant, il lui semble voir quelque chose. Ou toucher, sentir, goûter, il ne sait, cela lui échappe dès qu’il essaie de le penser, les mots tuent l’image, ou la sensation, ou ce qui l’a envahi pendant cet éclair fugace. » (p. 60)
« Dans la rue, tous les réverbères sont éteints. Sauf un. Juste en dessous se tient une silhouette informe. Ce pourrait être un sac de poubelle mais c’est trop irrégulier. Plutôt un tas de vieux habits qu’on a jetés sur d’autres déchets. Ça remue par instants, un léger tremblement qui se propage dans tout le tas. » (p. 103)
« À une petite table pour deux personnes, périphérique, loin du relatif confort de la banquette. Des mois à le regarder arriver, […] saluer à la ronde, se laisser tomber sur sa chaise, échanger deux ou trois phrases anodines avec ses copains déjà là, accepter des mains du patron la commande qu’il n’a jamais à formuler… » (p. 20)
« À l’extrémité de la rue, une silhouette difforme se dessine. Elle avance d’un pas traînant, en tanguant un peu. Elle pousse devant elle un panier métallique rempli de choses obscures. Les roues grincent. » (p. 103-104)
« Comme si les rêves n’existaient pas, dans ce royaume jamais conquis entre deux mondes. Comme s’ils n’étaient pas la voix de quelqu’un, de quelque chose, qui essaie de traverser.
Elles sortaient de la mer. Une mer océane, grise et verte, aux puissantes ondulations de verre mouvant. Pas de vent, pas d’écume, seul ce souffle, et le lent battement cardiaque du ressac. » (p. 91)Langue
« Et ce soir encore, comme tous les soirs, le grand ciel douloureux se tord au-dessus de ma ville obscure, où il faudrait se réveiller avant le souvenir de son propre visage. » (p. 48)
« La rage destructrice - l’égoïsme et l’indifférence, amuïssements amusements du moi-moi-moi jamais satisfait ça t’y satis, Satie fait dur. » (p. 71)
« Mais elle, elle se rappelle. Elle se rappelle ses longues lectures, couchée sur ce banc, avec le chien sur le ventre en guise d’appui-livres. » (p. 17)
« LE PREMIER PLAISIR, c’est d’imaginer. Paresseusement, lorsque l’idée lui vient comme un caprice, alors qu’elle attend une heure décente pour se lever en regardant l’aube griser les rideaux. » (p. 31)
« Et maintenant il est parti et je suis là, dans ma vie. D’autres partiront, que j’aimerai aussi, je le sais. Je les perdrai, l’un après l’autre. » (p. 120)
« JE L’AI SUIVI. Je l’ai suivi toute une journée, je l’ai suivi toute une nuit. » (p. 45)
« Dans notre danse à travers les univers, une fois sur la scène, une planète ou une autre, peu importe, c’est moi la limaille de fer, elle l’aimant. Et plus j’approche et plus je tombe vers elle, et plus elle s’accroche, secrètement, pour ne pas tomber à ma rencontre. » (p. 53)
« La nuit tourne autour de moi. Je ne l’entends pas. Pas encore. Ses doigts seuls sur ma peau, une chair absente, mais sa promesse : plus de dents que de sourire, plus de griffes que de douceur, et pourtant la tendresse avare de ses confidences. » (p. 112)Pistes d'exploitation
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